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Victor Hugo : elle était déchaussée

Commentaire de texte : Victor Hugo : elle était déchaussée. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Octobre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 127 Mots (5 Pages)  •  288 Vues

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Victor Hugo : elle était déchaussée

Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?

Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?

Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !

Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.

Mont.-l'Am., juin 183...

Intro :

Victor Hugo, né le 26 février 1802, est un poète, dramaturge, écrivain., va, écrire « elle était déchaussée, elle était décoiffée », c’est le 21e poème du livre 1 « Aurore » et s’inscrit dans la 1re partie « autrefois »

Ce poème se base sur quatre quatrains d’alexandrin, aux rimes croisées,

Victor Hugo y raconte sa rencontre avec une mystérieuse jeune fille dans une forêt.

Premier et deuxième quatrain (analyse) :  la proposition amoureuse a la jeune fille dans la douce nature :

Par sa découpe dans le premier vers, on peut voir un alexandrin classique, et un parallélisme syntaxique : « Elle était déchaussée, elle était décoiffée »

Ce rythme régulier plonge le lecteur dans une atmosphère harmonieuse.

Le pronom personnel sujet « elle » suscite le mystère et un effet d’attente.

Dans les deux adjectifs, on distingue une vague féminine, qui se traduit par un dévêtissement suggestif exprimé par le préfixe « dé »

Le second vers prolonge la description « assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ». Les joncs évoquent à la fois l’élément végétal et aquatique.

La beauté de cette nature est restituée par la douceur des sonorités :

Alternance de consonnes labiales et nasales (« pieds nus, parmi »)

L’allitération en consonnes chuintantes « j » et « ch » restitue le chuchotement de l’eau : « joncs penchants »

Au troisième vers, le poète paraît, bouleversé et envahi par cette vision idyllique : « moi qui passais par là, je crus voir une fée »

Le nom fée assimile la jeune fille à une créature merveilleuse de la littérature médiévale.

La fée est l’allégorie d’une nature fascinante et magique pour le poète romantique.

On note l’usage des temps du récit au passé – imparfait (« passais ») et passé simple (« je crus ») – qui nous entraîne dans l’univers du conte.

Le quatrain initial se conclut sur cette invitation : et je lui dis : veux-tu t’en venir dans les champs »

La vibrante allitération en « v » (« veut-tu », « venir ») souligne le désir du poète pour la jeune fille.

L’interrogation crée un effet d’attente à la fin de cette première strophe.

Au cinquième vers, le polyptote sur le mot regard (polyptote= utilisation du même mot sous plusieurs formes grammaticales) souligne l’intensité fascinante de cette jeune fille « elle me regarda dans ce regard suprême »

L’adjectif hyperbolique « suprême » attribué au regard, est justifié au vers 6

« Qui reste à la beauté quand nous en triomphons ». La fée, comme la nature, est d’une splendeur inépuisable.

Au langage humain s’oppose donc le langage muet d’une fée.

Cette dernière incarne l’inexprimable beauté de la nature, que le poète romantique cherche à retranscrire.

Face ay silence, le poète réitère son invitation aux vers 7-8.

l’anaphore « veux-tu » exprime l’insistance de son désir : « veux-tu nous en aller sous les arbres profonds »

...

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