Dissertation Argumentation directe ou indirecte

Dissertation[pic 1]

        De tout temps, les écrivains ont cherché à dénoncer les travers d’une société imparfaite mais néanmoins corrigible. Pour ce faire, ceux-ci usèrent de méthodes très diverses et plus efficaces les unes que les autres dans l’objectif commun de mettre en valeur les défauts de la société humaine. Il est d’usage à notre époque de passer par l’argumentation directe, défense explicite d’une thèse, pour critiquer le corps social; par l’intermédiaire par exemple de discours, de maximes, de pamphlets, de lettres, d’oraisons ou d’essais. Ces supports variés, considérés comme les meilleurs pour convaincre, autrement dit de faire appel à la raison du destinataire pout obtenir son adhésion réfléchie, ne le furent pas toujours. Il est, en effet, parfois intéressant de recourir à des mensonges pour transmettre certaines vérités : l’argumentation indirecte, argumentation implicite qui use de détours et masque la thèse et ses arguments, et plus précisément l’apologue; par le biais par exemples de fables, de romans, de pièces de théâtre ou encore de contes philosophiques; étant les meilleurs moyens pour persuader, ou faire appel aux émotions du destinataire afin d’obtenir son adhésion affective. Ainsi, il serait intéressant de se demander si l’argumentation indirecte est préférable à l’argumentation directe lorsqu’on veut critiquer l’homme et la société. Une première partie permettra d’étudier les limites de l’argumentation indirecte, puis, dans une seconde partie, les atouts incontestables de cette-dernière seront analysés.

        L’argumentation indirecte ne semble pas toujours être le moyen le plus efficace pour faire la critique de la société. En effet, l’argumentation directe qui expose sa thèse explicitement, exprime ses idées sans les masquer, les arguments sont donc clairs et limpides aux yeux du destinataire, ce qui parait indispensable pour le convaincre. De plus, cela permet à l’auteur de dévoiler clairement sa prise de position. Dans J’accuse d’Émile Zola, par exemple, ce-dernier prend parti pour Dreyfus qu’il défend sans masquer son opinion. L’auteur ici montre clairement et concrètement ce pour quoi il le défend et pourquoi il faut le soutenir en relatant les faits et en les explicitant afin de délibérer sur le sort qui devrait l’attendre selon lui : la grace.

        En outre, il est évident que nombre de discours percutant jouèrent un rôle  clés durant l’histoire vis-à-vis de décisions majeures ou de situations critiques. Les discours prononcés devant une assemblée sont, sans nul doute bien plus efficaces que certains apologues. Les Catilinaires de Cicéron représentent parfaitement l’enjeu d’un discours efficace puisqu’en 63 avant JC la situation économique de Rome et de ses citoyens les plus aisés, les patriciens à qui l’on a retiré leurs terres afin de les redistribuer au peuple entier et dont Catilina représente le mécontentement; est critique. Catilina, homme politique romain entreprît donc une conjuration contre les dirigeants de son gouvernement pour rétablir l’ordre et les privilèges des patriciens. Les quatre discours débutant par l’apostrophe sous forme de question rhétorique de Cicéron à Catilina qui reste encore célèbre de nos jours : « Jusques à quand abuseras-tu de notre patience, Catilina ? Combien de temps encore serons-nous ainsi le jouet de ta fureur ? Où s'arrêteront les emportements de cette audace effrénée ? » sont l’exemple parfait pour montrer dans quelle mesure il est important d’user de discours pour toucher efficacement son auditoire et le convaincre. Et effectivement, cet épisode s’achève sur le jugement en défaveur de Catilina.

        Les essais et les traités qui abordent de multiples sujets politiques, sociaux, philosophiques et religieux, quant à eux, se prêtent à l’examen méthodique et didactique d’une notion. Leurs auteurs examinent précisément tous les différents aspects d’une notion et étayent leur thèse personnellement ou objectivement et exhaustivement tout en essayant d’en tirer un enseignement et de le transmettre. Il est nécessaire, ici, de citer Le traité sur la tolérance de Voltaire qui vise la réhabilitation de Jean Calas, protestant faussement accusé et exécuté pour avoir assassiné son fils afin d'éviter que ce dernier ne se convertisse au catholicisme et dans lequel il exprime sa thèse, en étudie tous les aspects, l’applique à cet exemple et en tire une conclusion argumentée.

        Une adresse directe eu destinataire permet au lecteur de recevoir plus aisément le propos de l’auteur, elle lui permet de se sentir d’avantage concerné. Les procédés oratoire tel que les questions rhétorique, l’éloquence du locuteur, les apostrophes ou autres procédés stylistiques mettent en valeur le propos et cerne le personnage visé en lui faisant passer un message clair. Apologie ou satire, louanges ou railleries, les genres épidictiques sont très anciens et correspondent d'abord à des catégories très formalisées, inscrites dans les canons de la rhétorique ancienne. Il s'agit toujours dans ces discours publics de l'éducation morale des citoyens : par les plus hauts exemples de vertu ou de vice, en ne ménageant pas les effets d'amplification, l'orateur s'inscrit dans un édifice de valeurs auxquels chacun est invité à souscrire. Les réquisitoires ou les plaidoiries tel que le réquisitoire de Victor Hugo dans la préface de Le dernier jour d'un condamné écrit en 1832, qui comprend une forte implication de l'auditoire à convaincre d'un sujet considéré comme coupable, qui emploie un vocabulaire péjoratif, qui utilise un registre polémique, qui se sert d’interrogations oratoires, d’injonctions, d’exclamations exprimant la colère,

...