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Réflexion sur Phédre

Dissertation : Réflexion sur Phédre. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Octobre 2022  •  Dissertation  •  969 Mots (4 Pages)  •  307 Vues

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INITIATION A LA DISSERTATION
Réflexion sur Phèdre
La tragédie en France s'est essentiellement développée durant le Classicisme, où elle a
connu son apogée. Le genre met en scène des personnages issus de l'aristocratie, ayant
souvent une dimension historique ou mythologique. Ils entrent en conflit avec un
élément qui les dépasse, lié à la fatalité, l'amour ou le pouvoir. Racine, un des
principaux représentants de la tragédie, s'est ainsi plus particulièrement intéressé à la
problématique de la passion amoureuse. On le constate notamment dans Phèdre, écrit
en 1677, œuvre qui raconte l'impossible amour de Phèdre pour son beau-fils Hippolyte.
L'impossibilité de cet amour rend la personnalité de l'héroïne très complexe. Racine lui
même l'a souligné dans la préface lorsqu'il constate que « Phèdre n'est ni tout à fait
coupable, ni tout à fait innocente ». Autrement dit en quoi Phèdre est-elle un
personnage difficile à juger ? La question implique de s'intéresser dans un premier temps
aux éléments accréditant l'innocence de Phèdre puis dans un second temps ceux qui
accréditent sa culpabilité.
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Au premier abord une conjonction d'éléments désignent Phèdre comme un
personnage innocent.
En effet à différentes reprises Phèdre rappelle le poids de son hérédité. Lors de son
arrivée sur scène elle précise venir « d'une triste famille », celle-là même, qui composée
de Minos et Pasiphaé a donné à Phèdre un demi-frère monstrueux, le minotaure. Dans le
même ordre d'idée, on peut évoquer le poids de la fatalité. L'héroïne ne cesse de se
désigner comme victime des dieux, en particulier de Vénus. Dans la scène 3 de l'acte 1
elle commence par rappeler le rôle de Vénus dans le malheur de sa mère et de sa sœur
puis elle évoque l'acharnement de la déesse à son égard, dont elle se désigne comme
« la proie ». Lors du dénouement face à Thésée, elle se place en position d'objet,
victime des dieux comme le montre la formule « Le ciel mit dans mon sein une flamme
funeste ». Le poids de la fatalité prend aussi une autre dimension quand Phèdre
devient victime d'un concours de circonstances. Le retour de Thésée, que l'on croyait
mort confère à l'aveu de son amour à Hippolyte un caractère dramatique qu'il n'avait pas
au départ puisqu'il entraîne la mort du jeune homme.
Un autre facteur extérieur à Phèdre la désigne comme une victime. L'accélération du
mécanisme tragique se produit en grande partie en raison d'une initiative d'Oenone, qui,
croyant protéger sa maitresse face à un Thésée suspicieux accuse Hippolyte d'avoir
violée Phèdre. Cet acte contribue amplement à la dégradation des rapports entre le fils
et le père.
Dans une autre perspective, Racine transforme la passion amoureuse en force contre
laquelle le personnage ne peut pas lutter, telle une maladie qui la dévore. C'est
particulièrement sensible dans l'utilisation récurrente des métonymies qui désignent des
parties du corps de Phèdre. Des expressions comme «mes yeux ne voyaient plus »
renvoient à une absence de maîtrise par l'héroïne de son corps et de tout son être.
Ces éléments extérieurs ou intérieurs à Phèdre ne sauraient toutefois conduire à porter
un jugement trop hâtif sur le personnage.


En effet plusieurs éléments remettent en question l'innocence de Phèdre.
Il est ainsi frappant de remarquer que Phèdre elle-même a conscience de l'anormalité de
son amour et de la dégradation morale qui en résulte. Les scènes d'aveu sont à ce propos
très révélatrices. Quand en I3 Phèdre avoue à Oenone son amour pour Hippolyte elle la
prévient avec une formule hyperbolique « Tu vas ouïr le comble des horreurs » puis

s'arrange pour faire prononcer à Oenone le prénom d'Hippolyte. On relève une stratégie
de retardement comparable dans l'aveu de son amour à Hippolyte quand elle commence
par faire un double portrait du père et du fils avant de récrire l'épisode du minotaure.
Lors du dénouement elle ne s’exonère pas seulement de sa responsabilité. Elle prend le
temps d'avouer à Thésée qu'Hippolyte n'était pas coupable. D'autres actes de Phèdre
montrent également sa lucidité. En effet dès qu'elle découvre l'ampleur de son amour
pour son beau-fils, elle en appelle aux Dieux, l'éloigne, s'efforce de prendre de la
distance.
Mais cette culpabilité a une raison plus inavouable et ne tient pas uniquement à
l'anormalité de son amour. La jalousie devient en effet au fil de l'intrigue la principale
motivation de Phèdre. Celle-ci pense en premier lieu qu' Hippolyte ne partage pas son
amour par pudeur, mais elle découvre ensuite que c'est parce qu'il aime Aricie. Cette
découverte la plonge dans une fureur extrême comme on le voit dans la longue tirade de
la scène 6 de l'acte4 dans laquelle elle évoque elle-même sa « jalouse rage ». Sa jalousie
comporte des conséquences dramatiques : en renonçant à expliquer à Thésée
qu'Hippolyte, contrairement aux accusations d'Oenone, n'a pas tenté de la violer, elle
précipite l'exil du jeune homme et indirectement sa mort.
Cet aspect plus inavouable s'accompagne d'une certaine mauvaise foi de la part de
Phèdre. Si elle a conscience de sa culpabilité, elle ne cesse, comme on l'a vu
précédemment d'évoquer des circonstances qui lui sont extérieures. Le regard qu'elle
porte sur Oenone s'avère très éloquent : alors que, même maladroitement, celle-ci ne
cesse de la protéger, Phèdre dans ses ultimes paroles se montre impitoyable à son égard
en la qualifiant de « détestable ». On le voit également dans sa tendance à rejeter
systématiquement la faute sur les dieux. Si on peut discuter la question de la
culpabilité, on peut affirmer une part de responsabilité de l'héroïne

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