Bel Ami, un "roman Noir" ?

Dans la présentation de Bel-Ami pour l’édition de la Pléiade, Louis Forestier écrit : « Ce roman de la réussite est aussi un roman noir ».

Votre lecture et votre étude du roman vous permettent-elles de justifier cette affirmation ?

                                                        A la seconde moitié du XIXe siècle, naît en France un mouvement littéraire singulier : le réalisme, où les romanciers peignent avec force et vérité la réalité de la vie à leur époque, notamment dans des romans, qui constituent un miroir où se reflète les sociétés contemporaines. Parmi ces auteurs nous pouvons citer Maupassant, qui projette dans le roman Bel-Ami l’ambition du protagoniste, Georges Duroy, abordé d’un point de vue particulier. En effet, Maupassant met en scène la réussite d’un homme qui part de très bas et qui successivement par ses atouts de séduction est en passe d’arriver à une haute situation sociale. Néanmoins, l’auteur à une approche unique avec le récit, structuré de manière à mettre en évidence l’intrigue, spécifique au roman à suspense.                                                                                                                                      Nous sommes en droit de nous demander si l’affirmation de Louis Forestier, critique littéraire pour l’édition de la Pléiade, est défendable : « Ce roman de la réussite est aussi un roman noir ». Le roman noir est un sous genre à part entière du Polar, soit du roman policier, qui orchestre par une intrigue la réalité sociale des personnages intervenants, sous forme d’un roman énigmatique. Nous verrons si notre lecture et notre étude du roman nous permettent de justifier l’affirmation de Louis Forestier. Nous verrons dans une première partie comment Maupassant installe et décrit la réussite du personnage de Bel-Ami. Et par la suite nous verrons si la description du personnage et du cadre spatio-temporel du roman, fait de ce dernier un roman noir.

                                                                    Maupassant, dès le début du roman, nous donne toutes les informations utiles sur Georges Duroy, qui nous en annonce beaucoup sur les atouts du personnage et son ambition. En effet, le protagoniste est décrit comme un grand séducteur possédant un charme favorable à son ascension sociale.                                                                                                                                                             De même, le personnage de Bel-Ami est paradoxal. Son charme, dont il fait usage, laisse à penser sur ses réels sentiments. En outre, l’intérêt des relations amoureuses qu’il entretien avec les femmes est souvent indéterminable, comme dans le cas de sa relation avec Virginie Walter, dont la beauté malgré son âge, charme Georges Duroy, qui oublie ses scrupules lorsqu’il s’agit d’épouser Suzanne, sa fille, évènement qui marque notamment la fin du roman, l’apogée de la réussite du personnage principale. Bel-Ami, se sert des femmes, de l’incipit jusqu’à l’excipit du roman chacune d’entre elles constituent et représentent pour Georges Duroy un moyen de s’enrichir. En effet, du début à la fin, le protagoniste avance dans la pyramide sociale, par un chemin ; une idée dont le romancier peint l’image avec beaucoup de précisions. En effet dès l’incipit, qui débute in media res, Bel-Ami passe par des foules parfois rudes à traverser, et pense au grand Paris, comme un objectif à atteindre. Et dans l’excipit, en sortant de l’Eglise de la Madeleine, la description de Maupassant nous dévoile le succès de Bel-Ami, exposé face au Palais-Bourbon, et donc le personnage insatiable de Georges Duroy, toujours en quête de réussite. De plus, l’attention que portent Georges Duroy pour Clothilde de Marelle à la fin du roman, montre qu’il s’intéresse encore aux femmes, qui, comme nous l’avons vu sont intimement liés avec l’argent et la réussite. Maupassant, lève un voile de manière explicite sur le rapport sexuel entretenu par Bel-Ami et Mme de Marelle, qui communique au lecteur que Georges Duroy ne met pas fin à son élévation dans la société.

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