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CAMUS, L’Etranger, Incipit, 1942

Commentaire de texte : CAMUS, L’Etranger, Incipit, 1942. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Février 2021  •  Commentaire de texte  •  1 040 Mots (5 Pages)  •  546 Vues

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CAMUS, L’Etranger, Incipit, 1942

Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.

L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d’Alger. Je prendrai l’autobus à deux heures et j’arriverai dans l’après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J’ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n’avait pas l’air content. Je lui ai même dit : « Ce n’est pas de ma faute. » Il n’a pas répondu. J’ai pensé alors que je n’aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n’avais pas à m’excuser. C’était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte. Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle.

J’ai pris l’autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m’a dit : « On n’a qu’une mère. » Quand je suis parti, ils m’ont accompagné à la porte. J’étais un peu étourdi parce qu’il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois.

J’ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, c’est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l’odeur d’essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. J’ai dormi pendant presque tout le trajet. Et quand je me suis réveillé, j’étais tassé contre un militaire qui m’a souri et qui m’a demandé si je venais de loin. J’ai dit « oui » pour n’avoir plus à parler.

Un incipit déroutant

A/ L’absence de repérages

Lieu indiqué : Algérie / Marengo

Mais temps déréalisé : saturation des marqueurs temporels (aujourd’hui, hier, demain, dans deux jours, à 2h) mais aucun ne renvoie à une période que l’on peut dater. Idem de la mort de l’oncle d’Emmanuel : indéfini « quelques mois »

Absence de nom / portrait du héros : point de vue interne, « je » mais non nommé. Idem de son travail : a un patron mais on ignore son activité.

B/ Un début abrupt

Phrases courtes du début : décès de la mère = événement tragique fort. = semble annoncé un axe du récit mais qui en réalité n’est pas traité.

Contradiction entre « maman », terme affectueux, et le refus d’être affecté par cette disparition. « cela ne veut rien dire »

Ven 24/03

Termes péjoratifs pour désigner la maison de retraite : asile / asile de vieillards = laisse deviner une absence d’empathie pour sa mère.

C/ Des ellipses étranges

Ellipse entre le moment de la demande de congés « je prendrai l’autobus » et l’autobus pris « j’ai pris l’autobus ». Ellipse du moment au restaurant : « ai couru pour ne pas être en retard ». Ellipse du trajet en bus : « ai dormi presque tout le trajet »

Et au contraire, surenchère de détails sur des éléments périphériques qui ne sont pas au cœur de l’histoire :

Entrevue avec le patron : discours direct pour restituer la scène. + Interprétation

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