Céline, Voyage au bout de la nuit
Cours : Céline, Voyage au bout de la nuit. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar enzo65150 • 3 Février 2018 • Cours • 1 722 Mots (7 Pages) • 951 Vues
L. F. Céline, Voyage au bout de la nuit TEXTE 4
Louis Ferdinand Céline est un écrivain français né à la fin du XIXème siècle et mort en 1961. Il a donc connu et vécu les deux guerres mondiales et les traumatismes qui leurs sont associés. En mai 1914, il s’engage à l'âge de 18 ans dans l'armée avant la déclaration de guerre et l'appel obligatoire. Il est malheureusement blessé, grièvement, dès les premiers mois de la guerre et en gardera des séquelles, tant sur le plan physique que psychologique, toute sa vie. Aujourd'hui c'est un auteur assez controversé, notamment à cause de ses écrits antisémites pendant l'Occupation. Il reste néanmoins l'un des plus grands novateurs de la littérature française du XXème grâce à son style "parlé" subtil mélange d'un langage populaire et littéraire. Il utilise ce style caractéristique dès la sortie en 1932 de son premier roman Voyage au bout de la Nuit. Ce récit, largement inspiré de ses propres expériences, rencontre alors un vif succès et remporte même un prix Renaudot. En effet, il relaye à merveille les idées antimilitaristes anticolonialistes et anticapitalistes de la gauche du Front Populaire. Cependant, ce récit est aussi marqué par la vision nihiliste et misanthropique de Céline. Dans cet extrait le personnage principal, Bardamu, explique à Lola qu'il ne se reconnaît pas du tout dans les valeurs héroïques qu'elle lui admire. Il est donc intéressant de voir comment Céline fait apparaître Bardamu comme un antihéros. Pour ce faire, nous verrons d’abord comment Bardamu rejette les valeurs épiques de la société en faisant une dénonciation de la guerre, puis comment le narrateur affiche un profond pessimiste.
I/ Une dénonciation de la guerre
1) Un procès de la guerre
- Guerre omniprésente dans le texte, thème du texte. Le narrateur s’oppose à l’idée d’une guerre héroïque en la qualifiant comme une succession d’« hécatombes ». Le premier sens de ce mot, dans l’Antiquité, désignait le sacrifice d’un grand nombre de bestiaux pour les Dieux. Avec le parallélisme « avec eux, avec elle », Céline rend concrète la guerre qui est normalement plutôt quelque chose d’abstrait et non représentable de manière directe (on ne peut pas faire un dessin universel de la guerre). Il la transforme en un objet à l’aide des déterminants « la » et « cette » et par la répétition du pronom personnel « elle ». Avec les expressions « tout ce qu’il y a dedans » et « tous les hommes qu’elle contient », Céline nous suggère une sorte de vaste poubelle fourre-tout. Avec cette métaphore les poilus, élevés au rang de héros nationaux par les propagandes patriotiques, deviennent de vulgaires déchets.
- Guerre envisagée par ses capacités de destruction et de mort > champ lexical de la mort : "mort", "cimetière", "mourir" et "soldats tués". Voir aussi le fait que la guerre prive même les hommes de leur mort : « ma mort à moi » semble désigner une mort naturelle, à laquelle le soldat n'a pas droit puisqu'il va aller se faire tuer au combat. La destruction des corps est totale, puisque les morts de la guerre n'ont même plus la forme de cadavres mais de « cendres ».
- Inutilité de la guerre > comparaison des "soldats tués" avec des objets insignifiants, comme "le dernier atome de ce presse-papiers", voire rebutants, tels que "votre crotte du matin" + phrase exclamative : "Voyez donc bien qu’ils sont morts pour rien, Lola !", la tonalité exclamative accentue l’affirmation de l’inutilité + l’impératif montre l’assurance de Bardamu.
- Refus de la guerre (= absurdité) : "je ne veux plus mourir". Il se met à la place des soldats au combat ; il a perdu une partie de lui-même dans le conflit > répétition du verbe "refuser" : Bardamu n’est prêt à aucun compromis à ce sujet + sentence : "il n’y a que la vie qui compte".
- Un procès des hommes
- Opposition entre les soldats et le héros (Bardamu se place dans une position morale très différente de celle admise par la société française pendant la guerre)
> répétition de "moi" dans sa quatrième réplique.
> hyperbole : "Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul".
> parallélisme de construction : "c’est eux qui ont tort et c’est moi qui ai raison"
En ralentissant le rythme de son récit, Céline donne le temps au lecteur de réfléchir sur la logique des propos de son personnage principal, alors même que ces affirmations sont polémiques et paradoxales à l’époque de ce dernier.
- Mépris et condamnation des soldats Bardamu en arrive à insulter les soldats avec lesquels il a pourtant partagé un moment de son histoire > dans l’apostrophe d’une phrase exclamative qui révèle son scandale, il les traite de "crétins".
- Une plaidoirie: Bardamu cherche à attirer la compassion de Lola > Ils ont tort de participer à la guerre, contrairement à Bardamu, qui donne l’impression d’être seul contre tous. Bardamu cherche à obtenir la compassion de Lola grâce au registre pathétique. « Je ne veux plus mourir », mais aussi les nombreuses exclamations du texte relèvent de ce registre.
II/ Un profond pessimisme
- Un avenir sinistre
- Démonstration et argumentation de Bardamu pour convaincre Lola > véritable démonstration: il commence par une série de phrases interrogatives : « Avez-vous jamais cherché à en connaître un seul de ces noms ?... Non, n'est-ce pas ?... Vous n'avez jamais cherché ? », questions rhétoriques qui soulèvent un certain nombre de problématiques et de paradoxes dans les arguments de Lola et de la pensée commune. Puis il conclut avec les phrases exclamatives « Je vous l’affirme ! La preuve est faite ! » comme si la démonstration était finie. Pour faire dire cette phrase à son personnage, Céline s’appuie également sur ses propres expériences qui lui ont permis d’arriver à cette déduction.
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