Commentaire sur Les Boulingrin
Commentaire de texte : Commentaire sur Les Boulingrin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar azerfrzej • 27 Janvier 2021 • Commentaire de texte • 1 495 Mots (6 Pages) • 4 474 Vues
Arnaud Jolly – 108
Commentaire composé
Extrait « Les Boulingrin », p. 302
Né en 1858, Courteline s’est consacré au théâtre dès la fin du XIXe siècle. Il s’inscrit dans la ligne des comédies « faciles » du Second Empire et de « l’euphorie bourgeoise » des années 1900. Il a écrit des pièces divertissantes, couramment appelées théâtre « de Boulevard ». Elles sont principalement axées sur les déformations de l’autorité sociale et sur le portait de français types « moyens, médiocres et plats ». C’est dans ce registre satirique et comique qu’il a notamment écrit « Les Boulingrin » en 1898. En l’occurrence, l’extrait étudié, scène 7 de la pièce, met en scène un personnage « pique-assiette », Des Rillettes, qui s’invite chez un couple « semble-t-il tranquille », les Boulingrin, qui est en pleine scène de ménage lorsqu’il arrive chez eux. Malgré lui, il devient alors la victime d’une dispute théâtrale et d’une extrême violence. L’enjeu de la scène réside ici dans un paradoxe. En effet, le spectateur oscille entre le rire et la gêne, parce que la limite entre le comique et le pathétique est très mince. En fait, il assiste à une scène de ménage qui bascule dans une telle violence que le comique fait place à une gêne.
Ce qui nous amène à nous demander comment le spectateur assiste dans cette scène de ménage comique à une destruction progressive du genre même de la comédie ? Pour y répondre, nous examinerons d’abord le comique de la scène , puis la destruction du théâtre , pour enfin envisager la satire des mœurs du couple .
Le comique de la scène procède du retournement de situation, d’odieux personnage Des Rillettes devient une cible (A). Il résulte aussi du comique de mots (B) et du comique de caractère (C).
Dès l’exposition de la scène 7, Des Rillettes est d’emblée présenté comme un « pique-assiette ». Cette expression familière est sans ambiguïté, Des Rillettes est tout de suite perçu comme un profiteur qui « s’invite » chez les Boulingrin, bref un personnage bien peu sympathique. Or, à peine arrivé chez les Boulingrin, il est au cœur d’une terrible dispute et le couple le prend pour cible.
D’odieux personnage, il y a alors un retournement de situation comme on le constate notamment à travers les didascalies « il se réfugie derrière Des Rillettes » et « Boulingrin qui s'est fait de lui un paravent ». En fait, cela montre que le couple va non seulement continuer à se disputer, mais en plus va se servir de Des Rillettes comme bouclier lorsque Mme Boulingrin poursuit son mari, revolver en main. Ce retournement de situation rend la scène plutôt comique car le spectateur, qui n’éprouve pas de sympathie pour lui, se dit qu’il n’a que ce qu’il mérite.
Le comique de mots renforce encore cet effet.
Pour rendre la situation comique, Courteline utilise des onomatopées comme « pif ! », « paf ! » qui rendent la scène particulièrement drôle.
De même, il a recours aux insultes proférés tant par M. Boulingrin, « la misérable ! », « la gueuse !», « fille de voleur », « chamelle ! », que par Mme Boulingrin « Canaille !, Crapule !, Poison !, Escroc !« Enfant de coquine ! », « gredin ! ». Cet échange vulgaire fait rire le spectateur qui pense au début assister à une scène surtout comique.
Enfin, l’auteur se sert de jurons comme « bon sang de bonsoir » et « nom de Dieu » qui rendent la scène encore plus comique.
Mais les rires du spectateur sont aussi accentués par le comique de caractère.
Alors qu’au XIXe siècle, le mari est le « chef de famille », dans cette scène il y a en fait une inversion des rôles : c’est l’épouse qui prend le dessus et M. Boulingrin est un lâche qui a peur.
Ainsi, les didascalies « elle tire de sa poche un revolver », suivie de « il se réfugie derrière Des Rillettes » montrent que c’est Mme Boulingrin qui domine : c’est elle qui poursuit son mari avec un revolver.
De son côté, M. Boulingrin tente de fuir, ce que le spectateur ressent comme de la lâcheté. C’est ce qui ressort des didascalies « terrifié », « il se réfugie derrière Des Rillettes », « au comble de l’effroi ». En outre, l’emploi du présent, ici de vérité générale, accentue son caractère lâche et résigné (« je suis un homme perdu. Je la connais, elle est capable de tout »). Et les interjections « au secours ! Au secours ! » renforcent encore cette impression d’homme lâche et peureux.
Si la scène peut sembler d’abord comique, le spectateur ressent progressivement une gêne lorsque la dispute devient de plus en violente et conduit à la destruction du théâtre.
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