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Comment Cyrano de Bergerac parvient-il a critiquer des institutions respectées tout en divertissant ses lecteurs ?

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Par   •  8 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  1 589 Mots (7 Pages)  •  533 Vues

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Douski Léa

1ère D

Commentaire de texte

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        Dans la lignée de L’Histoire Véritable de l’écrivain grec Lucien (IIe siècle), dans lequel le personnage voyage sur la Lune, ou encore de l’Utopia de l’humaniste Thomas More, Cyrano de Bergerac, écrivain et scientifique libertin du XVIIe siècle écrit L’Autre Monde ou Histoire comique des États et Empires du Soleil. Dans ce roman burlesque et fantaisiste, précurseur de la science- fiction, le héros-narrateur est un humain qui voyage sur la Lune et sur le Soleil. Au fil de ses découvertes, ce dernier entretient des conversations philosophiques avec les habitants de ces mondes lointains. Sur le Soleil, au cours d’une discussion avec une pie, il découvre un nouveau système à la fois politique et social, la République des oiseaux. Seulement, ce texte dépasse l’anecdote, en effet il prend des allures d’apologue et propose plusieurs niveaux de lecture. Ainsi, nous sommes donc en mesure de nous demander : Comment Cyrano de Bergerac parvient-il a critiquer des institutions respectées tout en divertissant ses lecteurs ? Nous nous intéresserons tout d’abord à l’attrait du dépaysement et de l’exotisme en passant par une République utopique pour aboutir sur une satire implicite mais virulente de notre monde.

        Tout d’abord, le pittoresque du paysage tient au cadre et à la nature des personnages. Le lecteur se trouve transporté dans un monde où toutes sortes d’« oiseaux » (« pie, aigle, moineaux, colombe » vivent dans les « rameaux » des arbres « if, cyprès » au bord d’un « étang ». Logiquement, ces oiseaux se distinguent par leur chant « voix ». Cependant, ces oiseaux semblent étrangement humains. L’aigle vient « s’asseoir » ( et non se percher, il y a donc une personnification qui va se poursuivre par la suite). En effet, ce dernier a « les pieds » liés ; les moineaux sont des « musiciens ». Ils sont en outre dotés de la parole et savent même « justifier » la raison de leurs démarches ainsi qu’exprimer des sentiments, il est ici question de « haine », de vengeance, de « chagrin », d’« humeur pacifique », de « tristesse », de « tragique »… De plus, ces derniers disposent d’un système politique bien agencé d’après les critères humains, ils tiennent des « États », ils disposent d’un « gouvernement », d’« élections » et même d’un « roi ». Ce mélange de caractéristiques animales et humaines incite donc Cyrano de Bergerac à adopter avec humour certaines expressions figurées de la société dans laquelle nous vivons à ce nouvel univers. Ainsi, « mourir de chagrin » devient l’amusant pléonasme « mort triste », « être pieds et poings liés » devient « pieds et ailes liés » et l’expression « jeter à l’eau » nous rappelle l’expression « faire tomber le roi ».

        Deuxièmement, si bien qu’il réponde au titre de « roi », le « souverain » est en tout point opposé au roi qui règne alors en France, comme le souligne l’erreur du narrateur qui prend l’aigle pour le roi et qui « sottement » comme lui dit la pie souhaite se « mettre a genoux devant lui ». De plus, le groupe ternaire de superlatifs qualifiants le roi , « le plus faible, le plus doux, le plus pacifique » sont trois qualités explicitées dans la fin du paragraphe qui s’opposent à un autre groupe ternaires caractérisant les souverains des hommes « aux plus forts, aux plus grands, aux plus cruels ».

        Enfin, certaines pratiques semblent étranges, comme le « supplice de la mort triste » ou encore la musique. En effet, cette dernière n’a ici pas pour objectif de divertir ou de plaire sinon de produire des effets psychosomatiques  qui « désordonnant l’économie de ses organes en lui pressant le coeur » et ce jusqu’à la mort.

        

        Cependant, derrière cette fantaisie, à travers le discours didactique de la pie, se dessine l’image d’une vie politique et sociale idéale, pleine de sagesse, en tout point contraire à celle des hommes. En effet, l’organisation politique décrite correspond à celle d’une république démocratique. Cette dernière repose sur une « élection » à laquelle participe l’ensemble du peuple « nous...choisissons » ce qui renvoie au fameux suffrage universel comme le souligne la fréquence du pronom « nous » et les expressions « où tout le monde est reçu » et « tous les oiseaux ». De plus, cette vie politique est précisément balisée et réglée. Les élections sont relativement fréquentes « tous les six mois » et c’est « chaque semaine » que se « tiennent les États » qui durent « une journée » et se déroulent toujours dans un même lieu « au sommet du grand if », ainsi les procès se tiennent lors de ces États car le « grand if » peut ici être rapproché au chêne qui est l’arbre de la justice.

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