Sonnet de Ronsard "Quand vous serez bien vieille"

Commentaire Sonnet Ronsard

En 1578, le poète de la Renaissance Pierre de Ronsard compose le troisième volume de son recueil  Les Amours. Ce troisième ouvrage comporte des poèmes destinés à Hélène, l’une des femmes qu’il a aimées. Le poème le plus connu est un sonnet où Ronsard prédit à Hélène son avenir si elle se refuse. Dans ce sonnet, Ronsard déclare son amour à Hélène d‘une manière inattendue. En effet, alors que l’on s’attendrait à un poème d’amour classique, le texte met en avant le temps qui s’enfuit. De ce fait, nous pouvons nous demander : « En quoi ce sonnet de déclaration d’amour est-il décalé ? ». Nous verrons tout d’abord la vision particulière de l’amour selon Ronsard. Enfin nous montrerons que ce sonnet d’amour est très centré sur  l’auteur.

I Une vision particulière de l’amour

1 le temps et les temps

        Dans ce sonnet, au lieu de chanter les louanges de sa bien-aimée, Ronsard joue sur la thématique du temps qui passe et qui s’enfuit, en mêlant différents temps conjugués. En effet, les premiers vers du poème sont écrits sous le signe du futur de l’indicatif : « quand vous serez bien vieille ...» Il imagine Hélène devenue vieille pensant à eux, quand ils étaient jeunes. Il imagine même un monologue d’Hélène : « Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ».

Le poète montre aussi que la vie s’évanouit en faisant rimer les mots « chandelle » et « belle », le feu de la chandelle étant une métaphore de la beauté éphémère.

Dans les quatrains, le futur de l’indicatif est centré sur Hélène alors que dans les tercets, il est employé pour évoquer l’avenir de Ronsard, qui se voit lui-même mort après avoir atteint la postérité. Dans les deux derniers vers, Ronsard appelle au « carpe diem » en utilisant l’impératif : « vivez.., n’attendez..., cueillez... » qui ancre l’action dans le temps présent. Le carpe diem est une expression latine qui signifie « cueillez le jour » et donc qu’il faut profiter de l’instant présent.  La beauté des fleurs est une autre métaphore de la vie qui s’enfuit, puisque leur beauté est fugace. Pour Ronsard, il faut donc cueillir la vie et profiter du présent. Le poète était un adepte du carpe diem.

        Non seulement Ronsard n’écrit pas un poème d’amour attendu, mais il décrit un avenir  qui n’est pas neutre, puisqu’il montre une vision macabre et sombre.

2  un futur macabre

        Ronsard rapproche la vieillesse d’Hélène de sa future fin, en évoquant le feu qui réchauffe, garde la vie et ralentit la froideur de la mort : « Assise auprès du feu ». Lorsqu’il emploie les deux participes présent« dévidant et filant », Ronsard fait allusion aux trois Parques, divinités romaines qui symbolisaient le Destin. La première, Clotho, fabriquait le fil de la vie, qui représentait la naissance ; la deuxième, Lachésis, déroulait le fil, et la troisième, Atropos, le tranchait en signe de mort. Donc, par ces deux verbes, Ronsard place Hélène dans la situation des trois Parques et dont le fil de la vie va bientôt être tranché.

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