Siméon-Guillaume de La Roque (1551-1611) Je suis le triste oiseau de la nuit solitaire
Commentaire de texte : Siméon-Guillaume de La Roque (1551-1611) Je suis le triste oiseau de la nuit solitaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Thierry Rouillard • 7 Février 2022 • Commentaire de texte • 1 017 Mots (5 Pages) • 3 046 Vues
Siméon-Guillaume de La Roque (1551-1611)
Je suis le triste oiseau de la nuit solitaire
Je suis le triste oiseau de la nuit solitaire,
Qui fuit sa même espèce et la clarté du jour,
De nouveau transformé par la rigueur d'amour,
Pour annoncer l'augure au malheureux vulgaire.
J'apprends à ces rochers mon tourment ordinaire,
Ces rochers plus secrets où je fais mon séjour.
Quand s'achève ma plainte, écho parle à son tour,
Tant que le jour survient qui soudain me fait taire.
Depuis que j'ai perdu mon soleil radieux,
Un voile obscur et noir me vint bander les yeux,
Me dérobant l'espoir qui maintenait ma vie.
J'étais jadis un aigle auprès de sa clarté,
Telle forme à l'instant du sort me fut ravie,
Je vivais de lumière, ore d'obscurité.
1590, Sonnet 41, Amours de Phyllis
I. Structure et plan rhétorique
Premier quatrain
Le poème commence par une définition (Je suis) qui peut être une définition du poète.
Ce texte obéit donc au principe de l’énigme (fréquente dans l’esthétique baroque). Le lecteur doit décrypter une métaphore, celle qui permet de désigner le poète par les termes « oiseau de la nuit ».
Les deux quatrains constituent la description d’un état.
Etat de mélancolie qui s’exprime grâce au champ lexical de la tristesse (« triste », « nuit », hypallage de « solitaire » : transfert de l’adjectif caractérisant normalement l’oiseau sur nuit).
Etat de solitude au second vers, signe de la différence du poète qui l’amène à rechercher le désert (« fuit sa même espèce »).
Il s’agit bien d’une métaphore : le poète mélancolique a été « métamorphosé » en hibou solitaire ! (vers 3 et 4)
Second quatrain
le second quatrain est un développement sur le thème de la solitude en deux étapes.
Deux vers : Le poète « fait séjour » près de « rochers secrets », image d’un lieu désertique.
Deux vers : Développement sur le thème de l'« écho », image d'un lieu vide où les sons se répondent à eux-mêmes.
Cet « écho » est la continuation du « tourment » qu'il apprend aux rochers.
Effets sonores :
Le quatrain se clôt sur « se taire », rime riche avec « solitaire » (1er quatrain). On sent le lien thématique de l’un à l’autre qui clôt première partie.
Ce second quatrain prolonge logiquement le premier : des termes se répondent : « triste »/« tourment » (récurrence des sons [t] et [r] dans ces deux mots), « la nuit / le jour », « solitaire / secrets ».
Ce second quatrain est donc bien la conséquence, le développement du premier.
Les tercets :
Le premier tercet s'ouvre sur « Depuis que » : la description initiale devient l’histoire d’un changement, d'une métamorphose (fréquente dans l’esthétique baroque).
Dans le second tercet se trouvent d'ailleurs « jadis » et « ore », qui renforcent ce basculement.
Explication de l’énigme :
Le poète considère que « jadis », à l'époque où une femme l'aimait, cette femme était un « soleil radieux », sa « clarté », et lui – par voie de conséquence - « un aigle ».
Puis survint la « rigueur d'amour », qui changea le soleil en « nuit » et fit de lui – toujours logiquement - un oiseau nocturne, un « triste oiseau de la nuit ».
C'est une explication métaphorique.
Conclusion I : Le poème prend la forme d'une énigme (1er quatrain), qui se développe (2e quatrain) et est finalement expliquée et décryptée (les tercets).
II. Logique métaphorique
Voyons maintenant comment fonctionne le jeu métaphorique dans le cadre de l’énigme.
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