Dissertation sur l'intérêt des personnages

Bergeon Hippolyte                                                                                                                  1S1

Dissertation de français : L’intérêt que nous portons à un personnage de roman tient-il exclusivement aux aventures qu’il vit ?

  Ces derniers siècles, le roman a beaucoup évolué. Robbe-Grillet disait d’ailleurs « Chaque romancier, chaque roman doit inventer sa propre forme », renforçant alors cette idée de façonnage du roman dans le temps. Historiquement, les personnages de roman ont d’abord été rattachés à une image de baroudeurs, surmontant moultes péripéties pour atteindre leur but. On dénote d’ailleurs dans le langage courant l’utilisation de l’adjectif romanesque pour parler de situations ou personnages extraordinaires. Cependant, certains romanciers ont préféré donner à leurs protagonistes une existence banale en évitant tout évènement extraordinaire.

Faut-il donc privilégier uniquement l’engouement que suscite un personnage de par ses exploits ?

Il est vrai que les aventures vécues par un personnage lui donnent un certain attrait mais il est aussi possible de s’attacher à un personnage ne vivant pas d’actions exceptionnelles. En réalité, un savant mélange de ces deux possibilités semble être lui aussi une solution convenable.

   Un personnage peut tirer son intérêt des aventures qu’il vit. Certains romans rendent leurs personnages captivants grâce aux aventures et à l’imagination qu’ils procurent. En effet, beaucoup sont les romans basé en majorité sur les péripéties. On se souvient de leurs personnages comme des héros ou anti-héros marquants, œuvrant pour un but. C’est par exemple le cas de Don Quichotte de Miguel de Cervantes dans lequel on suit les aventures rocambolesques  de Don Quichotte de la Mancha, un homme âgé se prenant pour un réel chevalier, et de Sancho Panza, son fidèle écuyer. On est véritablement séduit par les aventures du personnage toutes plus incongrues les unes que les autres, donnant à Don Quichotte un véritable charisme qui l’a rendu connu à travers le monde entier. On retrouve cette même idée dans les romans de cape et d’épée chez Alexandre Dumas par exemple avec Les Trois Mousquetaires. D’Artagnan, d’aventures en aventures, se forge une histoire.

   Les aventures que vit le personnage permettent aussi de s’y identifier: dans la vie, le lien s’établit plus facilement avec celui qui nous ressemble, (ne dit-on pas «Qui se ressemble s’assemble» ?) Ainsi, si le lecteur partage la vision du monde et les valeurs du personnages à travers ses péripéties, alors il s’y intéresse. On peut par exemple citer Hunger Games de Suzanne Collins dans lequel on s’identifie à Katniss Everdeen, une jeune femme de dix-huit ans qui doit se battre pour survivre; on a parfois l’impression de vivre des instants à sa place, de faire les mêmes décisions qu’elle.

  D’autres romanciers jouent sur les sentiments et les émotions pour rendre leur personnage important. Le roman narre les victoires et les défaites du personnage dans un roman d’apprentissage. C’est le cas d’Hector Malot dans Sans Famille où l’on suit Rémi, un enfant accablé par une série d’épreuves malheureuses. Il endure toutes sortes de difficultés qui nous font ressentir une profonde tristesse et compassion envers lui. Le personnage subit un voyage initiatique fait de malheurs mais qui lui permettra d’accomplir son destin heureux qui est de rejoindre sa famille aisée. On prouve donc bien ici que les aventures sont une source sûre d’intérêt envers les personnages qui les vivent.                    

  Néanmoins, certains courants artistiques ont repoussé cette idée de personnage fait d’aventures. Dans ces romans « banals » , le personnage évolue dans une société et un monde plus réalistes, mais ne rendant pas le personnage moins intéressant pour autant. Au contraire, on s’intéresse ici directement à la psychologie du personnage et non pas à ses épopées.

  D’abord, un personnage peut se démarquer par son caractère. Pourquoi rechercher de l’aventure quand on peut avoir toute la richesse du personnage dans sa pensée ? C’est cette idée que reprend Louis-Ferdinand Céline dans le début de Voyage au bout de la nuit. En effet, Bardamu est un carabin sans histoire mais ayant des idées catégoriques. Il est révolté contre sa société, véhément, familier, contempteur… l’anti héros par excellence. C’est un personnage ne pouvant laisser personne indifférent, il tire son intérêt de l’identification ou non qu’on se fait de lui.

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