Comment le 17e siècle conjugue-t-il à la fois l'inconstance des sentiments et l'expression de la raison ?
Dissertation : Comment le 17e siècle conjugue-t-il à la fois l'inconstance des sentiments et l'expression de la raison ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Gondovald • 2 Décembre 2022 • Dissertation • 949 Mots (4 Pages) • 255 Vues
Politiquement, le XVIIe siècle français est traversé par deux tendances successives. Un climat d’instabilité frappe d’abord le Royaume de France, tiraillé par des guerres de religion et des querelles intestines. A celui-ci succède une période d’ordre et de rigueur, durant laquelle le roi stabilise et affermit sa position. Ces deux dynamiques trouvent des échos sur un plan scientifique et artistique. Ainsi, si le mouvement humaniste avait célébré l'équilibre et la raison, le mouvement baroque, naissant à la fin du XVIe siècle, représente, dans les domaines littéraires et picturaux, l'instabilité. Le classicisme, qui se développe au XVIIe siècle, recycle alors les valeurs humanistes dans sa quête de la vérité et de la raison. De cette recherche du vrai découle une manière absolue de concevoir l'art, particulièrement le théâtre.
Comment le 17e siècle conjugue-t-il à la fois l'inconstance des sentiments et l'expression de la raison ?
Notre étude s'articulera en deux axes. Elle abordera dans un premier temps l’art baroque qui illustre la fragilité et l'incertitude puis traitera dans un second temps du classicisme qui, par ses valeurs codifiées et idéalistes, s'oppose au baroque.
La fugacité de l'existence est souvent représentée dans les tableaux de Vanités, qui est un genre particulier de nature morte, principalement baroque. Ce dernier emprunte son nom au portugais "barroco" qui désigne une perle irrégulière. La polysémie étymologique pourrait renvoyer à la fragilité de la perle et son irrégularité à son imperfection. La vie humaine, pour le mouvement, est considérée comme vaine et sans valeur ("memento mori"). L'élément universel des Vanités est alors le squelette humain, représentant sa finitude. De plus d'autres éléments renvoient au caractère éphémère de la vie : le sablier qui représente le temps qui s'écoule, les fleurs et les bulles qui sont elles aussi fragiles. Vanité ou allégorie de la vie est un tableau de 1644 de Phillipe de Champaigne qui illustre parfaitement que l'existence de l'homme est vouée inexorablement à la mort.
Néanmoins, la mort n'est pas perçue comme une souffrance morale mais comme une évidence métaphysique. William Shakespeare, grand auteur baroque, questionne son personnage Hamlet à propos de son existence ("être ou ne pas être") ; cette interrogation sur le suicide montre les incertitudes humaines. L'angoisse existentielle s'accentue par la méconnaissance de ce qu’il y’a après la mort et empêche alors Hamlet de se suicider.
Les réflexions métaphysiques qui sont évoquées dans Hamlet se retrouvent dans La vie est un songe, pièce de Pédro Caldéron écrite en 1635. L'illusion rappelle à l'homme, ébranlé dans ses certitudes, qu'il n'existe rien de fiable au monde si ce n'est la mort elle-même. La vérité n’existe pas puisque vivre c’est rêver. « Le roi rêve qu’il est roi » car à sa mort il ne le sera plus, et toutes les possessions qu’il croyait être siennes n’étaient en réalité que prêtées. L’être humain est victime de l’illusion de sa propre vie. Cette incertitude qui prédomine fait écho au questionnement de Montaigne dans… : « que sais-je ? ».
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