Cours sur la lettre

L’épistolaire

I. Vocabulaire

L’adjectif « épistolaire » vient du grec « epistellein » qui signifie « envoyer à ». Il est utilisé dès le XVIe pour parler des correspondances par lettres. Il signifie « par lettres ».

Le nom « épistolaire » (forme substantivée de l’adjectif) est le message écrit adressé à un destinataire, il englobe des écrits très différents.

Le roman par lettres ou la carte postale ou le courriel ont en commun « l’épistolarité ». Ce mot désigne l’ensemble des caractéristiques formelles et stylistiques de l’écriture d’une lettre.

L’épistolier ou l’épistolière désigne ceux qui écrivent des lettres.

II. L’épistolaire est-il un genre littéraire ?

_ Des critères formels : La lettre comporte la mention du destinataire, des indications de lieu et de temps, une formule d’adieu et l’apposition de la signature de l’auteur du message.

L’épistolaire a donc comme tous les genres des caractéristiques formelles qui le caractérisent.

_ Cependant, on peut se demander si c’est un genre littéraire. La lettre est en effet un moyen de communiquer, une façon efficace de transmettre un message, elle ne semble être une écriture spontanée et n’appartient donc pas à la littérature qui exige une forme esthétique très travaillée.

On peut donc diviser les lettres en deux catégories : les lettres ordinaires qui n’appartiennent pas à la littérature et les lettres littéraires qui présentent un intérêt esthétique.

La frontière entre les deux sera cependant très difficile à établir, nous essayerons donc de la préciser au cours de la séquence.

III. La particularité de la communication épistolaire.

_ une conversation différée : la lettre est une sorte de dialogue avec un être absent qui répondra plus tard. De fait, la lettre présente parfois des traits du dialogue oral, l’auteur de la lettre anticipe souvent les réactions de son interlocuteur, l’interroge de manière directe, s’adresse à lui, l’interpelle etc.

_ la distance spatio-temporelle : les deux interlocuteurs sont loin l’un de l’autre, la lettre ne sera pas lue au même moment par les deux interlocuteurs. On trouve donc à la fois les marques d’une écriture ancrée dans la situation d’énonciation mais aussi des précisions sur les circonstances de l’écriture qui aident l’interlocuteur à contextualiser la lettre. Le locuteur peut aussi imaginer le moment de la réception de sa lettre.

L’auteur d’une lettre cherche souvent à abolir la distance physique qui le sépare de son interlocuteur.

IV. Le lettre : un genre codifié

1. l’exorde

Placée en début de lettre, elle a pour rôle de « gagner faveur et amitié » des personnes. L’épistolier consacre son exorde à faire l’éloge de son correspondant ou bien le blâme de celui-ci (quand il n’a pas répondu à la précédente lettre par exemple).

L’exorde est souvent précédée d’une ouverture contenant d’une part dans l’en-tête un terme indiquant l’identité du destinataire, d’autre part des indications de lieu et de temps permettant d’identifier le lieu et le moment de l’écriture.

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