Saint-Denys Garneau et Alain Grandbois

Aux premiers abords, il est vrai de penser que les textes de Saint-Denys Garneau et Alain Grandbois traitent, dans  Cage d’oiseau et Ô tournement, le thème de la fatalité de la même façon. En effet, les deux font vivre leur texte par le sentiment d’un mal de vivre résultant d’aucun espoir pour le futur. Sachant qu’à l’époque, les Canadiens Français traversaient une époque difficile dû à la crise économique et aux pouvoirs destructeurs des anglais, il n’est pas surprenant que la souffrance ce fasse ressentir dans leurs textes lors de ces années. L’auteur du texte de Cage d’oiseau utilise un champ lexical négatif et sombre pour exprimer le mal de vivre. Il utilise des mots comme : «mort» L.5, «captif» L.12, «retiendrez» L.15, «sang» L.19 et «au fond» L.10. Tous mis ensembles dans le texte, les mots du champ lexical donne un sentiment de lourdeur à l’histoire et un mal de vivre au personnage. Pour celui de Grandbois, le personnage souffre tellement, qu’il ne voit pu la raison de continuer à se battre. Dans la 4e strophe, on peut voir le personnage demander à l’haut de là : «Pourquoi creuser cette fosse mortelle; Pourquoi pleurer sous les épaules des astres ; Pourquoi crier votre nuit déchaînée; Pourquoi vos mains de faible assassin; Bientôt l’ombre nous rejoindra sous ses paupières faciles» L.26-30 La répétition du mot «Pourquoi» qui sert d’anaphore, a comme fonction d’insister sur le fait, que malgré tout ce que l’humain peut faire, ça ne sert à rien, car le mal de vivre le rapproche de jour en jour vers la fatalité inévitable qui est la mort. En somme, les deux auteurs font appel au sentiment du mal de vivre constant pour traiter le thème de la mort.

En revanche, malgré que le thème de la fatalité soit représenté de façon similaire en l’associant à la mort, les deux auteurs n’utilisent pas le même contexte pour l’exprimer. En premier lieu, dans Cage d’oiseau, l’humain est imagé par un oiseau, prit dans sa cage. L’histoire est donc une métaphore, où la cage s’agit du corps humain et l’oiseau, de l’âme. On peut le prouver aussi, du fait qu’il fait usage d’un champ lexical particulier à l’être humain avec les mots : «os» L.2, «sang» L.22, «cœur» L.20, «âme» L.24 et «vie» L.23.  La vie représentée par la mort, tue l’oiseau en le laissant captif de son corps. Pour celui de Ô tournement, la mort imminente et inévitable est représentée par l’humain lui-même. Par les pronoms utilisés tels que «nous» L.33 et «vous» L. 9, on en conclu que l’auteur parle de l’être humain lui-même.  

Au final, malgré que les deux auteurs n’expriment pas le thème de la fatalité au travers du même personnage, il en est de soi qu’ils traitent ce dernier de façon similaire. En premier lieu, par le mal de vivre auxquels ils font face,  mais aussi par le fait que ceux-ci acceptent tout de même leur destin déjà tracé. Au final, le personnage en vient à la mort dans les deux textes peu importe les décisions. La mort est acceptée par l’oiseau du fait que c’est la seule solution s’il veut se délivrer du mal. En effet, la condition à respecter est qu’«il ne pourra s’en aller; Qu’après avoir tout mangé; Mon cœur; La source du sang; Avec la vie dedans» L. 17-20. En tuant le corps, la cage s’ouvrira est libérera l’oiseau en mettant la paix dans son âme. Dans le même ordre d’idée, Grandbois fait une comparaison qui met en évidence la mort comme destin inéluctable. En utilisant un euphémisme pour atténuer  la violence dans le terme mort, la phrase : «Et nous serons comme des tombes sous la grâce des jardins» L. 33-34, met en comparaison l’être humain et les pierres tombales qu’on utilise seulement pour garder en mémoire un être qui a perdu la vie. Le fait qu’elle est expliquée d’une façon n’importe peu. Ce qu’il est ressort des deux textes est le même : la vie est pénible et même en essayant de la rendre meilleure, la mort nous attend au bout du tunnel.

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