Charles Fourier et le Phalanstère

Charles Fourier

        Charles Fourier est né en 1772 à Besançon, il renonce à la carrière de commerçant à laquelle il était destiné et se consacre à la philosophie.

        Il publie notamment en 1829 un ouvrage intitulé Le Nouveau Monde industriel et sociétaire, dans lequel il expose sa théorie. Des disciples se rassemblent autour de lui.

        Il continue néanmoins de travailler dans le commerce, ce qui lui permet d'avoir une bonne connaissance de la réalité économique française et internationale.

        Il meurt en 1837 à Paris.

Le socialisme utopique de Fourier

        Fourier est parti du constat de la réalité sociale de son époque, marquée par l'industrialisation et le commerce. Ils sont basés sur le système libéral de la libre concurrence et sur le capitalisme qui, pour Fourier, ont dégradé la société.

        La richesse concentrée dans les mains de quelques uns, la grande masse des ouvriers et employés travaillant dur, dans des conditions souvent déplorables, gagnant tout juste de quoi faire vivre leur famille. Ils sont démoralisés par un travail monotone, qui ne leur laisse ni temps ni énergie pour des loisirs qui leur permettraient de s'épanouir en tant qu'hommes.

        Il nomme cela une « dysharmonie » intolérable. Il considère en effet que Dieu a créé un monde harmonieux, comme le prouvent :

• le mouvement des astres, suivant des lois mathématiques qui les empêchent de s'entrechoquer
• le fonctionnement du corps, où chaque organe accompli sa fonction, permettant à l'ensemble de fonctionner harmonieusement
• le règne animal, où l'équilibre des instincts permet la cohabitation et préservation de chaque espèce.

        Seul le monde social est chaotique : la société industrielle du début du 19ème siècle est un désordre social, où quelques uns prospèrent et construisent leur bonheur sur l'asservissement de masses laborieuses. L'injustice et l'incohérence règnent dans ce qu'il appelle la « civilisation », le système est immoral.

        Outre la justice et la cohérence, Fourier place au centre de ses réflexion le désir que chaque individu puisse s'épanouir et avoir sa part au bonheur. Il va donc inventer un système où chacun pourra réaliser ses désirs, se perfectionnant moralement, dans une harmonie générale. Il souhaite rétablir cette harmonie dans le monde social, qu'il considère être la destination de l'homme.  

        Il donne beaucoup d'importance aux passions : il considère comme une insulte à Dieu et aux homme de les empêcher de s'exprimer, d'interdire aux hommes de réaliser leurs désirs. Or il constate, dans la société, que chaque classe sociale a une morale basée sur le rejet des passions. Cette fausse morale les condamne au malheur et les empêche de se perfectionner. L'organisation sociale harmonieuse doit donc permettre aux hommes de suivre et cultiver leur passion, et c'est en rassemblant des hommes aux passions complémentaires que l'équilibre peut se trouver. Les passions des uns et des autres se ne contredisent mais se complètent, les hommes s'encourageant les uns les autres. L'émulation est la clé de cette harmonie.

        NB. Contrairement à certains courants du socialisme, Fourier n'est pas athée. Il considère que la morale de la société contemporaine est une fausse morale, faite d'hypocrisie et de mensonge qui va à l'encontre de la volonté de Dieu. Il fonde son système sur une vision très personnelle de la religion. Le Fouriérisme est donc un courant de pensée qui a un versant religieux très fort.

Le Phalanstère de Fourier

        Le phalanstère est la proposition d'un système concret, appliquant les principes d'harmonie. Fourier espère par là permettre la réalisation de cette harmonie sociale à grande échelle, et la fin d'un système injuste et asservissant.

        Le phalanstère repose sur la libre association (donc volontaire) de plusieurs centaines de familles, et sur un accord affectueux des membres entre eux. Concrètement, c'est un ensemble de bâtisses (logements, ateliers, bâtiments destinés aux loisirs, cuisines etc.) construite sur un vaste terrain agricole. 

        Un souci architectural y préside : il doit assurer une libre circulation et les rencontres par tous les temps, ainsi que l'agrément aux membres : arcades, grandes galeries, cours intérieures, jardins. Des lieux agréables conçus pour le bien-être et l'émulation des membres.

        L'organisation du phalanstère a pour but de favoriser l'activité et la vertu : pour Fourier ce sont les deux qualités essentielles de l'homme, que la société capitaliste a perverties.

        Le phalanstère est une association des travailleurs et de leur famille, centrée sur la production, la distribution et la consommation des biens nécessaires ; elle a pour but de rétablir l'harmonie sociale que la fausse morale et le capitalisme auraient détruite. De plus, le phalanstère doit permettre une meilleure efficacité dans la production, grâce aux efforts volontaires et redoublés des travailleurs et à une organisation cohérente qui évite de gâcher énergie, talents et richesses.

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