Yvain et le chevalier au lion, Chrétien de Troyes
Fiche : Yvain et le chevalier au lion, Chrétien de Troyes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Benjamin Le Gall • 5 Avril 2018 • Fiche • 1 788 Mots (8 Pages) • 2 133 Vues
5- Chrétien de Troyes, Yvain ou le chevalier au lion,
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Texte 5
Introduction:
Chrétien Troyes. Il y raconte comment ce chevalier tente de se racheter après sa faute : avoir préféré le combat à l’amour de sa dame. Il affronte maintes aventures en compagnie d’un lion qu’il a un jour secouru. Cet extrait se situe au début du récit : Calogrenant, le cousin d’Yvain, vient d’essuyer une honteuse défaite à la suite d’événements étranges, donc le plus effrayant est une tempête déclenchée quand on verse de l’eau sur le perron d’une fontaine. Yvain veut le venger en remportant la victoire sur le chevalier noir.
L’extrait relate d’abord les préparatifs d’Yvain, puis résume les événements déjà présents dans le récit de Calogrenant (le chemin de ronces, la fontaine…). Ensuite c’est la scène de la bataille, sur laquelle s’attarde le narrateur.
Plan proposé pour la problématique:
♦ " De quelle manière Chrétien de Troyes met-il en avant la nature héroïque du personnage d'Yvain?"
Partie 1: Les caractéristiques du roman de chevalerie
A – Inscription du récit dans une tradition orale
B – Captation du public pour le merveilleux
C– Recherche du narrateur pour plaire au public par le récit de belles batailles
Partie 2: Moteur du récit : Le goût personnel pour l’aventure d’Yvain, dont l’héroïsme provoque l’admiration
A – Le statut de héros
B – La quête personnelle d'Yvain rappelle certaines péripéties traditionnelles du conte
C – La bravoure et la vaillance d'Yvain
Conclusion
I- Les caractéristiques du roman de chevalerie
A- Inscription du récit dans une tradition orale
Cette tradition rassemble poèmes, romans courtois et chansons de geste : ce sont les troubadours qui chantent de mémoire ces poèmes narratifs. En effet, les indices d’oralités sont disséminés à travers l’extrait. Par exemple, la répétition de la formule « Monseigneur Yvain » (l.1, 6 et 19) permet à la fois de scander le récit et de ménager la mémoire du récitant. La présence du public est rappelée par exemple par cette interpellation « Vous vous en doutez » (l.12-13) ; de même le narrateur peut commenter le récit comme lorsqu’il admire la sagesse et la courtoisie du chevalier au point de ne pas trouver les mots pour le décrire. (l.17-18)
B- Captation du public pour le merveilleux
Le champ lexical du merveilleux est en effet très présent dans l’extrait : « merveilleux » (l.34) ; « merveilleuse » (l.25). Le mot merveille, son sens est fort pour qualifier ce qui provoque un fort étonnement, une surprise devant un spectacle plaisant ou déplaisant. Ici ces événements bizarres sont simplement résumés (parce-que déjà vécu par Calogrenant) : les chemins mystérieux de la forêt, la rencontre avec le vilain et surtout cette fontaine magique qui déclenche une tempête quand on l’arrose d’eau. L’enthousiasme du public pour ce merveilleux est mimé par celui d’Yvain qui semble se plaire dans ces endroits bizarres : c’est paradoxalement dans le « sentier plein de ronces et de nuit » qu’Yvain se sent en sécurité (l.9-10). Le registre du merveilleux attire l’hyperbole, marque de l’extraordinaire : par exemple, l’exagération qui fait se signer Yvain « plus de cent fois » devant la laideur si horrible du paysan (l.21-22) ; et la qualification de la joie des oiseaux, une fois le beau temps retrouvé en « fête merveilleuse » attisent l’intérêt du destinataire de l’œuvre.
C- Recherche du narrateur pour plaire au public par le récit de belles batailles
La description du duel singulier occupe ainsi un long passage de notre extrait. Le ralentissement du rythme narratif (du résumé à la scène) souligne d’autant plus d’importance que le narrateur y accorde. Le combat commence brutalement : Yvain et son adversaire s’élance l’un contre l’autre sans même s’adresser une parole qui justifie leur combat. D’ailleurs, la scène est rendue vivante par le présent de narration employé pour rapporter tous les gestes des duellistes : « ils attaquent alors à l’épée » (l.32-33) ; « ils tranchent » (l.33), « ils font couler beaucoup de sang » (l.39-40), « ils se frappent » (l.41). Le duel est décrit avec beaucoup de précision.
Le narrateur donne aussi à voir les dégâts commis : « les lances qui se fendent et éclatent » (l.32) ; « les tronçons volent en l’air » (l.32). Il insiste avec une complaisance particulière le sang qui coule dans l’intention d’effrayer et d’émouvoir en même temps. La dimension sonore n’est pas exclue de la description : le combat est donné comme un tableau vivant et animé aux yeux et aux oreilles du public. Ainsi, même s’il met en avant les prouesses des chevaliers extraordinairement courageux, le récit donne des détails précis. Cette forme de réalisme se perçoit dans la minutie avec laquelle l’équipement du chevalier est décrit : « heaume » (l. 39) ; « écu » (l.33) ; « haubert » (l. 39) ; « épée » (l.33) ; « lance » (l.32). Les prouesses extraordinaires peuvent donc appartenir également au quotidien.
II- Moteur du récit : Le goût personnel pour l’aventure d’Yvain, dont l’héroïsme provoque l’admiration
A- Le statut de héro
Il se remarque par la répétition de la formule « Monseigneur Yvain », à plusieurs endroits du récit. C’est lui, par sa volonté propre qui déclenche l’aventure. Son intention est de venger son cousin, comme un devoir d’honneur : « Monseigneur Yvain vengera si il le peut la honte de son cousin" (l.1-2). Il s'agit d'une valeur importante du roman courtois qui cherche à promouvoir les qualités qu'on attend d'un sage chevalier, comme le rappelle le narrateur: "on ne peut pas dire la perfection d'une femme de qualité et d'un sage. Quand un tel homme atteint l'excellence, (...) un sage chevalier." (l. 15-18).
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