SUJET POESIE

        Charles Baudelaire, poète du XXème siècle, rapproche la création poétique à l'art moderne. Malgré qu'il soit l'héritier du Romantisme et du Parnasse, il va définir une esthétique nouvelle et devenir le précurseur du symbolisme. Selon Baudelaire, le poète est capable de tout peindre, le beau, le doux mais aussi l'horrible. Est-ce-que la poésie peut tout dire sans choisir ni exclure, est ce que toute chose peut devenir l'objet d'un poème ?

Nous verrons que si la poésie évoque plutôt traditionnellement des sujets doux, elle peut aussi, avec la poésie moderne, dépeindre des sujets inhabituels, mais aussi nous montrerons que la poésie est avant tout un travail sur la langue.

        La poésie évoque plutôt traditionnellement des sujets doux. En effet, le lyrisme se retrouve partout, du Moyen Age où les troubadours chantaient l'amour, jusqu'au XXème siècle avec des poètes comme Aragon ou Eluard.

L'expression des sentiments amoureux est l'un des thèmes privilégiés par les poètes de la Pléiade, qui rendent hommage à la femme aimée et à sa puissance d'inspiration. Nous retrouvons dans la poésie de Ronsard avec ses poèmes à « Hélène », à « Cassandre » ou dans celle d'Aragon dans « Le Fou d’Elsa », l’expression délicate de sentiments personnels, un ressenti à la fois intime et universel. La beauté de la femme aimée, est souvent comparée à celle de la nature. Ronsard, rapproche la femme d'une rose , dont le teint lui rappelle les couleurs du ciel à l'aube. La poésie magnifie, exalte les sentiments mais aussi la nature. Par exemple, les poètes romantiques comme Vigny ou Nerval évoquent une nature enchantée. En effet, les poètes romantiques, qui ont le sentiment d'être incompris et seuls, trouvent souvent refuge dans la nature. Ils échappent ainsi aux artifices et se sentent plus en paix. Les forêts, les montagnes, la nature devient alors un espace de méditation. Chez Hugo, dans " Aux Arbres " (Les Contemplations, 1856), l'auteur communie avec la nature tout en cherchant la présence de Dieu. 

L’amour de l’autre est donc un thème récurrent de la poésie. L’amour au sens large a aussi toute sa place dans les poèmes. L’expression de l’amour en poésie prend des objets très divers : la terre natale chez Du Bellay, la liberté chez Hugo, ou tout simplement la vie quotidienne, le monde, les choses chez Ponge. Dans son poème « Le pain », le poète Ponge décrit un pain cuit dans « un four stellaire. » Il remplace le quotidien par un spectacle de lumière et invite le lecteur au rêve et à l’émerveillement.

Ainsi, en poésie, traditionnellement, on chante le beau et la poésie renvoie à une émotion esthétique. Cependant la poésie peut-elle célébrer un objet repoussant et convertir l’immonde en sublime ?

        Avec la poésie moderne, des sujets inhabituels voient le jour. Dans « J’aime l’araignée », texte écrit par Victor Hugo et tiré du recueil « Les Contemplations », l’auteur romantique prend le contrepied de l’opinion. Selon lui, tous les êtres vivants y compris les plus laids sont dignes d’être aimés. Hugo écrit « je les aime parce qu’on les hait. » La vision du monde qui repose sur le bien et le mal, le beau et le laid est remise en question à travers ce poème. Victor Hugo nous invite à réfléchir et ainsi à déconstruire cette vision. C’est un appel à l’amour universel.

Aussi, d’un objet laid comme " Une charogne ", Baudelaire dégage une beauté inconnue.  La laideur l’inspire et devient objet de poésie. Par exemple, " la charogne ignoble, grouillante, infâme " devient sous la plume de Baudelaire un beau tableau : elle devient une carcasse superbe. Il renverse l'idéalisation généralement attribuée à la femme en la rattachant à la figure de charogne. Ainsi, Baudelaire a su renouveler l’inspiration poétique et nous invite à une réflexion sur la vie et sur l'art. Le poète Francis Ponge prend aussi " le parti des choses."

Dans son poème  "Le morceau de viande", Ponge nous fait découvrir la beauté des choses laides. De plus, il nous livre un message sur notre économie industrielle: "Chaque morceau de viande est une sorte d'usine, moulins et pressoirs à sang..." Dans son poème, il parle ainsi des injustices de l'économie humaine.

Les poètes peignent des objets mais pas seulement. Ils s'intéressent aussi aux personnages négligés par la société. Dans son recueil, Les Chants du crépuscule, Victor Hugo écrit sur la situation des prostituées qualifiées de « femmes brisées », écrasées par la misère.

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