Amours, Ronsard sonnet 20.
Analyse sectorielle : Amours, Ronsard sonnet 20.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar POpanda • 2 Mai 2022 • Analyse sectorielle • 1 371 Mots (6 Pages) • 4 427 Vues
Amours, Ronsard sonnet 20.
Lecture linéaire :
Problématique : « Quelle utilisation Ronsard fait-il des motifs mythologiques pour exprimer son désir pour Cassandre ? »
Mouvement 1 : le poète dans la première strophe imagine sa métamorphose en pluie d’or qui lui permettrait, tel Zeus avec Danaé, d’atteindre sa belle cassandre | ||
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Je voudrais bien richement jaunissant🡯 En pluie d’or goutte à goutte descendre🡯 Dans le beau sein de ma belle Cassandre, Lorsqu’en ses yeux le somme va glissant. | « je » : pronom personnel sujet. « bien » : adverbe d’intensité + adverbe « richement » Mode conditionnel. / enjambements (🡯) Sonorités imitent bruit des gouttes (dentales) Sonorités qui rappellent le prénom de Cassandre Répétition de l’adjectif aux deux genres et dans les deux parties du vers. (décasyllabes) Métonymie : sein Conjonction de subordination « lorsque » Allitérations en « s » : harmonie imitative Personnification | Le poète exprime un souhait (comme le conditionnel le suggère) le concernant : se métamorphoser en or ; c’est Zeus qui séduisit Danaé de cette façon. : -l’intensité du souhait est signifiée par les deux adverbes qui se renforcent. - « jaunissant » rime avec « glissant » : la métamorphose se produirait au moment où Cassandre s’endormirait ; l’enjambement évoque ce glissement et l’allitération en « s » dans le vers 4 fait écho à ce glissement. -le sommeil est par ailleurs personnifié (les Grecs personnifiait le sommeil = Hypnos, né de Nux, la Nuit. Il est souvent représenté comme un jeune homme avec des ailes fixées à ses tempes ou sur ses épaules car son vol est silencieux comme celui des oiseaux de nuit.) -la conjonction « lorsque » permet d’indiquer un moment, celui du scénario qu’imagine Ronsard ; il imagine en effet cette scène. -la beauté de Cassandre est mise en valeur à cette occasion : le vers 3 trouve son équilibre dans la répétition dans chacun des hémistiches, de « beau » et « belle » ; le mot « sein » est au milieu du vers ; Ronsard met en évidence ce signe de féminité. On peut le voir comme une métonymie, celle du corps entier de Cassandre célébré ici. Ronsard voudrait posséder la toute-puissance de Zeus pour séduire Cassandre ; cela en donne d’autant plus une image inaccessible et souligne la force du fantasme de Ronsard. |
Mouvement 2. Le poète dans la strophe 2 évoque cette fois une autre métamorphose, celle de Zeus en taureau blanc qui lui permit de conquérir Europe ; Ronsard imagine à son tour pouvoir ainsi conquérir Cassandre | |||
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Je voudrais bien au taureau blandissant🡯 Me transformer pour finement la prendre, Quand elle va par l’herbe la plus tendre🡯 Seule à l’écart mille fleurs ravissant. | Participe présent + « je »+ conditionnel Nom d’un animal puissant : taureau Enjambement Infinitifs « transformer » et « prendre » Adverbe « finement » « quand » : conjonction de subordination Deux « e » accentués Superlatif « la plus tendre » « seule » adjectif qui s’oppose à « mille fleurs » = antithèse + hyperbole « ravissant » : participe présent | 2ème métamorphose souhaitée par Ronsard ; 2ème fantasme amoureux. Il s’agit de l’évocation d’u autre mythe : Europe et Zeus (conditionnel + « je » = souhait personnel à nouveau)
Ronsard exprime clairement le désir de métamorphose dans l’infinitif « transformer » et l’allusion à l’acte sexuel est perceptible dans l’infinitif « prendre » où l’on peut aussi lire la ruse ; Zeus après avoir enlevé Europe et l’avoir conduite en Crête, l’a tout simplement violée (elle donnera naissance à Minos) Ronsard développe son scénario : « quand » ; il imagine cette scène comme la précédente. Le cadre en est bucolique* (qui a rapport avec la campagne, la vie simple et paisible des gardiens de troupeaux) On sait que la nature est une source d’inspiration pour les poètes, à toutes les époques. Dans un texte court comme le sonnet, évoquer la beauté de la nature est une difficulté ; ici Ronsard saisit simplement une image, celle de la grande douceur de l’herbe (mise en évidence par le superlatif) qui rappelle celle de Cassandre. La beauté de Cassandre est soulignée par l’enjambement ; l’adjectif « seule » s’oppose ainsi nettement à l’hyperbole « mille fleurs » ; Cassandre est la plus belle de ces fleurs. Enfin le participe « ravissant » est à double sens ici : c’est elle qui cueille les fleurs mais Ronsard veut aussi la ravir comme le fit Zeus pour Europe Cassandre est toute puissante puisque nous savons que le « ravissement » de celle-ci par Ronsard n’est qu’un fantasme ; Ronsard n’est pas Zeus ! | |
Mouvement 3. Le poète dans la strophe 3 évoque une troisième métamorphose, celle de Narcisse ; ainsi métamorphosé Ronsard imagine pouvoir plonger dans la fontaine que serait devenue Cassandre. | |||
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Je voudrais bien afin d’aiser ma peine Être un Narcisse, et elle une fontaine🡯 Pour m’y plonger une nuit à séjour | « Je » + conditionnel + adverbe « bien » « Aiser ma peine » : lexique de la douleur « un » : article indéfini = un nom de personnage de la mythologie (majuscule) Ponctuation(virgule) Enjambement Vocabulaire (lexique) du temps qui passe. | Troisième fantasme/ désir/ métamorphose. Après le désir de possession ici c’est celui de l’apaisement : l’amour inassouvi est douloureux. C’est le personnage de Narcisse qui incarne cet état amoureux. Narcisse est employé avec un article : cela aurait pu être la fleur, mais la majuscule renvoie au nom du personnage de la mythologie. L’article suggère qu’il pourrait y avoir plusieurs Narcisse ; Ronsard est l’un d’eux. Le propos de la mythologie est universel ; elle nous parle de nous. Donc : d’autres souffrent comme Ronsard. Le lien entre Cassandre et le poète est la fontaine : penser à Pégase qui a fait jaillir la fontaine Hippocrène. Elle est source de vie, source des poètes et donc de leur inspiration. Cassandre représente donc bien l’amour et l’inspiration du poète mais aussi son repos. Le verbe « plonger » renvoie à une forme d’abandon ; Ronsard voudrait s’abandonner totalement à Cassandre pour trouver le repos. |
Mouvement 4. Ronsard exprime un dernier souhait qui semble cette fois appartenir au monde des hommes et non plus des dieux. Il imagine une nuit sans fin aux côtés de Cassandre. | ||
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Et voudrais bien que cette nuit encore🡯 Durât toujours sans que jamais l’Aurore🡯 D’un front nouveau nous rallumât le jour | Conjonction de coordination « et » Conditionnel Adverbe « encore » « nuit » Enjambement Adverbe « toujours » + subjonctif de volonté Adverbe « jamais » Aurore = déesse Enjambement Subjonctif imparfait « rallumât » : volonté. Préfixe « r » dans le verbe. Opposition entre le jour et la nuit. | Dernière strophe ; la conjonction indique qu’il s’agit du terme du fantasme de Ronsard. L’adverbe et le verbe signifient que Ronsard voudrait que ce moment dure ce que souligne l’enjambement. Le désir est celui d’une nuit d’amour avec Cassandre ? le jour personnifié en Aurore ne doit donc pas se lever. Une fois encore l’enjambement met en évidence le souhait de Ronsard que la nuit dure toujours. L’antithèse entre « toujours » et « jamais » renforce l’opposition entre la nuit moment de l’amour et le jour moment où cet amour s’efface. On remarque une opposition entre le début et la fin de la strophe. La nuit est préférable au jour pour Ronsard car elle lui apporterait l’amour de Cassandre. |
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