Apollinaire
Dissertation : Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Méloë • 27 Mai 2022 • Dissertation • 2 190 Mots (9 Pages) • 1 274 Vues
INTRO
« À la fin tu es las de ce monde ancien » : c'est par ce mouvement de rejet de ce qui lui a précédé que Guillaume Apollinaire inaugure son recueil Alcools, publié en 1913, alors que le XXe siècle s'ouvre par de nombreux bouleversements techniques et une transformation de l'espace urbain. La question « la poésie d'Apollinaire s'invente-t-elle en rejetant le passé ? » apparaît donc légitime. La poésie en tant qu'acte créatif (tel que le révèle son étymologie grecque poiesis qui signifie « création ») semble se concevoir pour Apollinaire comme une mise à distance de ce qui a été avant lui. Pour autant, de nombreux poèmes possèdent encore une facture classique et le poète ne rompt donc pas totalement avec le passé. Le passé insuffle ainsi une dimension lyrique au sein du recueil. Ce recueil témoigne du génie poétique d’Apollinaire, bien qu’il soit souvent présenté comme un poète aui rompt avec le passer Alcools nous invite à réfléchir.
Si Apollinaire rejette le passé pour mettre en valeur le temps présent, le passé revient sans cesse dans sa poésie indubitablement lyrique, de sorte que l'originalité de la poésie d'Apollinaire se conçoit dans sa dimension atemporelle en ce qu'elle s'invente elle-même.
I Rejet du passé
De manière évidente le recueil Alcools s’impose comme une œuvre résolument moderne qui veut rejeter le passé, de par sa forme et ses thèmes et ses inspirations artistiques contemporaines Dans le recueil, le poète se présente sous la forme d'une figure errante, et ce dès le poème liminaire « Zone » qui retrace la déambulation nocturne du poète dans une ville qui n'a plus rien d' « antique ». De fait, le titre renvoie à la transformation urbaine que subit Paris au début du xxe siècle en évoquant son extension vers la périphérie. Cette longue échappée illustre donc la volonté de se libérer du passé pour rejoindre un avenir autre.
- De par sa forme
Tout d’abord il est innovent de par sa forme. Si initialement Apollinaire avait écrit les poèmes avec la ponctuation, il l’a retirée par la suite. Il offre ainsi au lecteur une plus grande liberté de circulation dans le texte mais aussi une plus grande latitude dans l’interprétation du texte. Ce geste poétique est très fort car Apollinaire s’affranchit ainsi de siècles de tradition poétique. De cette façon il offre la primauté au rythme musical sur la grammaire et la syntaxe notamment la longueur des vers et des strophes. Les vers court et longs s’alternent ainsi que des strophes de différentes taille qui peuvent même se réduire à un vers unique comme dans « Chantre ». En effet Apollinaire privilégie les sons en jouant sur le rythme grâce aux vers libres, qu’il est la premier à utiliser, et en privilégiant l’allitération et l’assonance aux rimes. De plus L’organisation du recueil est incongrue, elle ne suit pas l’ordre chronologique, le premier poème « zone » par exemple est le plus récent du recueil. En outre il veut surprendre en s’inspirant des artistes de son époque, on voit des début de poème dessinés avec le blanc typographique d’ « automne malade ».
b) De par ses thèmes
Ensuite le recueil est moderne de par ses thèmes inspirés de la vie moderne. La poésie de G. Apollinaire rend compte du bouleversement vécu à l'orée du xxe siècle par ses contemporains. Tout change en effet : la ville vit désormais au sein d'un rythme frénétique induit par les communications et les transports en effet dans « zone » les automobiles modernes sont déjà qualifier « d’anciennes »ou dans « le voyageur » « les villes que j’ai vu courraient comme des folles » tant le changement est rapide. Dans « Le voyageur » il rend compte des « Sonneries électriques des gares chant des moissonneuses ». Il s'agit bien pour l'artiste de retranscrire dans son œuvre cette métamorphose provoquée par le monde moderne. Or, celle-ci est marquée par un renouvellement des pratiques artistiques : le monde change et l'on ne peut plus le voir de la même manière. Lui choisit de le célébrer. En effet en tant que chef de fil de l’esprit nouveau il suit ses règles qu’il énonce lui-même lors d’une conférence en 1917. Ainsi il célèbre son quotidien, ses déambulation dans Paris dans « zone », il est attentif aux modifications du paysage urbains, aux nouvelles rues qui apparaissent « située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue des Ternes », et il rend hommage aux nouveaux moyens de communication « Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut ». De surcroît il se montre fasciné par l’industrialisation « J’aime la grace de cette rue industrielle » et les innovations technologique tel que la Tour Eiffel . En somme il étonne le lecteur avec son approche inédite de la poésie par son ouverture à un paysage urbain marginal.
c) Il s’inspire des artistes de son époque
Par ailleurs, le poète est visionnaire il fréquente des artistes et aime la peinture. Cet attrait pour l’art, Apollinaire s’en sert pour nous surprendre avec des débuts de poèmes dessinés comme dans « Automne Malade », il utilise la blanc typographique dans la dernière strophe afin de montrer un écoulement du temps « Les feuilles qu’on foule Un train qui roule La vie s’écoule ». Nous savons d’ailleurs que par la suite le poète aboutira à des calligrammes avec le recueil Calligrammes. L’artiste Louis Marcoussis a même illustré le poème « eau forte-forte » d’Alcools, Apollinaire aime explorer les liens du langage poétique et du langage pictural. Ainsi durant sa conférence sur « l’esprit nouveau » il déclare « l’esprit nouveau qui gonfle de vie l’univers, se manifestera formidablement dans les lettres, dans les arts, et dans toutes les choses qui l’on connaisse » et admet que « l’esprit nouveau » doit bouleverser la poésie mais aussi l’art en général.
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