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Commentaire Ophélie Rimbaud

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Par   •  15 Février 2020  •  Commentaire de texte  •  825 Mots (4 Pages)  •  1 539 Vues

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Plan de commentaire pour la première partie (quatre premiers quatrains) d’ “Ophélie”, d’Arthur Rimbaud.

Problématique : Quel tableau Arthur Rimbaud propose-t-il de la mort d’Ophélie ?

  1.  la douceur mélancolique du cadre
  1. Une impression de sérénité.
  • Grande douceur qui émane de ces premiers quatrains mise en place dès le premier vers, avec l’adjectif « calme »:
  • Mouvements ralentis, effets des adverbes « très lentement » (v.3) et « mollement » (v. 10), répétition de « flotte » aux vers 2 et 3 qui suggère une lente progression. Les points de suspension à la fin du vers 3, puis les tirets (v.4 et 16) imposent de ralentir aussi la lecture du poème.
  • Sensation de glissement et de douce dérive : allitération en [l] très marquée sur les 8 premiers vers, par exemple dans les deux premiers vers “ Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles/ La blanche Ophelia flotte comme un grand lys”, enjambements des vers 5-6 “ Voici plus de mille que la triste Ophélie / passe” et des v. 7-8 “Voici plus de mille que sa douce folie / murmure sa romance”.
  • Sons étouffés : « on entend dans les bois lointains », « murmure », « soupirent »
  1. Compassion de la nature
  • Personnification de la nature qui la montre en figure bienveillante, « le vent baise ses seins » dans un geste amoureux (v.9),  « les saules […] pleurent » (v.11)
  • Attitudes maternelles, et protectrices : « ses grands voiles bercés par les eaux » (v.10), chiasme des vers 11-12 (attitude de la nature – « sur » + partie du corps/ « sur » + partie du corps - attitude de la nature) ainsi que la locution prépositionnelle « autour d’elle » (v.13) donnent l’impression que la nature enveloppe Ophélie.
  1. Un décor funèbre

Cadre apaisant dans lequel la mort reste néanmoins omniprésente :

  • « l’onde[…] noire » (v.1), ou « le long fleuve noir » (v.6) rappellent le Styx, fleuve qui dans la mythologie grecque menait de la vie terrestre aux Enfers.
  • Les « hallalis » (v. 4) évoquent la mise à mort.
  • Les pleurs , soupirs et inclinaisons de la nature au passage d’Ophélie composent un cortège funèbre (v.11-13)
  • Dans les deux derniers quatrains, un léger souffle froid , amené par la « brise » du vers 8, semble parcourir le texte : « frissonnants », « frisson » et allitérations en [f] et [r] (les deux termes précédents + « front » / « froissés »/  « nénuphars »).
  1. La figure mystérieuse d’Ophélie
  1. Osmose avec la nature

Ophélie semble se confondre avec la nature. Nombreux échos par associations lexicales entre la présentation du décor et le portrait d’Ophélie :

  • les deux termes qui se rapportent au sommeil, « dorment » (v.1)/ « couchée »(v.2), établissent un lien étroit entre Ophélie et les étoiles, comme si elles étaient côte à côte.
  • Comparaison avec le lys (v.2 ) et métaphore florale des corolle” du v.9 font d’Ophélie un élément de la nature, une sorte de fleur.
  • A sa complainte amoureuse du vers 8, « sa romance », semble répondre le « chant mystérieux » du ciel au vers 16 (mis en valeur par la diérèse).
  1. Un être surnaturel, entre la vie et la mort
  • Plusieurs passages renvoient à la mort d’Ophélie : « flotte » rappelle sa noyade  ; « couchée » est aussi la position du mort dans son cercueil, et dans ce contexte, les « longs voiles » dont est revêtue Ophélie peuvent apparaître comme son linceul.
  • Elle est par ailleurs un être animé, puisqu’elle « murmure sa romance » (v.8) ; et elle éveille parfois, dans un aune qui dort/ quelque nid » (v.14).
  • Apparition surnaturelle : « fantôme » (v.6), puis quelques mots qui lui donnent un aspect immatériel « flotte » (v.2), les « voiles » (v.3) qui l’entourent. Le champ lexical de la nuit (dorment/ étoiles/ soir / rêveur / dort/ astres d’or) que l’on associe au rêve, rend Ophélie irréelle. Mise en place d’un univers merveilleux, voire fantastique.
  1. Une figure éternelle
  • Emploi du présent de l’indicatif qui met en place un temps suspendu, un état permanent.
  • Anaphore d’une formule incantatoire, qui fait penser aux contes et légendes « voici plus de mille ans » . L’expression « plus de mille ans » suggère l’éternité.
  • Sentiment d’éternité renforcé par la construction circulaire du tableau: la périphrase « astres d’or » du dernier vers reprend les « étoiles » du premier vers.
  • Reprise d’un mythe : références à l’héroïne de Shakespeare, en particulier par la forme anglaise du prénom « Ophelia », soulignée par une diérèse. On retrouve des éléments du mythe : la noyade (« flotte ») et aussi la « douce folie ».
  • Figure idéalisée : magnifiée à plusieurs reprises par l’adjectif « grand » (v. 2, v.10, v. 12) ; la comparaison avec le lys et la blancheur suggèrent à la fois la beauté, la pureté et l’innocence.

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