Rousseau - "Les confessions - Préambule"
Commentaire de texte : Rousseau - "Les confessions - Préambule". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar abance68 • 4 Mars 2020 • Commentaire de texte • 1 565 Mots (7 Pages) • 1 087 Vues
Laurence PORTUGUES
Littérature XVII ème s.
Jean-Jacques ROUSSEAU - Les Confessions
Préambule : commentaire Composé
Le préambule des Confessions de Jean-Jacques Rousseau est le texte qui introduit son autobiographie. Il précède immédiatement le récit de la vie de l’auteur dans le livre I. C’est dans ce célèbre préambule que Rousseau présente son projet autobiographique, qui se définit dans sa modernité et son originalité ; il éclaire le lecteur sur ses intentions et l’entraîne dans son « entreprise ».
Le ton de ce préambule peut paraître étonnant, mais il s’explique par le fait qu’il a été écrit dans une période tumultueuse, après la rédaction des premiers livres des Confessions ; période durant laquelle Rousseau était en proie à la hantise d’un « complot » tramé contre lui, et obsédé par le besoin de se justifier.
Ainsi, à travers cette introduction aux Confessions de Rousseau, nous allons étudier l’engagement de sincérité dans un « pacte autobiographique », puis nous évoquerons les distorsions de cette « entreprise » de Rousseau et ses ambiguïtés ; enfin, nous envisagerons le projet Rousseauiste comme un défi au genre humain à travers une rhétorique et une déclamation.
C’est bien de sincérité dont il est question dans le « pacte autobiographique » dont l’originalité, selon Rousseau, tient dans le fait de se distinguer dans sa démarche par rapport aux Confessions chrétiennes de Saint-Augustin qui avaient pour but de confesser ses erreurs et de témoigner de la grandeur de Dieu qui s’était révélé à lui et l’avait sauvé.
En effet, la citation empruntée au poète latin Perse « Intus et in cute » (à l’intérieur et sous la peau) annonce clairement la singularité de ce récit qui ne se veut pas simplement événementiel, mais qui reconstitue les dispositions intérieures de celui qui a vécu ces événements. De même, l’auteur ne s’en tiendra pas aux faits, mais il explorera les effets qu’ils ont produit sur ce qu’il a été, et les causes qui les ont produits. Il s’agit d’exposer l’évolution intérieure d’un être, d’objectiver son intimité. L’affectivité devient ainsi la matière de la littérature du « moi », alors que chez Montaigne, ce sont les réflexions personnelles et la pensée qui traduisent le « je ».
C’est dans le « pacte autobiographique » du critique P. Lejeune que la notion d’autobiographie a été théorisée et définie. Cette notion suppose à la fois un contrat d’authentification qui passe par la promesse de dire toute la vérité, et un contrat de justification, par lequel le lecteur est juge du récit. Dès le préambule, Rousseau s’inquiète de l’écart qu’il peut y avoir entre la vérité objective de sa vie et la subjectivité du récit qu’il en fait : « S’il m’est arrivé d’employer quelque ornement indifférent, ce n’a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire » Rousseau tient compte des aléas d’une mémoire parfois incertaine et du fait que le souvenir d’un événement peut différer de sa réalité. Mais au-delà de l’histoire de sa vie, Rousseau se singularise par le désir de recherche d’une totale transparence : « je me suis montré tel que je fus ; […] j’ai dévoilé mon intérieur ». Cette volonté de transparence pousse Rousseau à ne laisser rien à l’écart, à ne rien cacher, en tenant toujours compte de l’incontournable écart qu’il peut y avoir entre le fait vécu et le moment de l’énonciation.
Toutefois, le nouveau genre n’écarte pas les distorsions du projet et donne à voir toutes les ambiguïtés de l’être dans sa tendance à l’autojustification, par opposition à la quintessence de l’homme originel. Si l’« entreprise » formée par Rousseau se présente comme la restitution de sa personnalité, sans qu’il y ait le moindre doute de sa transparence, l’égocentrisme et l’ambiguïté de l’auteur sont évidents, ainsi que les distorsions relatives à la dimension mythique de la nature humaine ou à l’autojustification.
En effet, le préambule foisonne de « je, moi, me, mon, mes » : « Et cet homme ce sera moi. Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes ». Rousseau se présente comme un homme exceptionnel et exemplaire aux yeux de ses « semblables », il est différent « fait comme aucun de ceux qui existent ». Parallèlement, il entend se montrer comme un homme qui a gardé la pureté originelle de la nature, l’essence même de l’être : « Un homme dans toute la vérité de la nature ». Il est donc différent de ses « semblables » et son projet en devient didactique, il instruit les hommes. On notera aussi que Rousseau se distingue dans son « entreprise » dans un but qui transcende le simple
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