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Commentaire composé

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Par   •  8 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  1 175 Mots (5 Pages)  •  482 Vues

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INTRODUCTION

Dans cette scène, Philiste a sorti Géronte des illusions qu’il pouvait avoir sur son fils. Il lui fait prendre conscience du talent de menteur de Dorante, ce qui provoque sa colère dans la scène 2 : « Oh vieillesse facile ; Oh jeunesse imprudente ». Nous sommes ici dans la scène 3 et Géronte demande des explications à Dorante qui va se trouver dans l’embarras. La scène se caractérise par un violent affrontement entre un père et son fils, topos fréquent au théâtre et plus particulièrement dans les comédies où la figure du père s’oppose par tradition aux actions du fils. Nous montrerons en quoi nous avons ici les caractéristiques d’une scène agonistique.

  1. Géronte, représentant d’une morale aristocratique

Géronte, comme Don Diègue dans Le Cid et Don Louis dans Donc Juan, est le représentant aristocratique de l’antique noblesse féodale. Donc Louis et Géronte ont une conception de la noblesse dans laquelle le mérite personnel fonde la valeur de l’individu et non pas seulement l’appartenance à un clan. Le début de la scène est immédiatement marqué par l’importance du rang social et l’honneur. Géronte entre dans le vif du sujet par une question abrupte (« Etes-vous gentilhomme ? »), ce qui provoque l’énervement de Dorante (« Ah, rencontre fâcheuse ! »). Mais l’autorité paternelle oblige Dorante à se calmer, d’où sa réponse raisonnable, logique, rendue par le rythme équilibré de l’alexandrin et la pause à l’hémistiche du vers 1502. Ainsi nous pouvons donc noter d’emblée l’importance de l’isotopie de l’honneur et de la naissance. Géronte met en avant le fait que l’honneur se mérite et que la naissance seule ne saurait le justifier, d’où l’importance au vers 1507 du mot « vertu ». On note également l’importance de la transmission (« étant sorti de vous », « fait passer dans leur sang »). Géronte se livre donc à une véritable argumentation et démonte l’idée que tout est acquis par le sang. Après une suite de questions rhétoriques au rythme très rapide, Géronte se livre à un raisonnement très équilibré à partir du vers 1511. Dans ces vers on trouve un parallélisme de construction, un équilibre des alexandrins, une anaphore du mot « sang » et un chiasme. Tous ces éléments permettent de faire ressortir une dichotomie classique au siècle des moralistes, à savoir la vertu opposée au vice. A partir du vers 1513, Géronte use de périphrases pour montrer que l’homme bien né ne mérite pas forcément ses titres de noblesse. Par le biais d’un raisonnement déductif, Géronte souligne la fragilité de cet honneur avant d’en arriver au cas particulier de son fils. L’introduction du tutoiement au vers 1515, qui fait suite au vouvoiement du début, est là pour marquer la volonté de Géronte de rabaisser Dorante. Tout est résumé au vers 1516 par la phrase négative à valeur catégorique suivie de la valeur concessive du deuxième hémistiche. Géronte semble donc renier son fils et ne se laisse plus abuser par lui. Il va même jusqu’à utiliser le vocabulaire de la honte avec des termes très forts. Géronte est un père profondément affecté par la psychologie de son fils, c’est pourquoi il utilise avec insistance ce thème de la souillure : souillure d’un nom, d’un sang, d’une famille. Après avoir été dupé, Géronte s’en veut et cherche à imposer ses idées à son fils en lui faisant des remontrances.

(Transition) D’ailleurs, en affrontant Dorante, on voit qu’il ne lui laisse pas vraiment la parole, comme le souligne l’hétérométrie des vers. Cette scène est donc marquée par la colère d’un père contre qui ni Dorante ni Cliton ne semble en position de lutter.

  1. Les marques de l’autorité paternelle : la violence du discours

La colère d’un père qui s’emporte contre son fils se traduit de plusieurs manières. Tout d’abord, Géronte domine la scène, ce qui est assez rare quand Dorante est présent. Géronte énonce plusieurs arguments, tournant tous autour de l’honneur et du rang social, avec une certaine vivacité dans l’énonciation, chose inhabituelle puisqu’il semblait jusqu’ici se laisser duper par son fils. Cette parole dominante se traduit par de nombreuses questions puis par des tirades qui s’hypertrophient et s’allongent. Ses questions s’adressent directement à Dorante et ce destinataire est donc bien la cible de la colère de Géronte. Au vers 1516, le passage du vouvoiement au tutoiement intervient au moment où la figure paternelle semble renier son fils, et surtout prend conscience de son absence d’honneur : « laisse-moi parler », « toi de qui l’imposture », « tu n’es plus ». Ce tutoiement alterne avec un certain nombre de généralités qui montrent que Géronte n’a pas de scrupules à appliquer un châtiment à son propre fils. Cette scène est donc marquée par le retour à une véritable autorité paternelle, comme le soulignent plusieurs procédés stylistiques : les impératifs, la modalité injonctive qui réhabilite la parole paternelle : « laisse-moi parler », « ajoute encore ». Certains impératifs sont même répétés comme pour mieux rendre compte de son énervement. Cela traduit le changement d’attitude de Géronte à l’égard de son fils. L’utilisation d’apostrophes (« infâme », « ingrat »), par le biais d’adjectifs axiologiques, témoignent du ton agressif de Géronte. Il rabaisse son fils en cherchant à lui faire prendre conscience du mal qu’il a pu commettre. L’utilisation de phrases catégoriques, négatives, qui tombent, semble être la marque d’une irrémédiabilité. L’utilisation de questions rhétoriques traduit l’angoisse de ce père cherchant désespérément à comprendre l’attitude de son fils. Géronte par ses questions semble également se remettre en question et cherche à comprendre s’il a été défaillant par rapport à son fils (mélange de « je » et « tu »). Mais ce qui ressort surtout, c’est le thème de l’illusion dans laquelle Géronte a été jeté, comme le souligne l’isotopie baroque du mensonge, du paraître. La conclusion de Géronte sera dès lors impitoyable. Le rythme ternaire du vers 1554 traduit bien la rigueur du raisonnement et la douleur de Géronte. Celui-ci parvient à rester très cohérent et surtout à prouver à son fils que malgré son grand âge, il reste une figure de référence que l’on doit respecter. Le dernier impératif du vers 1555 « va », suivi d’une sorte de gradation « je te désavoue », clôt la péroraison de Géronte. D’ailleurs, cette chute brutale va entrainer la première vraie réaction de Dorante puisqu’il dit « eh mon père, écoutez ».

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