Comentaire de EN SENTINELLE
Commentaire de texte : Comentaire de EN SENTINELLE. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar matte8283 • 5 Février 2019 • Commentaire de texte • 2 323 Mots (10 Pages) • 7 175 Vues
CORRIGE DU COMMENTAIRE DE « EN SENTINELLE » DE FREDERIC BROWN
Problématique : En quoi cette nouvelle de science-ñction a-t-elle une portée satirique ?
Un récit de science-fiction
1) Le cadre spatio=temporel
L'ensemble du texte, par le champ lexical de « l'Univers » avec les références à « un étrange Soleil bleu », « la pesanteur », « la Galaxie », Ie « Cosmos », les « douze mille planètes » et le « monde étranger » mais aussi 'les « astronefs » qui par déñnition sont des véhicules spatiaux, nous entraîne dans l'univers de Ia science-ñction, genre narratif qui
prend souvent l'espace comme cadre du récit. La « planète » sur “laquelle l’action se déroule n'est pas nommée. D’ailleurs le personnage
principal n'en « avait jamais entendu parler avant qu'on l'y dépose ». Elle nous paraît, de fait, paridentiñcation au héros du récit, étrangère comme le précise ‘l'expression « monde étranger » et ‘la référence au « Soleil bleu » renforce cette impression. De plus cette planète semble hostile. Le narrateur ila qualifie de « saloperie de planète ». Le recours à un terme vulgaire fort dépréciatif souligne cette hostilité suggérée dès 'la première phrase de :la nouvelle par les adjectifs « trempé », « boueux » et « gelé » qui qualifient certes |e personnage, mais induisent le caractère inhospitalier de ce lieu humide et froid. Ces adjectifs sont repris dans la deuxième moitié du texte où il est fait mention d' « un vent féroce [qui]1lui glaçait les yeux ». Cette planète ne semble avoir aucun intérêt si ce n’est |a présence des « Autres » et l’expression ironique « sol sacré » basée sur i'antiphrase le confirme. Elle n’est qu’un « îlot[] » dans l'océan du cosmos ». Le diminutif « îlots », au pluriel dans le texte, la noie dans l'ensemble des planètes mineures de l‘univers, ce que renforce l'hyperbole des « douze mille planètes déjà conquises ». Les indications temporelles renvoient elles aussi à Ia science-fiction: « cinquante mille années-lumière » expression citée deux fois dans ce court texte, « plusieurs dizaines de milliers d'années » nous projettent dans un récit d'anticipation, comme le suggère aussi ia référence à « Ia colonisation des douze mille planètes déjà conquises ».
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2) Le contexte
Le récit expose une guerre interplanétaire avec un champ lexical développé dès le deuxième paragraphe avec le mot « guerre », repris en écho par l'expression « guerre de position » mais aussi « pilotes » et « astronefs » supposant des combats aériens, « armes toujours plus perfectionnées », « fantassins », « piétaille » évoquant aussi i'infanterie au sol, ou encore « hostilités », « ouvert le feu », « combats féroces et acharnés », « manœuvre »...
La dimension universelle de cette guerre de conquête est soulignée par sa durée « plusieurs dizaines de milliers d'années » et par Ia « colonisation des douze miiie pianètes
déjà conquises ». Les données chiffrées hyperboiiques soutiennent que cette guerre n’a ni
limites spatiales, ni limites temporelles. lci il s’agit donc d’un tout petit épisode anecdotique de cette guerre qui par son universalité et intemporalité suppose l'engagement de millions de combattants alors que
l'on suit dans cette nouvelle le combat d'un seul « en alerte, ‘le doigt sur la détente ».
La structure est particulièrement rigoureuse et crée un effet dramatique. La situation initiale à l'imparfait présente l’état du personnage principal et le cadre. Par analepse le narrateur expose, au plus-que-parfait, le début du conflit, dans lequel le personnage est impliqué pour revenir à Ia situation globale au cinquième paragraphe (§ central). La reprise du premier § permet de focaliser à nouveau l'attention sur le personnage en attente, statique, puisqu'il est sujet de verbes d'état. Le dernier § au passé simple crée la rupture, entraînant le personnage et le lecteur dans l'action pour terminer par une chute inattendue.
3) Des personnages antagonistes
Le personnage principal n'est pas nommé bien que le narrateur soit omniscient. Seul le pronom personnel « il » est employé. Les seuls éléments descriptifs interviennent au début du texte « 'Il était trempé et tout boueux, il avait faim et il était ge'lé » repris en écho au début du cinquième paragraphe. C'est à cet instant qu'il est fait référence à ses « yeux ».
Il est seul, isolé, comme sa fonction de « sentinelle » l’indique en écho au titre même de la nouvelle. Il est très loin de « chez lui » et « son foyer » lui manque.
ll est un simple soldat comme le discours indirect «libre ile suggère. Il fait partie des « fantassins », de « :la piétaille », terme péjoratif par opposition aux « pilotes‘l...] dans leurs beaux astronefs » et à ceux qui décident de son sort désignés par :l’indéfini « on ». Mais «il est aussi un élément important de cette guerre jouant un rôle crucial en tant que « sentinelle » pour il'ensemble des siens comme le souligne l'adjectif « vital » dans « la moindre position tenue par une sentinelle devenait un élément vital du dispositif d'ensemble ». Toutefois le terme « dispositif » laisse supposer qu'il n’est qu'un rouage d'une machine.
Il est opposé aux « Autres ». Le pronom indéñni au pluriel entre guillemets et en italiques pour les première et deuxième occurrences les présente comme des étrangers, des extra= terrestres. Et Ila description qui en est faite au second paragraphe les montrant comme « des êtres monstrueux; cruels, hideux, ignobles » en usant de l'accumulation d'adjectifs dépréciatifs hyperboliques, semble confirmer cette idée même si paradoxalement ou ironiquement on les présente‘comme « la seule race douée de raison dans toute la Galaxie » qui relève de l'antiphrase. Toutefois ils ne sont pas dépourvus de sens tactique puisque certains tentent « une manœuvre d’infiltration ». La fin de la nouvelle, avant la chute, iles dépeint sous les traits d' « êtres vraiment trop répugnants » en jouant encore sur les hyperboles ironiques. Même dans la mort ils semblent effrayants comme 'le souligne leur « râle », « ce bruit affreux et étrange ». Mais la dernière phrase vient tout bouleverser en les présentant avec « deux bras seulement et deux jambes, et une peau d'un blanc écoeura nt, nue et sans écailles », c'est-à-dire en faisant la description sommaire d'êtres humains. C'est à ce moment-là que le lecteur comprend par déduction que le personnage principal n’est pas humain et Ia description en négatif l'amène à une autre vision, celle d'un alien à écailles et bras multiples, alimentant de fait 'la réflexion puisque le narrateur a pris soin de tromper le 'lecteur du début de 'la nouvelle jusqu'à Ila dernière phrase qui en constitue la chute.
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