Commentaire Eugène Dayot : le mutilé
Commentaire de texte : Commentaire Eugène Dayot : le mutilé. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Rachel ANTOINETTE • 12 Septembre 2019 • Commentaire de texte • 2 355 Mots (10 Pages) • 469 Vues
Commentaire composé
Eugène Dayot est né le 8 août 1810 à St Paul de la Réunion et est mort le 19 décembre 1852. C’est un poète et journaliste réunionnais. Lors d’un voyage à Madagascar il contracte la lèpre, âgé d’à peine 20 ans, cependant on soupçonne sa nourrice de lui avoir transmis des gênes facteurs de cette maladie à l’époque incurable. Cette maladie brise sa vie et construit son œuvre. En 1839 il crée le journal « le créole »et il devient feuilletoniste. Dans le courrier de St Paul il publie son œuvre « Bourbon Pittoresque », son histoire fait revivre les combats réunionnais du XIX° siècle qui opposaient es blancs aux noirs marrons. Il lutte particulièrement pour l’émancipation des esclaves. Il est le seul poète à avoir vécu entièrement sur l’île. Cependant il n’est pas reconnu mais « le mutilé » le rend célèbre. Il y décrit la frustration d’une vie détruite alors qu’elle vient de commencer.
Lecture du texte
Dans ce célèbre poème, le poète évoque sa souffrance, au-delà du cri de douleur, on peut entendre hommage à l’amour maternel puis à un message s’adressant à l’humanité. (plan)
* D’abord la souffrance de la solitude, de l’injustice, du manque d’amour, du rejet, transparaît de façon importante quelle soit affective physique ou spirituelle.
.Tout d’abord, la souffrance affective se fait ressentir dès les premiers vers du poème, elle se fait entendre en premier part la solitude (vers 13-14). De plus antonomase qui est la désignation d’une personne par une périphrase ou au contraire par un nom propre) [dans notre cas il s’agit du nom propre] semble élever en générale le cas particulier du personnage biblique mort lorsque le Christ vient le ressusciter. De plus ces mots font écho au « jeune vieillard » au vers 18 qui est un oxymore (figure de style qui consiste à dire un mot et son opposé) évoquant une mort prématurée. D’autre part il explique qu’il est unique, isolé, il se demande où est « sa part » qui revient 2 fois dans le texte, certains mots désignent les autres lorsque l’auteur mentionne une « joyeuse collectivité » (vers 15-16). L’unicité et l’iniquité de ce « partage » sont injuste, inégale. En un mot le vers 31 dit qu’il se sent seul « vivre seul dans la vie… oh ! Ce penser me tue ! » , montre que la ponctuation augmente le ton tragique de la solitude, les points de suspensions fonctionnent comme une réticence laissant imaginer au lecteur le supplice de cette solitude tandis que le point d’exclamation indique le désespoir. Il y a une véritable mort affective avec le mot « glas » qui complète le champs lexical de la mort.
. Non seulement, l’auteur souffre affectivement mais il ressent aussi une douleur physique, cependant il conserve sa pudeur. On suppose d’une telle maladie la comparaison avec Lazare, la putréfaction faisant sentir comme dans le vers biblique. Le titre « le mutilé » aborde encore avec une connotation, l’amputation du corps et du visage du poète, il n’a plus l’aspect humain, à l’image du Christ. Le poète inspire la pitié (vers 27) et ce mot en majuscule qui personnifie le mal, isolé, suivit des point de suspension laisse imaginer un aspect pitoyable voir effrayant de son visage.
.Taraudé par cette douleur affective puis physique, s’ensuit une douleur spirituelle et fait du poète celui qu’on pourrait appeler Eugène le maudit. Le poète dans son désarroi ne sait plus à quel Dieu se vouer devant une telle injustice (vers 6), il accuse le ciel de cruauté, la métaphore du feu (v7) fait référence au feu de l’enfer, elle éclaire son sort maudit et décuple son désespoir. « Ce gouffre inévitable »perceptible dans dans les adjectifs, agit au « sein de la nuit sombre » dans la métaphore de la souffrance spirituelle et morale. Finalement il n’obtient nulle réponse de ce Dieu qui l’a ainsi doté, « le sort m’a tout pris tout » (vers 5) dit-il, le pronom est assez éloquent, le poète est encore plus seul. D’où les questions sans réponses aux vers 5, 21 et 22, il connaît la réponse d’avance mais garde un petit espoir. Le « sort qui lui a tout pris » revêt deux sens, le premier est ce lui de destin et le deuxième celui de maléfice. Le bien est plus fort que le mal, certes le sort lui a tout pris mais le mal triomphe en dépit d’un Dieu bon, juste, miséricordieux, omniscient et omnipotent semble dire le poète. Que dire encore de ce Dieu ironique qui lui révèle son lent naufrage à la lumière d’un cœur capable de battre, intact des métaphores qui y associent le feu de l’enfer. Ajoutons encore que le poète doute de Dieu, on peut le voir aux vers 21 et 22, c’est dans la nuit de la foi plus que du véritable blasphème, le conditionnel et les interrogations montre que ce dernier doute.
* Après une triple souffrance exprimée tout au long du poème par un cri désespéré, l’auteur de cette œuvre trouve consolation dans la figure maternel qui engendre trois aspects : la femme, la mère et l’ange. Derrière toutes ces femmes qui le fuient, qui baissent les yeux, qui blessent Eugène Dayot par leur pitié cruelle, une seul personne demeurer et on peut observer dans le refrain. Également on note que ce refrain pourrait être une élégie à la mère du poète qui possède plusieurs visages.
.Une femme possiblement amoureuse est généralement inaccessible ce que le pronom « nous » au vers 2 confirme. D’autre part il y a une dimension sensuelle (généralement associée à la femme) avec « un baiser de femme »qui s’annule avec l’article indéfini « un » qui le précède. Cet article rempli la fonction de complément du nom qui est aussi indéfini que le déterminant, il ne rempli pas le rôle attendu comme la vie se refuse à jouer le rôle attendu pour tout le monde. Par ailleurs la femme inconnue et sa sensualité s’annule aux vers 29 et 30, la question montre le doute quand à l’hypothèse vaine et à l’hyperbole au vers 4 révèlent la cruauté sensuelle interdite. De même l’amour d’une femme aimée, aimante, rêvée est impossible, la répétition du mot « cœur », ici exprimée cinq fois, associé à la flamme (vers 2) qui ne peut être celle de la passion amoureuse et au feu (v.6) qui métaphorise l’enfer sur Terre. Dès lors la seule femme qui peut le regarder, l’aimer, l’embrasser, le consoler ne peut être que sa mère.
. La conjonction de coordination « mais » brise l’anathème (=malédiction) au vers 11 comme à chaque refrain où elle est reprise en anaphore. La mère dont on sait déjà qu’elle est nourricière, protectrice, consolatrice pose un onguent sur ce cœur qui « souffre moins » à la seule évocation du nom « ma mère ». Le verbe dont la valeur est le présent d’habitude indique sa seule ressource, son seul recours, son lien inaltérable comme l’indique le déterminant « ma ». Dans cette modalisation déclarative s’oppose les interrogations, les doutes précédents comme par exemple ceux de « sa part ». La guérison est systématique, habituelle et fidèle comme l’amour que lui porte sa mère. Cette phrase déclarative est une déclaration d’amour indestructible. Elle recueille de plus ses confidences et l’enjambement du vers 12 « et mon cœur souffre moins lorsque je dis ma mère » les prolongent jusqu ‘au vers 19. Ce passage de longue plainte, de confidences à sa mère (v.12-19) où il dit ces souffrances, ces questionnement. Tandis que le groupe nominal « ma mère » est stratégiquement placé à la fin pour mettre en valeur sa mère qui lui a donné la vie comme le souffle qui apparaît dans la seconde strophe. Elle a seule autorité sur cette souffrance que Dieu n’épargne pas au poète, elle console son fils par sa présence fidèle (v11) avec l’utilisation du présent de vérité générale ou si particulier mais aussi du présent d’énonciation car il s’adresse bien à elle, ce qui installe cet amour dans la permanence rassurante quand le corps se délite. Car elle le rassure également (v.24). En effet, il doute de lui, des autres, de Dieu.Or sa mère détient l’étincelle de la foi qui le sauve et le maintient en vie, c’est l’ange.
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