Analyse Acte I scène 1 Ubu Roi

Analyse Acte I scène 1 Ubu Roi

introduction :

Présenté pour la première fois au théâtre en 1896, la pièce Ubu Roi d'Alfred Jarry est l'aboutissement de longues années d'écriture. Le personnage éponyme est inspiré du professeur de physique du lycée de Rennes , dont les élèves écrivent les aventures sous forme de récit. Jarry s'empare du texte et lui donne sa forme théâtrale, lui permettant ainsi d'accéder au statut de véritable personnage littéraire. L'acte I scène 1 ouvre cette pièce qui nous dévoile les aventures du tyran farcesque manipulé par sa femme. Dans quelle mesure cette scène remplit-elle son rôle de scène d'exposition ?

Nous verrons dans un premier temps que cette scène nous présente les personnages, puis dans un deuxième temps qu'elle annonce surtout au spectateur une farce provocatrice.

I- Présentation des personnages :

1/ PU : un personnage brutal

-caractère : vulgarité ( répétition « merdre » ) , violent (champ lexical) , soumis à des appétits bas (ses jurons et son costume expriment une soumission au ventre). Ce qui l'intéresse dans le fait d'être roi est surtout les attributs du roi, signe de son manque de réflexion. Personnage scatologique.

-position sociale : énumération de ses titres/ soumission apparente au roi Venceslas dans la première partie du texte « légion d'enfants », il dit d'abord « vous me faites injure » pour signifier qu'il veut être fidèle à ce roi.

2/MU une femme manipulatrice:

- questions pour faire réfléchir son mari/ énumération des objets qui l'intéressent/ lui tient tête en lui renvoyant des injures/ voc aussi pour le rabaisser et exciter sa colère

-une ambitieuse contrainte : mère Ubu est tenue par sa condition de femme qu'elle rappelle « raccommoder les fonds de culotte »

→ ce qui caractérise ce couple, c'est sa vulgarité commune et son ancrage dans le matériel. On retrouve aussi l'idée de l'homme poussé à devenir tyran par une femme (Néron, Macbeth…)

Dès le début, cette pièce s'annonce donc comme une farce parodique et provocante

II- Une farce provocatrice

1/ un comique farcesque

-comique de mots : vulgarités qui peuvent choquer, mais qui sont rendues drôles par les déformations (merDRE) et le mélange avec des mots qui évoquent un langage ancien (estes)

-comique de caractère avec des personnages poussés par leurs bas appétits pour des richesses inutiles.

-comique de gestes apporté par les didascalies et les indications de jeu interne aux répliques (par exemple, « que ne vous assom'je » suggère que Père Ubu lève la main sur sa femme, mais qu'elle l'arrête). Ces gestes sont suggérés aussi par  nombreuses interjections « Ah ! » « Oh ! » « Eh ! ». Les accessoires évoqués par les personnages renvoient aussi au carnaval (période pendant laquelle on peut renverser les normes -inversion féminin masculin- bienséances vulgarité…)

cette pièce est donc un jeu !

2/ une parodie :

-on retrouve les schémas d'intrigue politique complotant l'assassinat d'un souverain (Mac Beth, Hernani, Hamlet…) mais ici pas de subtilité : vocabulaire de la violence « massacrer », « passer un mauvais quart d'heure.

-une scène de ménage : insultes / claquements de portes, des stichomythies. Tous ces éléments sont caractéristiques du Vaudeville contemporain d'Ubu Roi

-une illustration d'un célèbre aphorisme de Montaigne « Sur le plus beau trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul !" (Essais III, 10) plus exactement « Et au plus élevé throne du monde, sis ne sommes assis, que sus notre cul »

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