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Commentaire de la scène du meurtre de "L'Etranger" de Camus

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Par   •  30 Décembre 2015  •  Commentaire de texte  •  1 500 Mots (6 Pages)  •  3 206 Vues

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Séance , lecture analytique/commentaire.

Etude de la scène du meurtre :

L’Etranger d’Albert Camus, chapitre VI, 1ère partie :

« Dès qu’il m’a vu…porte du malheur »

Cet extrait se situe dans le sixième et dernier chapitre de la première partie, le narrateur-personnage revient seul sur la plage après une altercation violente entre son ami Raymond et deux arabes ; Meursault a son revolver en poche mais ne s’attendait pas à rencontrer à nouveau cet homme qu’il semble tuer sans le vouloir. Nous nous demanderons ainsi en quoi cette scène de meurtre a une dimension tragique. Dans un premier temps, nous montrerons qu’il est en prise avec un environnement hostile avec qui il doit se battre puis nous montrerons que Meursault est pris dans un engrenage tragique et qu’il subit son destin.

Tout d'abord, Meursault semble en prise avec un environnement hostile qui le pousse à agir contre sa volonté ; il semble être victime des éléments qui l'entourent, et être condamné à un destin tragique.

En effet, il se trouve sur une plage, en début d'après-midi et il subit cette chaleur écrasante, il est dominé par le soleil. Notons que le soleil est omniprésent dans ce passage, le mot est ainsi répété plusieurs fois, en anaphore aux lignes 13, 23, 28, 30, 37, 42, 49 et 62 ; cela nous donne l'impression que le narrateur est en présence d'un élément dominant, qui semble presque être un troisième personnage. Et cet élément est également présent à travers ces métaphores, qui renforcent sa présence et sa force, en comparant le soleil à du feu : « l'air enflammé », l. 10, « un océan de métal bouillant », l.17, « laisser pleuvoir du feu », l. 56. Meursault est donc bien écrasé par ce soleil qui l'enserre et qui va l'affaiblir et entraîner une modification de sa perception des événements, de la réalité.

Ses sens sont alors perturbés, il a des difficultés à percevoir la scène de façon lucide et claire ; et c'est le soleil qui le met dans cet état. Nous trouvons ainsi des expressions soulignant la souffrance physique qu'il génère : « la brûlure du soleil », l . 28, « le front me faisait mal et toutes les veines battaient ensemble sous la peau», l. 32-33 ou « cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillaient mes yeux », l. 51-2 ; cela le met dans un état second. Et le sens le plus perturbé - outre l'ouïe soulignée par « les cymbales du soleil », l. 49 qui assourdissent Meursault- est la vue. Il a tout d'abord des difficultés à percevoir clairement la scène, comme le soulignent ces expressions : « je devinais son regard par instants», l.6-7, « son image dansait devant mes yeux », l. 9-10, « j'en ai deviné », l. 18, « il avait l'air de rire », l.27 mais aussi le modalisateur : « peut-être », l. 26. Et il finit par se sentir aveuglé, par le soleil et sa transpiration, c'est le paroxysme de ce dérèglement des sens : « la lumière a giclé sur l'acier », l.41, « la sueur amassée dans mes sourcils[...] recouvertes d'un voile tiède et épais . Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel », l. 46-48. Ces métaphores du voile montrent que Meursault est dans un état de confusion extrême et qu'il ne maîtrise plus ses actes. Il est alors plongé dans un combat symbolique contre cet adversaire redoutable qu'est le soleil.

Et ce combat, ce duel semble opposer, non pas réellement Meursault et l'Arabe, mais le premier au soleil, dans une lutte symbolique. En effet, l'Arabe reste longtemps immobile et ne paraît pas prêt à l'affrontement  : « il s'est soulevé » et « Alors de nouveau, il s'est laissé en arrière », lignes 1 à 5, même s'il reste sur ses gardes, la main dans la poche. Le décor est, lui, personnifié et semble s'attaquer au héros, pour le pousser à tuer : l. 53-4 « toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi », ou l. 54 « la mer a charrié un souffle épais et ardent ». Les éléments naturels sont donc ligués contre lui ; et c'est encore au soleil que sont associés les mots du champ lexical de l'armement : « longue lame étincelante », l. 42, « le glaive éclatant jailli du couteau », l. 50 ou « cette épée brûlante », l.51, pour souligner son caractère hostile. Ces éléments naturels mettent aussi en place un cadre symbolique, infernal qui devient le signe d'une fin tragique. Ces métaphores du feu, « cet océan de métal bouillant », l. 17, « laisser pleuvoir du feu », l. 56, font penser à un paysage apocalyptique, transfiguré, qui est le berceau de ce meurtre.

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