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Albert Camus, l'Etranger, excipit

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Par   •  15 Mai 2017  •  Commentaire de texte  •  2 477 Mots (10 Pages)  •  3 737 Vues

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Mme Bettuzzi

Albert Camus, L’Etranger (1942), explicit

Lecture analytique

Introduction

L’auteur (1913-1960)

Romancier, dramaturge, essayiste et philosophe français.

Camus est né près d’Alger dans un milieu modeste. Il est orphelin de père (mort pendant la 1ère guerre mondiale). Il connaît la pauvreté, la maladie (tuberculose) et enfin la guerre, en 1939.

Il fut un journaliste militant engagé dans la Résistance française et dans les combats moraux de l'après-guerre.

Son expérience et ses prises de conscience le conduisent à formuler une doctrine, celle de la philosophe de l’absurde qu’il définit dans Le Mythe de Sisyphe (1942).

Ses romans L’Etranger (1942) et La Peste (1947), entre autres, lui permettent d’obtenir le succès.

Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1957.

L’œuvre : L’Etranger (1942)

Roman qui prend place dans la tétralogie que Camus nomme le « cycle de l’absurde ». Cette tétralogie comprend également l’essai philosophique intitulé Le Mythe de Sisyphe (1942) ainsi que les pièces de théâtre Caligula (1944) et Le Malentendu (1944). Camus veut montrer et traduire l’absurdité de la condition humaine.

L'Étranger est un roman à la première personne, qui met en scène Meursault, personnage qui incarne l'absurde. Roman en deux parties, construit autour de trois morts (mort de la mère, mort de l'Arabe, mort de Meursault).

Situation : Explicit. Meursault est condamné à mort pour le meurtre qu’il a commis. Peu de temps avant l’exécution, un aumônier pénètre dans sa cellule et tente de le réconforter et de lui proposer le secours de la religion. M. dans ce passage a deux attitudes opposées : il se révolte d’abord devant l’aumônier car il refuse la facilité du secours de la religion qui n’est pas une solution pour lui, puis il trouve l’apaisement, seul dans sa cellule.

Plan : Le passage s’articule autour de deux parties :

  • 1ère partie : révolte devant l’aumônier de la prison (jusqu’à la l. 28)
  • 2ème partie : apaisement. M. seul, après le départ de l’aumônier (depuis la l. 29)

La narration est différente : première partie : discours indirect libre, 2ème partie, récit.

Problématique : Quelle évolution connaît le personnage de Meursault ?


I  La révolte et l’affirmation de soi

1. la révolte

- L’aumônier vient voir M. dans sa cellule pour lui proposer le secours de la religion avant son exécution.

- M. dans sa cellule, a peur de la mort mais il refuse la religion et l’espoir d’une résurrection après la mort. L’aumônier lui demande (passage qui précède l’extrait) : « N’avez-vous aucun espoir et vivez-vous avec la pensée que vous allez mourir tout entier ? » et M. répond « oui » p. 178.

- Pour Camus, la religion offre une fausse solution à l’homme pour répondre à sa peur de la mort car elle n’a pas de valeur de « certitude » et il la rejette. Cette attitude est aussi celle de M. : « Il avait l'air si certain, n'est-ce pas ? Pourtant, aucune de ses certitudes ne valait un cheveu de femme » l. 4, comparaison avec un « cheveu », élément insignifiant pour souligner l’absence totale de certitude des croyances religieuses, selon le point de vue de M.

M. adopte une attitude matérialiste et athée : il ne croit pas en Dieu, ses seules certitudes sont pour lui sa vie et sa mort : « Mais j'étais sûr de moi, sûr de tout, plus sûr que lui, sûr de ma vie et de cette mort qui allait venir. Oui, je n'avais que cela. Mais du moins, je tenais cette vérité autant qu'elle me tenait » l. 7.

- M. se révolte violemment devant l’aumônier car il refuse que le prêtre prie pour lui, pour le salut de son âme : « Je me suis mis à crier à plein gosier et je l'ai insulté et je lui1 ai dit de ne pas prier. Je l'avais pris par le collet de sa soutane. » l. 2, 3. La révolte de M. est violente, comme le suggère le verbe « crever » l. 1 ou « J’étouffais en criant tout ceci » l. 26. Cette révolte se traduit par :

  • une explosion verbale : « crier à plein gosier », « insulté » l. 2. Termes de sens fort, hyperbolique ;
  • une violence gestuelle : « Je l'avais pris par le collet de sa soutane » l. 2

2. L’affirmation de soi

- Cette crise violente libère M. et lui permet de s’affirmer. Il a dorénavant conscience d’être lui-même, d’être différent et il le revendique. Il s’affirme devant l’aumônier : « Moi » l. 5, « j’étais sûr de moi » l. 6.

Cette affirmation de soi se traduit par la très forte présence de la première personne : « Moi, j’avais l’air » l. 5, 6, « Mais j’étais sûr de moi » l. 6, « Oui, je n’avais que cela » l. 7.

- M. s’affirme par rapport aux autres, il revendique ses choix et il assume son indifférence pour les autres : « Que m'importaient la mort des autres, l'amour d'une mère, que m'importaient son Dieu, les vies qu'on choisit, les destins qu'on élit, puisqu'un seul destin devait m'élire moi-même …» l. 15 à 17. Opposition entre le pronom personnel « me », « moi » et les autres individus.

- Cette affirmation de soi, qui lui permet d’être lui-même lui procure un sentiment de bien-être, de joie : « des bondissements mêlés de joie et de colère » l. 3.

- Cette première partie est rapportée essentiellement au discours indirect libre : M. semble ainsi être plus présent, plus proche de nous. Nombreuses interrogatives qui traduisent ses interrogations, ses réflexions : « Il avait l'air si certain, n'est-ce pas ? » l. 4, « Et après ? » l. 10, « Comprenait-il, comprenait-il donc ? » l. 25

L’oralité du discours est rendue aussi par les nombreuses répétitions, qui ont un effet d’insistance et qui soulignent la volonté de M. de s’affirmer et de convaincre son interlocuteur : « j'étais sûr de moi, sûr de tout, plus sûr que lui, sûr de ma vie et de cette mort qui allait venir » l. 6, « J’avais eu raison, j'avais encore raison, j’avais toujours raison » l. 8 : rythme ternaire qui souligne le plaisir de s’affirmer.

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