Tristan et Yseult

Relevé

Analyse

Interprétation

Début : phrases brèves : sujet, vb, complément la plupart du temps

Effet de rythme : rapidité angoissante

Le roi Marc est emporté dans sa colère, seule sa rage le guide comme de manière mécanique

« furieux », « mourra », « tue »,

« épée », « arme », « fureur »,

« défaillir », « frapper »

Lexique violent, de la fureur, de l’attaque

C’est donc bien sa fureur qui commande le roi, il n’y a qu’elle qui le définit au début de l’extrait

« il se dit à mainte reprise »

Introspection : « il se dit » obsession : « mainte reprise »

Tout son esprit n’est tourné que vers cette fureur qui l’obsède, il n’est plus maitre de lui-même : elle a pris tout contrôle, de ses actes mais aussi de ses pensées

« qu’il mourra s’il ne les tue »

Parallélisme de construction :

« qu’ » // « s’ »

Parallélisme de sens (lexique) :

« mourra » // « tue » mais opposition aussi entre mourir et tuer, entre passif et actif, entre victime et agresseur

Il ne peut vivre qu’en les voyant morts. Le roi est face à une aporie : aucune solution convenante ne s’offre à lui : quelqu’un doit mourir.

Parallèle car le sort finira par être le même (qqn doit mourir) mais opposition claire posée entre les amants et le roi

« il entre l’épée nue dans la hutte »

L’épée est déjà nue alors qu’il entre : cela ajoute à l’effet de précipitation, de perte de

contrôle : le roi est prêt à se venger

« il ne se laisse pas distancer par le roi »

Si le forestier peut se faire distancer, c’est la preuve que le roi se précipite

« Marc lui fait signe de s’en aller »

Pourquoi ? Il veut la mort des deux, oui, mais il ne s’agit pas là d’une simple punition : Marc veut une vengeance. Il doit donc agir seul

« (quel désastre!) »

Phrase exclamative sorte d’interjection et entre parenthèse !

La parenthèse nous fait comprendre que c’est le narrateur qui s’exprime personnellement : il donne son avis et ce dernier est que la mort des amants serait un désastre

Cela peut encore montrer que le roi s’emporte et est dans la posture du “méchant“ en souhaitant la mort des amants

Cette courte réaction exclamative accélère également

le rythme, comme si les amants courraient à leur catastrophe. Cela permet de faire monter l’angoisse des lecteurs et d’atteindre une sorte de

“climax“ : l’apogée du suspens si on veut.

! climax ≠ terme littéraire :

vérifier que ça va de l’employer comme ça !

« lorsqu’ »

Conjonction

permet d’introduire une opposition entre la proposition principale et la subordonnée

Introduit un opposition qui est ici la plus importante du texte : c’est exactement au moment de ce « lorsque » que le roi reprend ses esprit en apprenant qu’il n’a pas été trompé comme il l’entendait.

C’est par la même la fin des phrases brèves et angoissantes : le roi se détend, et avec lui les phrases de l’extrait s’allongent

« séparés », « ne se joignaient pas », « entre leurs corps »

≈ lexique de la séparation

Les deux amants, par respect pour le mariage qui unit Yseult à l’oncle de Tristan, sont séparés (ils ne se touchent pas, ils sont habillés (chemise + braies) et symboliquement, l’épée les distance)

« mes yeux ne me mentent pas »

Personnification

Marc, ironiquement désarmé devant ce spectacle, ne sait plus que penser. Le « visage furieux » qui le guidait vers la

vengeance devient des « yeux » qui la lui interdise. Il les

interroge avant de s’interroger

lui-même

« mon Dieu », « Seigneur ! »

Interjections

Montrent le désarrois de Marc qui interroge aussi Dieu ! Il ne sait plus que penser

« je ne sais que faire »

Bon bah voilà hein il ne sait que penser… et donc que faire

« les tuer ou partir ? »

Opposition traduite pas la conj de coordination « ou »

Hésitation du roi : moment charnière traduit visuellement par le passage à un deuxième

paragraphe

§1 : fureur

§2 : hésitation / réflexion (discours direct entre guillemets à partir  de là : avant, ce n’est

pas le roi qui parle car il n’est pas maître de lui-même. Maintenant qu’il reprend ses esprit, il peut commencer à

s’exprimer)

« j’ai raisonnablement toutes les raisons »

Pléonasme, redondance

« raisonnablement » et

« raisons » se recoupent : le roi Marc est confus et tente de retrouver ses esprit en passant par la raison : il suit un raisonnement logique pour répondre à sa question : « les tuer ou partir ? » (voir ci-après)

« il y a longtemps qu’ils vivent en forêt » « s’ils s’aimaient d’un amour insensé, ils seraient nus » (« et il n’y aurait pas cette épée entre eux »)

Syllogisme

Wiki : En logique, le syllogisme est un raisonnement logique mettant en relation au moins trois propositions : deux ou plus d'entre elles, appelées « prémisses », conduisent à une

« conclusion »

Ex : « Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme; donc

Socrate est mortel »

Ici même procédé :

Ceux qui s’aiment d’un amour insensé et sont isolés depuis longtemps dorment nus. Or, ils sont isolés en forêt depuis longtemps et ils ne le sont pas. Donc, ils ne s’aiment pas d’un amour insensé.

⇒ il n’y a pas eu trahison ⇒ il n’y a pas de vengeance ou de fureur à avoir

⇒ problème résolu : on ne les tue pas !

« Je voulais leur mort : je ne les toucherai pas et renonce à ma colère »

Récapitulatif des deux paragraphes et conclusion du deuxième

« Ils n’ont soucis de leur fol amour »

Marc a conscience de leur amour (fol : toute la question du philtre d’amour et de l’enchantement) mais comprend que le respect qu’il voue au mariage le surpasse. Ils n’ont donc trahi personne et sont innocents : ils ne méritent pas de mourir

« ils dorment »

Image d’insouciance et d’innocence

« je serais gravement coupable »

Marc a compris et justifie sa décision : il ne faut pas les tuer car ils sont innocents ⇒ les tuer le rendrait coupable

« si j’éveille cet homme… bien triste rencontre »

Ils sont innocents ⇒ les réveiller et provoquer un mort serait inutile (+ triste vu que Tristan est quand même son neveu qu’il a élevé et que