Relation entre les amants de Magritt et la vie est un songe de Calderon

Henriette Lebreil

198 rue de Hesse

73672 Paris

                                    Lyon, le 25/01/2018

Ma très chère Henriette,

J’espère que tu vas bien, je te remercie pour ta carte et c’est avec plaisir que je t’annonce la naissance d’un nouveau-né dans la famille cependant cette lettre ne s’aventure pas dans les sujets familiaux mais plutôt dans un thème qui je sais, t’ait très chère. Pour combler mes heures seule, je m’applique à t’écrire pour te parler des liens que je me suis surprise à tisser entre deux œuvres. Lors de mon récent voyage à New York j’ai eu le plaisir d’admirer les pièces de l’exposition MOMA, une d’elles a particulièrement attiré mon attention. Mon subconscient à spontanément fait le lien avec une pièce de Calderon, l’œuvre dont, si je ne m’abuse, tu m’avais parlé dans ton précédent courrier. Tout se passe autour d’un drap. Un drap blanc. Froissé.  

Je t’ai glissé une reproduction de l’œuvre, ainsi tu peux observer la complexité de ce drap blanc. En exploitant ce linge de différentes manières j’ai pu développer les liaisons entre ces deux œuvres que j’affectionne particulièrement. Je suis impatiente de recevoir ton retour.

Ainsi, j’ai pu établir des liens à partir de différents thèmes. En effet l’amour fut mon point d’ancrage, ensuite, la trahison m'a permis de soutenir mon sentiment initial, tout comme l’idée de liberté bafouée, et enfin j’ai imaginé une quête identitaire présente dans les deux œuvres.

Tout d’abord j’aimerai que tu observes le drap blanc comme le lieu des plaisirs charnelles, le lieu du désir et de la passion. L’amour est un des thèmes majeurs de la vie est un songe. Ainsi Calderon le déclare bien : « quand l’amour n’est pas folie ce n’est pas l’amour ». Magritte répond à la requête de Calderon avec un amour fou. Un amour tel qu’il ne suffit plus de se voir pour s’aimer, un amour ou il ne suffit plus de se toucher pour s’aimer. Ici le drap relève du défi pour les deux amants, qui tentent de s’aimer au travers d’une barrière. Les amants n’ont donc plus besoin de se voir pour se chérir. L’acte du baisé renforce cette affirmation. Effectivement, l’amour apodictique est retrouvé chez Calderon avec le sentiment inoubliable que Sigismond à ressenti pour Rosaure. C’est cette flamme charnelle qui lui a permis de réaliser qu’il n’avait pas rêvé.  Te souviens-tu de la citation de Musset que j’aime tant ? C’est ici qu’elle a toute son importance. Chez Calderon l’amour et le rêve sont à la fois liés mais aussi aux antipodes. En effet l’amour permet à Sigismond de découvrir la vérité. Il lui apporte une preuve qu'il est victime d’une mascarade. Chez les amants le drap lui ne cesse de rappeler le rêve. Il empêche de croire en cet éros. Ainsi, nous pouvons lier ces deux œuvres avec une citation de Musset : « La vie est un sommeil, l’amour en est le rêve. Et vous aurez vécu, si vous avez aimé. »

Maintenant je souhaite que tu donnes au drap le rôle du mensonge. Le mensonge qui recouvre les deux amants. Sont-ils amants ? S’aiment-ils ? Leur amour est-il infrangible ? Telles sont les interrogations que Rosaure aurait pu se poser quant à la véracité des promesses d’Astolphe. Ainsi, l’autre facette de l’amour, commune à ces deux œuvres, est celle de l’amour irréel. Cet amour feint provient de la trahison d’Astolphe, de sa manipulation pour atteindre le trône de Pologne. Le drap peut en fonction de nous devenir un barrage à la vérité. Un objet empêchant l’épanouissement d’un amour sincère avec l’acte d'un baisé entravé. Il favorise ainsi la trahison, l’adultère et les mœurs.

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