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Commentaire: Pin des Landes - Théophile Gautier.

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Par   •  31 Mars 2016  •  Commentaire de texte  •  2 286 Mots (10 Pages)  •  9 905 Vues

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Commentaire : Le pin des Landes.

Introduction :

    Au XIXe s., les valeurs bourgeoises s’imposent (l’argent et le travail dominent) et le statut du poète se dégrade : il doit à présent vivre de sa propre plume. Il a un regard critique et douloureux sur la société, dont il est à la fois bienfaiteur et victime. Le Pin des Landes est un poème écrit en 1840 par Théophile Gautier (1811-1872) lors d’un voyage vers l’Espagne. Il serait d’abord publié en 1840 dans un journal nommé « La Presse » avant d’être publié dans un recueil en 1845 : « España ». Théophile Gautier était tout d’abord un auteur romantique, mais très vite, trouvant que le romantisme trop hyperbolique, il devient un fervent partisan du Parnasse (soit l’art pour l’art). Son poème écrit en alexandrins est composé de quatre quatrains, et raconte l’histoire d’un Pin dans les Landes, qui se fait voler sa sève par des hommes, cruels qui se fait parfois même profondément, afin de satisfaire leurs besoins.

    Comment à travers son poème Gautier nous montre-t-il que la souffrance est nécessaire au poète pour développer son génie créatif ?

    Nous verrons tout d’abord quel est le cadre du poème, ses personnages; ensuite nous étudierons  comment le poète arrive à personnifier le Pin, et à le comparer au Poète, et enfin nous analyserons comment Gautier nous prouve que la souffrance est nécessaire à la création poétique.

Axe 1 :

A) Le cadre spatial de ce poème est la région Les Landes Françaises. Située dans le Sud-Ouest de la France, les Landes actuelles n’étaient pas les même qu’au XIXe : en effet au XIX, les Landes étaient bien moins profuses, et le climat semblait beaucoup plus aride faisant ainsi penser au désert. C’est ce que nous montre Théophile Gautier dans la première strophe : il compare le Sahara aux Landes en l’appelant « vrai sahara français » (v2), le terme « désertes » (v1) vient aussi reprendre l’idée de « désert » donc de Sahara.

L’assonance en « a » au vers deux reprend aussi l’idée de sable, et l’allitération en « s » du vers deux et trois donne une impression de sécheresse.

L’antithèse « herbe sèche/ flaques d’eaux vertes » au v3 oppose la sécheresse à l’humidité, montre que le climat est tellement aride que seul les rares flaques d’eaux sales (impression donnée par le mot vertes) sont humides.

B) Le premier personnage qui apparaît dans le poème est le Pin. Il apparaît à la fin de la première strophe : on voit qu’il est seul dans la végétation des Landes au v.1, 3 et 4  « on ne voit […] surgir de l’herbe sèche et des flaques d’eaux vertes d’autre arbre que le pin et sa plaie au flanc .. », on remarque aussi qu’il à une plaie. Dans la deuxième strophe on remarque que ses blessures sont causées par des hommes v8 « dans son tronc ouvre un large sillon ». Dans la troisième strophe on trouve une métaphore : « son sang » (v.9) qui signifie en fait la sève de l’arbre, et pour accentuer cette métaphore on remarque deux allitération : en « s » pour le sang et en « tt » accentuer l’impression de goutte : « sans regretter son sang qui coule goutte à goutte ». On peut aussi retrouver une syllepse du mot « baume » dans le v10 : le baume est la matière odorante (la sève) mais aussi la pommade qui guérit ; dans les deux cas le mot baume est presque mélioratif. On remarque un chiasme dans le v10: entre «verse son baume/ sève qui bout » , donnant une impression de parallélisme entre baume et sève. Le Pin est aussi courageux, et possède la fierté d’un soldat qui veux mourir dignement : « et se tient toujours droit  […] comme un soldat blessé qui veut mourir debout ».

C) L’autre personnage qui apparaît est l’homme. D’emblée, il est désigné comme « avare bourreau de la création », image péjorative, donc. L’aspect « bourreau » est renforcé par l’allitération en « r » qui est plutôt une consonne violente formant une sorte de parallélisme avec les outils qu’un bourreau utilise (hache, guillotine…).

De plus dans le v5, on retrouve le verbe « dérober » ce qui littéralement signifie que l’homme prend quelque chose qui ne lui appartient pas, et sans permission : il vole la sève du pin. Dans le v8 on voit que l’homme « ne vit qu’aux dépens de ceux qu’il assassine » ; Gautier insinue par là que l’homme profite des choses qui l’entourent (ici la « création »), mais sans rien respecter puisqu’il les assassine. Dans le v8 il laisse dans le tronc douloureux du pin un « large sillon » : l’homme tue donc le pin en plus de lui dérober sa sève.

L’homme ici est quelqu’un de vil, méchant, voleur et profiteur : Gautier cherche donc à montrer une image très négative de l’homme.

Phrase de transition: Si le pin sert de personnage à Théophile Gautier, il sert aussi d’image pour parler du poète.

Axe 2:

A) Au fur et à mesure de la lecture, on remarque que le poète personnifie le pin de façon de plus en plus marquée, la première personnification  se trouve dans le v.4 est « plaie au flanc » , car plaie et flanc sont deux termes que l’on utiliserait plutôt chez l’humain, pour une blessure. Au v5, on retrouve le mot « larmes » qui donne comme une sensibilité humaine au pin. Dans le v8, on retrouve  « tronc douloureux » : le tronc est une syllepse car il peut signifier le tronc de l’arbre mais aussi le tronc de l’homme, la partie du corps, et douloureux est une émotion ressentie, comme si le pin pouvait ressentir. Ensuite on retrouve le mot sang (métaphore pour sève), qui est un liquide typique des êtres vivants, non pas des arbres. Et enfin, par une comparaison avec un soldat blessé, Gautier achève de personnifier le Pin : « et se tient toujours droit sur le bord de la route, Comme un soldat blessé qui veut mourir debout. » ; comme si le Pin pouvait changer de position, mais par fierté de mourir debout, de ne pas s’écraser devant l’ennemi il restait en position statique, debout.

B) Si Théophile Gautier parle du pin pendant les trois premières strophes, un changement est opéré lors du passage de la troisième à la quatrième strophe. En effet, après avoir fini la description et la personnification du Pin, Gautier passe à la comparaison entre le Poète et le Pin : « le poète est ainsi dans Landes… » v.13.

Le fait que les deux descriptions soient bien délimitées montre que les trois premières strophes permettent d ‘expliquer le fonctionnement du poète, en passant par le pin. Le treizième vers introduit la description du poète, le quatorzième vers contient du présent de vérité générale comme si ce que Gautier disait était fondamental. Puis on voit que le quinzième vers reprend ce que dit toute la deuxième strophe et que le seizième vers reprend tout ce que la troisième strophe dit ; comme pour confirmer ce qui a été dit avant. Aussi on peut remarquer dans le dernier vers les « divines larmes d’or » du poète sont en fait les gouttes de sève du Pin.

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