Tenue correcte exigée
Commentaire de texte : Tenue correcte exigée. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mimidu83 Faresse • 3 Avril 2020 • Commentaire de texte • 1 323 Mots (6 Pages) • 1 911 Vues
Chapitre 5 : Miroir, mon beau miroir
Corpus 6 : Tenue correcte exigée !
Document 1 : Timur Celikdag, Seapunk (2012)
[pic 1]
- Aimeriez-vous porter ces tenues ? Pourquoi ?
- Que pensez-vous du titre proposé par le photographe ?
- Selon vous, d’après ce document, quels seront les thèmes développés dans ce chapitre ?
Document 2 : Guy de Maupassant, Bel-Ami (1885)
Georges Duroy est un ancien soldat qui n’a plus d’argent. Il se rend chez Charles Forestier, un ancien camarade de régiment, pour lui demander un poste dans son journal. Il s’habille élégamment pour ce rendez-vous et espère ainsi faire son entrée dans le milieu parisien de la presse.
« M. Forestier, s'il vous plaît ? — Au troisième, la porte à gauche. » Le concierge avait répondu cela d'une voix aimable où apparaissait une considération pour son locataire. Et Georges Duroy monta l'escalier.
Il était un peu gêné, intimidé, mal à l'aise. Il portait un habit pour la première fois de sa vie, et l'ensemble de sa toilette l'inquiétait. Il la sentait défectueuse en tout, par les bottines non vernies, mais assez fines cependant, car il avait la coquetterie du pied, par la chemise de quatre francs cinquante achetée le matin même au Louvre, et dont le plastron trop mince se cassait déjà. Ses autres chemises, celles de tous les jours, ayant des avaries plus ou moins graves, il n'avait pu utiliser même la moins abîmée.
Son pantalon, un peu trop large, dessinait mal la jambe, semblait s'enrouler autour du mollet, avait cette apparence fripée que prennent les vêtements d'occasion sur les membres qu'ils recouvrent par aventure. Seul, l'habit n'allait pas mal, s'étant trouvé à peu près juste pour la taille.
Il montait lentement les marches, le cœur battant, l'esprit anxieux, harcelé surtout par la crainte d'être ridicule ; et, soudain, il aperçut en face de lui un monsieur en grande toilette qui le regardait. Ils se trouvaient si près l'un de l'autre que Duroy fit un mouvement en arrière, puis il demeura stupéfait : c'était lui-même, reflété par une haute glace en pied qui formait sur le palier du premier une longue perspective de galerie. Un élan de joie le fit tressaillir, tant il se jugea mieux qu'il n'aurait cru.
N'ayant chez lui que son petit miroir à barbe, il n'avait pu se contempler entièrement, et comme il n'y voyait que fort mal les diverses parties de sa toilette improvisée, il s'exagérait les imperfections, s'affolait à l'idée d'être grotesque.
Mais voilà qu'en s'apercevant dans la glace, il ne s'était même pas reconnu ; il s'était pris pour un autre, pour un homme du monde, qu'il avait trouvé fort bien, fort chic, au premier coup d'œil.
Et maintenant, en se regardant avec soin, il reconnaissait que, vraiment, l'ensemble était satisfaisant.
Maupassant, Bel Ami, Partie1, chapitre 2 (1885)
Document 3 : Cécile Daumas et Thomas Lebègue, « Petits et grands conflits de garde-robe », Libération (2001)
Utilisé comme outil de management et de communication, le vêtement de travail malmène les frontières entre le privé et le professionnel. Au quotidien, ce brouillage des repères engendre tiraillements, petits ou grands conflits.
Code vestimentaire
Chez Zara, H&M et les autres, on aime que les vendeurs soient assortis à la ligne de vêtements vendus. Selon les chaînes, les stratégies diffèrent. Chez Gap, les employés s’habillent comme ils veulent en piochant dans la collection. En revanche, chez l’espagnol Mango, le code vestimentaire est réglé comme les saisons : les tenues changent quatre fois par an, identiques dans les 500 boutiques de la planète. Face à cette concurrence étrangère, certaines enseignes françaises tentent de monter en gamme. Modes « à petits prix », Kiabi a revu l’an passé ses collections, le design de ses magasins et souhaitait, à l’occasion, rhabiller son personnel en grenat. Tee-shirt et pantalon devait remplacer une blouse jugée « décalée ». Ce qui devait être une démarche « positive », selon la direction, a tourné à l’échec. « Ils nous imposaient une tenue mais ne voulaient pas compter le temps d’habillage dans notre temps de travail, explique la déléguée CFDT de l’entreprise, Evelyne Ramirez. Or, toutes les vendeuses chez Kiabi sont à temps partiel. « Nous étions obligées de nous habiller dès le matin en tenue de travail même si nous allions accompagner les enfants à l’école. C’était une atteinte à notre liberté individuelle ». Comme la tenue ressemblait à des vêtements de vieille, la direction pensait que le personnel « pouvait aussi bien la porter dans les magasins qu’à l’extérieur ». Mais face à la législation, elle a dû céder et retirer un projet estimé à 4 millions de francs par an. « Nous n’étions pas contre ce nouvel uniforme mais nous trouvions cela cher alors que nous n’avions ni treizième mois, ni ticket restaurant ». Le directeur des ressources humaines de Kiabi, Laurent Deprat, dit comprendre : « Dans le social, on n’impose pas les choses. Il faut expliquer et prendre du temps, surtout quand on touche à l’intime, comme le vêtement de travail. »
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