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Dissertation semi rédigée _ Boileau et la violence au théâtre

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Par   •  23 Mai 2018  •  Dissertation  •  1 397 Mots (6 Pages)  •  1 277 Vues

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Sujet de dissertation : Boileau dans l’Art poétique : « mais il est des objets que l’art judicieux doit offrir à l’oreille et reculer des yeux. » Vous commenterez la position de Boileau qui pense que les actions violentes ne doivent pas être présentes sur scène.

De l’Antiquité à nos jours, le théâtre est un art de conventions plus ou moins rigides et de classification complexe qui a suscité au fil des siècles, bien des polémiques. Après la « querelle » du Cid (1636), qui opposa partisans d’un théâtre réglementé et tenants d’une création en liberté, s’est constitué un corps de règles explicitées en 1674 dans l’Art poétique de Nicolas Boileau. Ce dernier affirme qu’ « il est des objets que l’art judicieux doit offrir à l’oreille et reculer des yeux. » Partant de là, dans quelles mesures les actions violentes ne doivent pas être présentes sur scène ? Aussi verrons-nous d'abord que la violence peut être suggérée pour ne pas choquer ; puis  que le théâtre a parfois besoin de montrer la violence pour accéder au « sublime ». Enfin, nous soulignerons que le théâtre n’a pas la seule vocation d’exprimer ou représenter la violence.

I. La violence doit être suggérée plutôt que montrer pour ne pas choquer.

A. Au XVIIè s, le théâtre obéit aux règles définies par Nicolas Boileau inspiré d'Aristote, dont celle de la bienséance. D’abord, il est question d’édifier le spectateur, de « purger » ses passions par le spectacle de situations exemplaires, vraisemblables plus que vraies, dont il tirera leçon au dénouement. On a le souci de ne pas choquer le spectateur afin de ne pas heurter la morale établie. Ainsi, par exemple, ne voit-on pas de sang couler dans Le Cid de Pierre Corneille. Il est en revanche très souvent évoqué par les mots : « Sire, mon père est mort ; mes yeux ont vu son sang /Couler à gros bouillons de son généreux flanc » (II ,8). Il est vrai que cette image « offerte à l’oreille » peut s’avérer tout aussi efficace dans l’horreur que si elle était montrée ! De même, l’exagération épique de certains récits de bataille fait son effet ! ex : la bataille du Cid ou l’ultime combat d’Hippolyte contre le dragon dans Phèdre de Racine.

B. Ensuite, les héros de tragédies, en proie à des douleurs atroces, à des dilemmes terribles affichent une violence psychologique. Ce sont leurs passions qui font l’action et par la même la violence et vice versa. L’amour, « la flamme si noire » de Phèdre déchaîne le personne et la consume avec fureur. De même dans Andromaque du même Racine, le roi de Pyrrhus se livre-t-il à un odieux chantage en  menaçant Andromaque de tuer son fils si cette dernière ne l'épouse pas! Donc, la violence d'un personnage tragique est bien sur scène .

  1. Enfin, il est des situations d’une violence extrême comme la mort d’un personnage que la morale et la bienséance considèrent de manière noble lorsqu’il s’agit d’un suicide. En effet, c'était une action consacrée chez les Romains et les Grecs. Considéré comme un acte de courage, signe de l'élection héroïque et tragique, le suicide a beau être condamné par la morale chrétienne, il a une place d'honneur sur le théâtre. Aussi la mort parlée de Phèdre est-elle nécessaire et pathétique. De plus, cette dernière est placée à la fin de la pièce pour que le cadavre ne reste pas trop longtemps sous les yeux du public.

II. La violence doit être représentée. Elle a du sens sur scène pour accéder au « sublime ».

A. D’abord, on assiste à une révolution théâtrale. Au XIX siècle, ère des révolutions et des bouleversements politiques et sociaux, le théâtre est un champ d’expérimentation esthétique et de bataille idéologique. Les écrivains romantiques, Hugo en tête, dans sa préface de Cromwell, en 1827, veulent renouveler l’écriture et la représentation théâtrales pour donner au genre une portée politique et sociale en en faire l’expression de la modernité conflictuelle. Ainsi la « bataille » qui oppose les partisans du romantisme aux tenants du classicisme le soir de la première représentation d’Hernani montre la violence des débats. Le drame se libère des contraintes de la tragédie classique, assimilée à un carcan démodé. Les auteurs jugent notamment artificielles et rigides les unités de temps et de lieu. Ex : Cyrano de Bergerac de Rostand. Est privilégié le « spectaculaire ». Puisque le drame romantique se veut un miroir du monde et de la nature humaine, le tragique doit y côtoyer le comique, comme dans la vie. Le mélange des genres et des registres est donc pratiqué autant que l’alliance du vocabulaire noble et trivial ce que Hugo appelle le « grotesque » et le « sublime ».

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