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Commentaire Lucrèce Borgia Acte III scène 3

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Par   •  2 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  2 326 Mots (10 Pages)  •  5 033 Vues

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Commentaire Français

        Lucrèce Borgia est un drame romantique représenté en 1833. Son auteur est Victor Hugo, qui tente une réhabilitation de cette dernière, fille du pape Alexandre VI et sœur du prélat César Borgia. Car après des siècles où ont été conté sa légende noire, faite de crime, d’inceste et de mœurs dissolues, l’auteur essaye de montrer un visage plus humain et maternel à cette femme, mais sans pour autant remettre en question tous les assassinats de celle-ci, comme nous le voyons dans la pièce. L’extrait étudié se trouve à la scène 3 de l’acte III et clôture la pièce. C’est la scène de dénouement de l’œuvre. Mais, en quoi cette scène de dénouement joue avec la tension dramatique et jette Lucrèce Borgia vers la mort ? Pour y répondre, nous utiliseront un plan en deux parties. Dans un premier temps, nous analyserons la détresse de Lucrèce Borgia, et dans un second temps, nous verrons l’évolution de l’attitude de Gennaro.

        Dans cet extrait, nous pouvons clairement voir la détresse de Lucrèce Borgia. En effet, elle se retrouve face à Gennaro, son fils mais il ne le sait pas, qui veut la tuer pour tout le mal qu’elle a fait à ses frères d’armes en les empoisonnants. Nous pouvons donc constater le désarroi de Lucrèce avec sa tirade de la ligne 1à 14, soit près de la moitié de l’extrait, ce qui montre son importance. Grâce aux didascalies, nous remarquons que Lucrèce est apeurée, « ébranlé » (ligne 15) et « se débattant et lui retenant le bras ». A la ligne 29, Lucrèce se rend compte qu’elle est perdue est en appelle donc à Dieu « Au nom du ciel ! ». Elle continue avec le champ lexical religieux à la ligne 7 « du jugement dernier », le verbe « repentir » à la ligne 9, qui a également une dimension religieuse, le nom commun « compassion », qui est dans la Bible une des caractéristiques intrinsèques de Dieu. Tout comme « elle prit Dieu nuit et jour » à la ligne2. Nous pouvons aussi remarques l’utilisation de « miséricorde », qui renvoie également à la religion Catholique. Enfin il y a l’utilisation 5 fois du mot « Grâce » dans l’extrait de la part de Lucrèce. La Grâce, qui correspond au pardon de Dieu pour le salut des hommes. Nous remarquons qu’il y a une utilisation massive de la part de Lucrèce du prénom de Gennaro, aux lignes 7,8,11 et 32. Elle essaye d’installer une proximité entre eux en le tutoyant. Cela contraste avec le vouvoiement de Gennaro envers sa mère, en utilisant des “Madame”, aux lignes 15 et 18, ainsi que le « Vous êtes Lucrèce Borgia », qu’il a dit avant cet extrait mais que Lucrèce rappelle à la ligne 7. La détresse de Madame Borgia apparait également dans la ponctuation. En effet, il y a une utilisation extrêmement abusive du point d’exclamation, 39 « ! » pour 32 lignes. Dans le même style, nous pouvons compter les 4 « Oh ! », qui montre bien que Lucrèce est choquée et désespérée ou encore à la ligne 11 les « pitié ! ». Ainsi, La mère essaye d’implorer l’enfant, en installant une proximité entre eux et en appelant à la foi chrétienne de son fils.

        Nous remarquons qu’il y a dans cet extrait une volonté de la part de Madame Borgia de convaincre Gennaro de ne pas la tuer. Elle fait cela en utilisant le registre pathétique avec des images fortes, comme « regard de miséricorde » à la ligne 10, « cette malheureuse femme s'est fait raser la tête, elle couche dans la cendre, elle creuse sa fosse de ses mains » aux lignes 1 et 2, « pauvre misérable femme » ligne 10. Lucrèce fait tout ce qu’elle peut pour convaincre Gennaro, et donc elle tente une demande « écoute-moi » à la ligne 27 pour lui expliquer la situation, de même qu’à la ligne 25 avec « encore un mot ». Mais cela ne fonctionnera pas. Quand on voit cette description de Lucrèce, on est loin du « monstre » violent et féroce rencontré à d’autres moments de la pièce. Elle fait aussi des demandes plus directes, notamment à la ligne 8 « Ne me tue pas » ou à la ligne 11, « Grâce de la vie ! ». Lucrèce Borgia utilise une répétition aux lignes 13 et 14 « Oh ! tu ne voudras pas ! tu ne voudras pas ! » pour se convaincre elle-même mais aussi son fils. A la ligne 13, nous voyons un parallélisme « Un homme tuer une femme ! Un homme qui est le plus fort ! ». Elle essaye ici d’utiliser l’honneur et la dignité de Gennaro en lui rappelant que la conduite dicte qu’un homme ne s’en prenne pas à plus faible que lui, donc les femmes et les enfants. Alors qu’elle n’a eu aucun scrupule à faire assassiner de nombreux hommes. Donc, nous comprenons que Lucrèce essaye par tous les moyens de convaincre Gennaro de ne pas la tuer, avec de très nombreux moyens très différents.

La tirade de Lucrèce Borgia, comme nous l’avons vu, est le moyen pour elle a chercher à susciter de la pitié chez Gennaro afin qu’il l’épargne. Mais, elle a d’abord un double sens, un pour le lecteur et l’autre pour Gennaro. En effet, le lecteur sait que celui-ci est le fils de Lucrèce, et qu’il est orphelin. Donc, de la ligne 1 à 7, quand elle fait le portrait extrement tragique de « cette femme », ligne 4, qui est en réalité elle, Gennaro ne comprend pas cette situation car il pense que Lucrèce n’a pas de soucis. C’est une noble très riche, mariée, dans une très bonne situation, et cela pose donc un contraste avec « cette malheureuse femme s'est fait raser la tête, elle couche dans la cendre, elle creuse sa fosse de ses mains ». Elle parle donc de sa souffrance mais Gennaro ne comprend pas pourquoi elle souffre.  De plus, nous pouvons constater qu’aux lignes 2 et 3, Lucrèce dit « elle prie Dieu nuit et jour, non pour elle, qui en aurait besoin cependant, mais pour toi, qui peux t'en passer ». Alors que justement, quand on sait ce que Gennaro vit depuis le début de la pièce, on se dit que c’est lui qui aurait besoin de prière et non Lucrèce. Elle ajoute à l’incompréhension de Gennaro un certain doute sur la relation qu’elle veut avoir avec lui aux lignes 8 et 9 « Vivons tous les deux, toi pour me pardonner, moi pour me repentir ! ». Car si le lecteur connait la relation maternelle entre les deux personnages, Gennaro ne la connait pas. Dans cette même phrase, elle reconnait qu’elle a fait de nombreux crimes. A la ligne 32, enfin, Lucrèce avoue cette relation « Gennaro ! Je suis ta mère !». Car tout le monde, dont Gennaro et le mari de Lucrèce était persuadé qu’elle était amoureuse de Gennaro, alors que c’est un amour maternel. Le spectateur, lui, qui est conscient de ce quiproquo depuis le début, voit cela avec effroi, et ne comprend pas pourquoi Lucrèce refuse de le dire plus tôt à Gennaro. Nous pouvons d’un côté comprendre le sentiment de justice de Gennaro, mais aussi l’impuissance de Lucrèce. De plus, l’horreur que Gennaro puise tuer sa mère nous parait atroce.

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