Beckett, En attendant godot, scène d'exposition
Commentaire de texte : Beckett, En attendant godot, scène d'exposition. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Bruno Villet • 14 Juin 2016 • Commentaire de texte • 929 Mots (4 Pages) • 6 356 Vues
En attendant Godot.
Le théâtre de l’absurde naît au lendemain de la seconde Guerre Mondiale et propose une vision grotesque, inquiétante et dérangeante de la condition humaine. Beckett, dramaturge irlandais est une figure majeure du théâtre de l’absurde, il écrit « en attendant Godot », sa première pièce en français en 1952, il y livre une vision absurde de la condition humaine. Le passage étudié se situe au tout début de la pièce, il s’agit de la scène d’exposition, on assiste à un dialogue monotone entre deux personnage : Vladimir et Estragon.
En quoi est-ce une scène d’exposition originale ?
- Une scène d’exposition qui transgresse les règles traditionnelles.
Traditionnellement, une scène d’exposition doit donner au spectateur des éléments nécessaires à la compréhension de la situation initiale : lieux, époque, personnages, intrigue… Ici, seules quelques informations très imprécises sont données.
- Le cadre spatio-temporel.
- Le lieu : « route de campagne avec arbre », lieux désert, un no man’s land.
- La pièce pourrait se passer n’importe où, l’absence d’article donne l’impression qu’il s’agit d’un espace vague.
- Les éléments banals du décor « pierre », « arbre », « route » ne permettent pas d’apporter plus de précision au décor.
- La route qui est un lieu de passage symbole de destin s’oppose à la statique des personnages. Estragon est assis sur la pierre dès le début de la scène, les personnages semblent installés dans cet espace depuis longtemps, ils ont leurs habitudes : se faire battre par les même personnes « toujours les mêmes ? ».
- Cela semble être un point d’encrage : Vladimir pensait avoir été abandonné « Partit pour toujours ». Ils ne s’intéressent pas aux alentours : Vladimir est étonné de savoir qu’il y a un fossé pas loin « Un fossé ! Ou ça ? »
- Le temps : « soir » : absence d’article montre qu’il s’agit d’un soir comme les autres.
- Impression que la scène ne commence pas mais qu’elle recommence.
- Époque indéterminée, la seule indication correspond au passé des personnages (époque glorieuse et perdue) qui s’oppose à la situation actuelle. « Le soir » symbolise cette fin.
- On a l’impression que les personnages sont en stagnation, ils attendent quelque choses : titre “En attendant Godot” champs lexical de la répétition “recommence, à nouveau, te revoilà” jeux de scène répétitif.
- Répétition des thermes rien “rien à faire”, “rien à voir” qui montre l’absence d’action.
Le temps apparaît donc comme figé dans le présent qui ne tend vers aucun projet futur.
- Les personnages.
- On apprend très peu de chose concernant les personnages, ils apparaissent comme des antihéros.
- Ce sont sûrement des vagabonds: Le spectateur ne connaît qu’un seul nom des deux personnages, on ne connaît pas leurs âges, leur profession, leur situation familiales
- Beckett va à l’encontre du théâtre classique, ces héros sont des petit gens pas soignés qui dorment dans un fossé.
- Ils ont un passé commun “On portait beau. maintenant il est trop tard”. ce sont peut-être de vieux amis comme en témoigne leur relation basée sur l’affection et l’irritation.
- estragon est plus terre à terre “chaussure” tandis que Vladimir parait plus dans la réflexion “Chapeau”.
- L’intrigue.
- Il n’y a pas d’action dans cette scène d’exposition, le dialogue est monotone.
- Ce sont des retrouvailles qui pourrait constituer le point de départ d’une nouvelle action mais ici, on ne sait pas pourquoi les personnages sont la ni ce qui pourrait se passer.
- La première réplique “rien à faire” et la dernière « il n'y a rien à voir » témoigne la suite de la pièce.
- Du comique au tragique.
- Des personnages clownesques.
Estragon et Vladimir apparaissent ici comme des clowns à la fois drôles et tragiques.
- Les noms des personnages : Estragon (plante aromatique), Vladimir sont des noms peu communs.
- Ils apparaissent comme des pantins : gestuelle est saccadée et répétitive (estragon essayant d'enlever sa chaussure, et Vladimir regardant trois fois l'intérieur de son chapeau.), « Vladimir s'approchant à petits pas raides, les jambes écartées »
- Ils changent d'état très rapidement tel des enfants : Vladimir est froissé, accablé puis épaté avant de s'exprimer avec vivacité, emportement, emphase puis les yeux rouges.
- Le rythme de leur parole qui se répond au tac au tac apparaît mécanique.
- Estragon et Vladimir semblent opposés, (Indifférence d'Estragon qui ne répond pas à l’intérêt de Vladimir), leur préoccupations ne sont pas les même.
- Un aspect tragique.
- On observe le champ lexical de la mort et de la souffrance « petit tas d’ossements », « c'est trop pour un seul homme », « tu as mal », « épouvanté ».
- Les personnages sont pauvres, ce sont des clochards, ils dorment dans des fossés, se font battre régulièrement ...
- Appel au secours « Aide moi »
- Clowns : faire rire par ses échecs tragiques.
- Evocation du suicide « on se serait jeté en bas de la tour Eiffel ».
- Enjeux et signification de la scène.
La scène apparait comme insipide, sans action, des antihéros, un dialogue monotone, un décor désertique et minimalisé. Mais tous les thèmes de la pièce sont exposés dans cette scène d'exposition : non-sens de la vie, absurdité de la condition humaine.
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