Barbier de Seville Acte I scène 2
Commentaire de texte : Barbier de Seville Acte I scène 2. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar claire.roux • 15 Avril 2020 • Commentaire de texte • 1 276 Mots (6 Pages) • 2 212 Vues
Beaumarchais, Le Barbier de Séville, 1775
acte I scène 2
Le Barbier de Séville est une comédie écrite en 1775 par Beaumarchais. C’est la première pièce de la trilogie du Roman de la famille Almavia, suivie par Le Mariage de Figaro et La Mère coupable. Figaro, le valet, est le personnage central de la trilogie. Cette scène 2 de l’acte I est une scène d’exposition qui présente les personnages et l’intrigue. Dans cet extrait, Figaro rencontre son ancien maître par hasard et lui donne de ses nouvelles.
Dans la comédie, les valets représentent le petit peuple et contrastent avec leurs maîtres issus de la bourgeoisie. Mais l’image du valet a évolué avec son époque. Dans le théâtre du XVIIIème siècle, les valets ne sont plus les esclaves de la comédie antique, ils deviennent souvent un personnage qui critique de la société. En quoi Figaro est-il un valet du siècle des lumières ? Nous verrons d’abord que Figaro est un valet qui conteste les injustices. Puis que sa philosophie de vie lui permet de résister par l’humour aux difficultés.
Figaro est un héros picaresque dont les aventures donnent l’occasion de contester l’ordre social établi. Au début de l’extrait, la relation maître/valet semble respectée. La soumission du valet est suggérée dans les termes employés par Figaro pour s’adresser au comte : l’hyperbole « Excellence » L2, ou le terme « maître » L3. Figaro vouvoie le comte alors qu’il le tutoie. Et Figaro lui renouvelle sa loyauté : il et se dit « prêt à servir de nouveau […] en tout ce qu’il lui plaira d’ordonner »
Mais cette infériorité n’est qu’une apparence. Les spectateurs savent que Figaro est le personnage principal puisqu’ils connaissent le titre de la pièce : « Le barbier de Séville ». Figaro monopolise la parole pendant tout l’extrait avec une longue tirade de la ligne 2 à 21, et en fait preuve d’une grande dextérité verbale avec, par exemple, l’utilisation de la périphrase « abîmé de dettes et léger d’argent » L11 pour parler de la pauvreté. Ainsi le valet prend sa revanche sur le maître en affirmant sa supériorité malgré sa classe sociale inférieure.
Figaro dénonce les injustices courantes à l’époque dans le monde des lettres. Les journalistes et les critiques décident de la valeur d’une œuvre.
Il les compare à des animaux « des loups ». Puis à des insectes. Pour cela il utilise une métaphore qu’il renforce par une gradation de termes d’intensité dépréciative croissante : « insectes, moustiques, cousins, maringouins » L6. Cette gradation souligne l’ampleur de l’injustice. Pour renforcer l’accusation, Figaro énumère ses ennemis : « les envieux, les feuillistes, les libraires, les censeurs ». Tous vont « sucer le peu de substance qu’il leur restait » L9 comme des parasites. Cette métaphore filée signifie que les critiques ne valent pas mieux que des parasites qui se nourrissent du sang des auteurs.
Figaro utilise plusieurs antithèses. « accueilli/emprisonnés » L15, « loué par ceux-ci/blâmé par ceux-là » L16 « aidant/supportant »L17. Elles montrent la contradiction entre la vraie valeur des œuvres et les préjugés des critiques et dénoncent le manque d’impartialité des critiques littéraires.
Les hommes de lettres n’ont pas la reconnaissance qu’ils méritent et sont souvent obligés d’exercer d’autres métiers pour survivre. Figaro justifie son choix dans la métonymie « l’utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume » Le rasoir représente le barbier et le peuple des artisans, la plume l’écrivain et le monde des intellectuels. A cause des critiques, Figaro a renoncé à écrire pour survivre et gagner de quoi se nourrir.
Enfin les intellectuels sont obligés de faire preuve d’un courage considérable pour s’en sortir. Pour montrer cette persévérance, Figaro résume son parcours dans une longue phrase centrale (L3 à 21) rythmée par des accumulations (exemple : « les deux Castilles, la Manche, l’Estrémadure, la Siéra-Morena, l’Andalousie ») accentuées par des constructions syntaxiques symétriques (exemple « fatigué d’écrire, ennuyé de moi, dégouté des autres, abîmé de dettes … »). Cela donne l’impression d’un rythme de vie haletant imposé par les difficultés rencontrées dans la société et confirme le parcours picaresque de Figaro.
Les auteurs sont donc victimes des critiques. Ils sont dénigrés ou censurés et doivent exercer d’autres métiers pour pouvoir vivre. Sans avoir la même origine sociale que lui, Beaumarchais s’exprime à travers le personnage de son valet Figaro. Il livre une partie de son expérience personnelle car il a lui-même exercé plusieurs emplois et subi des critiques méprisantes et la censure.
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