Dom Juan, scène d'exposition
Commentaire de texte : Dom Juan, scène d'exposition. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dchappes • 21 Janvier 2016 • Commentaire de texte • 1 389 Mots (6 Pages) • 1 989 Vues
Introduction
Le texte étudié est un extrait de la scène d’exposition de Dom Juan de Molière. Molière, auteur de nombreuses pièces de théâtre au XVIIe siècle est classé parmi les représentants du Classicisme. Le Classicisme se caractérise par l’importance donnée à la clarté, la raison, la mesure, les codes de la morale, ainsi que l’imitation des Anciens et la référence fréquente à l’Antiquité. Molière choisit de représenter la morale sur scène non par le biais de la tragédie, considérée comme le genre noble par les Classiques, mais par celui de la comédie, qui permet de faire rire tout en critiquant les mœurs de son temps. Dom Juan, qui est joué pour la première fois en 1665, est néanmoins une pièce d’un genre hybride, une tragi-comédie, qui fait plus d’une entorse aux règles classiques. Ainsi nous verrons comment le tout début de cette pièce met en exergue le caractère provocateur de Dom Juan.
+ Annonce de plan
I. UN PROLOGUE SURPRENANT
1. Qui s’écarte des règles de la scène d’exposition
Ce début de pièce s’écarte délibérément des règles de la scène d’exposition classique qui doit informer sur :
- l’identité des personnages ;
- les éléments de l’action ;
- le lieu et le moment.
C’est d’ailleurs ce que fera Sganarelle à la suite de son éloge du tabac en disant : « Mais c’est assez de cette matière. Reprenons un peu notre discours ». Le valet soulèvera là le caractère malvenu de son propos avant d’amorcer l’exposition proprement dite. Le spectateur apprendra alors l’identité des deux interlocuteurs et les éléments de l’intrigue qui oppose la maîtresse de Gusman au maître de Sganarelle dont il fera ensuite un portrait accusateur.
2. Mais qui éveille la curiosité du spectateur
Cette ouverture provoque en effet la surprise, elle est originale par plusieurs aspects :
- Le thème du tabac qui n’a apparemment aucun rapport avec la pièce qu’il introduit.
- Le personnage de Sganarelle. C’est un valet, or habituellement ce type de personnage est grossier, sans culture. Ici, il ouvre la pièce dans une tirade aux apparences savantes.
- Un ton décalé qui réside dans l’éloge d’un produit qui n’en est pas digne.
On peut alors s’interroger sur le sens de cet éloge liminaire qui n’a apparemment aucun rapport avec la pièce qu’il introduit.
II. UN DISCOURS BURLESQUE
Molière confie les premiers et derniers mots de sa pièce au valet dont il interprétait le rôle, comme s’il voulait revendiquer l’appartenance de Dom Juan au genre de la comédie. Ce prologue exploite en effet plusieurs procédés comiques, à commencer par la forme de l’éloge paradoxal.
1. L’éloge paradoxal
Cette forme d’éloge (Rappel : l’éloge est un discours argumentatif, qui consiste à vanter les mérites d’un individu ou autre et qui appartient au registre épidictique, de même que le blâme) est hérité de l’humanisme. C’est un exercice de style, une plaisanterie de lettrés consistant à louer ironiquement un objet discrédité ou trivial. (Exemple : Erasme, L’Eloge de la folie, 1511)
Cet éloge place la scène dans un registre comique, et est lui-même comique à plus d’un titre. Il débute avec une référence à la philosophie antique totalement absurde et farfelue, car ce n’est pas un sujet digne de l’intérêt d’un philosophe, d’autant que le tabac n’y était pas consommé. « Quoique puisse dire Aristote et toute la philosophie … ». Il s’agit donc pour Sganarelle de se donner un air savant et érudit alors même qu’il invente ses références et trahit par là son manque de culture.
Ces références faussement savantes se poursuivent par des allusions à la médecine (« [Il] purge les cerveaux humains ») et à la morale soulignée par les termes « honnêtes gens », « digne », « vertu », « honnête homme », « sentiments d’honneur et de vertu ». Ces deux portées médicales et morales du tabac semblent aussi farfelues que l’allusion aux philosophes antiques et donnent ainsi le ton de la parodie burlesque.
Celle-ci est d’ailleurs renforcée par la construction rhétorique et l’éloquence de l’argumentation qui contrastent avec le sujet évoqué.
2. La parodie d’un discours argumentatif
Sganarelle
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