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Scène 2 acte 2 Hernani

Commentaire de texte : Scène 2 acte 2 Hernani. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  2 369 Mots (10 Pages)  •  8 742 Vues

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Hernani, extrait de la scène 2 de l'acte II

Le drame, nouveau genre théâtral décrit par Victor Hugo dans la préface de sa pièce Cromwell en 1827, ne connaît sa première représentation qu'en 1830, lorsque Hernani d'Hugo est jouée à la Comédie Française. La pièce fait polémique alors que la rumeur avérée court que ce nouveau genre aurait fait un tel scandale qu'une bataille se serait livrée parmi les spectateurs au cours de la représentation. Dans la scène 2 de l'acte II de la pièce, Don Carlos, roi d'une Espagne vaste et puissante, enlève Doña Sol, une de ses sujettes dont il est épris. Mais cette dernière est amoureuse d'Hernani, un bandit. Cette scène est un dialogue au ton dramatique et tragique. Dans un premier temps, nous verrons en quoi cette scène d'enlèvement porte la tension dramatique à son paroxysme. Puis, en un second lieu, nous mettrons en évidence que cette scène révèle des sentiments forts d'amour et de haine.

Cette scène d'enlèvement fait progressivement monter la tension dramatique avant de lui faire atteindre son apogée. Comment cet enlèvement est-il écrit et mis en scène pour provoquer l'émoi du spectateur ?

Tout d'abord, la mise en scène de l'action clarifie son contexte au spectateur mais contribue également à lui donner une ambiance dramatique. Pour commencer, l'importance du décor est à souligner. La scène se passe la nuit dans une rue. Pour comprendre un aspect de l'importance de ce décor, il faut le relier avec l'intrigue de la pièce : en effet, Don Carlos piège Doña Sol qui pense s'enfuir avec Hernani. Ce quiproquo s'explique donc par la confusion de Doña Sol qui n'aurait pas reconnu les traits du roi dans la pénombre. De plus, l'obscurité de la scène tend à renforcer l'ambiance inquiétante et insécurisante, traduisant certainement les propres émotions de Doña Sol. Enfin, ce décor peut sembler paradoxal : en effet, la scène se joue dans un lieu public, la rue, mais pourtant désert car c'est la nuit. Cette situation tend donc à inquièter les deux personnages : Don Carlos craint de se faire surprendre tandis que Doña Sol déplore cette rue vide de passants.

Ensuite, l'importance de la gestuelle, caractéristique du drame et plus largement du mouvement romantique, est également à souligner. La mise en scène de la gestuelle des personnages est précisée par l'auteur dans de nombreuses didascalies comme « la saisissant avec violence », « cherche à l'entraîner », didascalies se référant au personnage de Don Carlos qui tente de forcer Doña Sol par la violence à le suivre. Ainsi que des didascalies montrant les efforts de résistance de cette dernière : « elle se jette à ses genoux », « elle se débat dans ses bras ».

Ensuite, cette tension dramatique est liée au rapport de force de Don Carlos sur Doña Sol des vers 1 au 21. Ce rapport de force est, en un premier temps renforcé par l'oppostion entre la puissance du roi d'Espagne et la soumission d'une sujette. En effet, des vers 5 à 20, cet écart de statut est très largement abordé pour souligner la domination de Don Carlos. La puissance du roi est tout d'abord présentée par la puissance, la richesse et la grande superficie du royaume d'Espagne. Ces éléments sont caractérisés par Dona Sol elle-même afin de faire comprendre au roi que dans sa position, il ne peut se résoudre à l'aimer, elle. Au v. 11-12-13 « Ah ! Vous avez Castille, Aragon, et Navarre,/ Et Murcie, et Léon, dix royaumes encor,/ Et les flamands, et l'Inde avec les mines d'or ! », ici l'énumération introduite par l'usage répété de la conjonction de coordination « et » crée un effet d' « immense », c'est un Empire qui semble ne pas se finir. En outre, la rime entre « dix royaumes encor » et « les mines d'or » souligne la richesse que procure ces espaces. D'ailleurs, sa vaste superficie est reprise au v. 15 « Si vaste, que jamais le soleil ne s'y couche ! » qui explique que son étalement sur le globe est tel qu'il n'y fait jamais nuit à la même heure. Dona Sol conclut au v. 16 « vous avez tout » qui résume l'immensité du pouvoir du roi.

Dans un second temps, ce rapport de force est marqué par la force physique de Don Carlos. Encore une fois, on peut noter les didascalies notamment « la saisissant avec violence ». Il se réfère d'ailleurs à sa poigne vigoureuse au v. 3 « ma main plus que la vôtre est forte » et établit ici sa supériorité physique. Puis au-delà de sa force physique, le personnage de Don Carlos se place en dominant dans le texte. Aux vers 3-4, l'anaphore en « Vous viendrez » suggère une obligation pour Doña Sol de lui obéir. Il ne lui laisse pas le choix sachant qu'il sera en finalement en mesure de décider et le déclare au v. 2 « Eh bien, que vous m'aimiez ou non, cela n'importe ! », de plus la modalité introduite par la ponctuation exclamative lui donne un ton agressif et résolu. Au vers 18, l'anaphore à l'hémistiche «Viens ! » avec l'emploi de l'impératif et encore de la modalité exclamative renforce encore l'expression de l'agressivité, de la détermination et de la domination du personnage. D'ailleurs, le rythme saccadé et la ponctuation exclamative de la plainte de Dona Sol au vers 6 : « Seigneur ! Oh ! Par pitié ! - Quoi ! » souligne son désespoir et sa crainte, ce vers la place donc à la merci de Don Carlos.

Toutefois, la réelle progression de la tension dramatique vers son paroxysme, a lieu du vers 21 au vers 25 lorsque se produit une inversion surprise du rapport de force entre les deux personnages alors que Dona Sol se saisit du poignard de Don Carlos. Cette surprise est sous la forme d'un coup de théâtre, en effet alors que tout semble perdu pour Dona Sol, la situation se renverse. Alors qu'au vers 20, Don Carlos lui ordonnait : « Choisis ! » se référant à quelle part de l'Espagne elle souhaitait en l'épousant, elle choisit le poignard qu'il porte à sa ceinture : « Je ne veux rien de vous que ce poignard, seigneur ! » v. 21 suvi de la didascalie « Elle lui arrache le poignard de sa ceinture. ». Ce retournement de situation est un véritable effet de surprise pour le spectateur.

Le poignard devient alors un élément clé de la scène et rappelle l'importance des objets dans les mises en scène de théâtre pour les romantiques. En effet, l'importance de l'objet est rappelée par les didascalies : « lève le poignard », « le poignard levé » mais il représente

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