«Crépuscule» - Apollinaire

« Alcools » - Apollinaire

Crépuscule :

"Crépuscule" a été publié dans Les Argonautes et dans Le Parthénon respectivement en 1909 et 1911. En dépit de la dédicace à Marie Laurencin, les premiers ont été écrits avant sa rencontre avec elle.

Marie Laurencin est une peintre française née en 1883 et décédée en 1956.Elle est considérée comme avoir été proche des cubistes. Elle rencontra Apollinaire en 1907, grâce à Picasso, et entretint avec lui une liaison jusqu’à l’été 1912.

Ce poème a une constitution classique, avec cinq quatrains à vers octosyllabique. Si on se focalise uniquement sur le titre, « Crépuscule », qui est le passage entre le jour et la nuit, symboliquement il peut signifier le passage de la vie à la mort. Cela se confirme dans la première phrase : « Frôlée par l’ombre des morts ».

Lorsque l’on s’intéresse au poème en lui-même, on peut constater qu’il s’agit d’un déroulement de spectacle ou d’un rêve. On y retrouve des personnages forains et imaginaires tels que « l’arlequine » (v.3), «l’arlequin » (v.9), « des sorciers » (v.11), « quelques fées et les enchanteurs » (v.12). On constate la présence du champ lexical de l’illusion, de la magie par : « charlatan » (v.5), « tours » (v.6), « sorciers […] quelques fées et enchanteurs» (v.11-12).

Ce poème a également une atmosphère étrange, surement née du clair-obscur du « Crépuscule » qui désigne la luminosité indécise où se confondent le jour et nuit. Cette ambiance est décrite par « les ombres des morts » (v.1), « crépusculaire » (v.5), « le ciel sans teinte est constellé d’astres pales […] » (v.7-8). De plus le « charlatan » ajoute une connotation péjorative à ce décor lugubre. En revanche les arlequins éveillent la gaieté de par leurs habits à losange multicolores. Les sorciers, les fées et les enchanteurs donnent à imaginer un monde merveilleux digne de contes. Ces éléments contradictoires appuient cette atmosphère particulière.

Le temps qui domine tout le poème est le présent de l’indicatif, ce qui suggérerait que tous les évènements du poème se déroulent actuellement, mais surement dans un monde parallèle. Parce que le poème commence par parler de la mort, on peut confirmer qu’il s’agit d’un endroit où rien n’est visible par des vivants.

La mort est implicite, ce qui donne une impression de tristesse générale. Par cette tristesse, cette mélancolie on peut dire que le registre de ce poème est élégiaque.

Ce poème retrace le déroulement d’un spectacle animé et contrasté. Bien que des éléments éveillent une pensée plutôt positive, c’est l’atmosphère étrange et morbide qui prône implicitement. Ce spectacle pourrait ainsi représenter la liaison tumultueuse, mais terminé de Marie Laurencin et d’Apollinaire.

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