Réactualisation des mythes dans La Guerre de Trois N'aura pas Lieu
Commentaire de texte : Réactualisation des mythes dans La Guerre de Trois N'aura pas Lieu. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nic Olas • 26 Janvier 2023 • Commentaire de texte • 2 613 Mots (11 Pages) • 739 Vues
Comment s’opère la réactualisation des mythes homériques dans La guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux ?
Introduction
L’œuvre, La guerre de Troie n’aura pas lieu est une pièce de théâtre dramatique en deux actes écrite en 1935. La pièce s'inspire d'une guerre tragique, historique et mythique. Elle a pour fonction essentielle de faire prendre conscience aux spectateurs des enjeux de son époque et de l'imminence d'un nouveau conflit mondial. La pièce doit être rattachée aux circonstances historiques, cette époque troublée voit la montée des risques de guerre, malgré tous les efforts pour maintenir la paix. L’auteur, Jean Giraudoux, fervent défenseur du pacifisme ayant fait la guerre au front pendant la Première Guerre Mondiale ^^. Il a été blessé deux fois lors de la bataille de la Marne et nous raconte les horreurs de la guerre. Cette pièce appartient au théâtre dites ; de «tradition » car elle reprend les idées de la mythologie grecque, elle fait aussi parti de la littérature d’idées car Giraudoux critique le monde politique et défend le pacifisme.
Les mythes ont toujours fait partie intégrante de la vie des hommes depuis l’antiquité jusqu’à nos jours en passant par toutes les autres époques de l’ère humaine. La mythologie grecque racontée dans les épopées d’Homère et les poèmes d’Hésiode n’a jamais cessé d’inspirer et guider les auteurs et les intellectuels. Les mythes littéraires illustrent tous, une histoire absolument fondamentale, exemplaire et significative de l’humanité (citons : Œdipe ou le mythe de la connaissance, Orestre ou l’impossible devoir de vengeance, Electre ou la justice intégrale, Orphée ou le désir de l’immortalité, Prométhée ou l’homme_-dieu)[1] donnent aux auteurs des années trente des sujets solides et un succès garanti. Ainsi Jean Giraudoux choisit de reprendre les mythes d’Homère. Homère raconte la guerre de Troie dans l’Iliade, mais Jean Giraudoux, lui emprunte les images des guerriers, du côté grec et troyens à l’image d’Ulysse, d’Ajax, ici nommé Oiax, le roi Priam et Hector entre autres pour raconter l’avant-guerre. Cet instant qui précède la guerre elle-même, cette pièce se nourrit aussi de l’actualité internationale de l’entre-deux-guerres alimenté par le problème de la guerre et de la paix. Jean Giraudoux réactualise les mythes homériques à travers les grands thèmes de la pièce, notamment, la guerre, l’amour, l’intervention de dieux et le destin. Aussi avec les personnages que l’auteur mettra dans le contexte contemporain de son époque.
La Guerre
La guerre est omniprésente dans la mythologie c’est aussi le cas dans la pièce, ainsi la guerre domine la conversation des personnages. « La guerre de Troie n’aura pas lieu, Cassandre »[2] ce sont là les propos d’Andromaque qui dans la scène première de l’acte I, lance déjà le débat au sujet de cette guerre. La réplique de Cassandre ; « Je te tiens un pari, Andromaque »[3], nous montre à quel point l’auteur banalise la guerre ce sujet tant sensible à cette époque. C’est le premier thème mais aussi le dernier traité dans la pièce. Les deux aspects de la guerre sont Hélène, qui doit être rendu aux Grecs et la fermeture des portes du temple de la guerre. La Paix qui est faible et malade est un des éléments qui nous fait comprendre que la guerre est proche. La guerre succède à la paix de manière inévitable et Giraudoux à travers cette pièce veut faire réfléchir les spectateurs de son époque au contexte politique. Il y a la montée du nationalisme en 1935 et la menace d’une deuxième guerre mondiale pèse. La première guerre était surnommé « la der des ders » pour montrer qu’on espérait qu’elle serait la dernière. Jean Giraudoux va réactualiser l’épopée homérique afin de mettre en relief la problématique de la guerre et de la paix, qui correspond à l’une des grandes questions des années trente. Dans l’Iliade, Homère raconte la guerre, jusqu’à la chute de Troie. Au XXe siècle, l’affirmation négative du titre, « La Guerre de Troie n’aura pas lieu » traduit la volonté de Giraudoux de lutter contre toutes les forces qui poussent à la guerre.
Les personnages symbolisent les deux forces opposés : les bellicistes et les pacifistes. Le conflit entre les bellicistes et les pacifistes est au cœur de la pièce giralducien. Les bellicistes sont plus nombreux et sont représentés par : Pâris, Priam, les vieillards dont Demokos et le géomètre, les prêtres, Oiax et Aphrodite. L’auteur attaque avec un humour féroce les bellicistes de tous ordres, qu’ils soient poètes ou juristes, les exploiteurs de l'héroïsme et les défenseurs d’un prétendu honneur national et fait de sa pièce une démystification de la guerre. Les bellicistes et les pacifistes se contredisent avec leur propos au sujet de la paix et de la guerre. Les bellicistes mettent en avant une image pessimiste de la paix. Priam pense que la paix représente une forme de dépravation et une source de culpabilité, parce qu’elle fait des hommes des êtres “ veules, inoccupés et fuyants". Qu’elle décourage les guerriers, qui doivent au contraire témoigner de leur vigueur et leur zèle en combattant pour la défense de leur patrie[4]. Dans la scène V de l’acte II, Priam dénonce la paix comme un poison susceptible de mettre Troie en danger « Hector, songe que jeter aujourd’hui le mot “paix” dans la ville est aussi coupable que d’y jeter un poison ».[5] Il veut faire comprendre à Hector que parler de la paix au peuple c’est les donner de faux espoir. Le destin des hommes est déjà écrit, car la guerre aura lieu. Les bellicistes représentent une image euphorique de la guerre. Pour eux, la guerre est un parcours qui mène vers l’immortalité. La guerre transforme les hommes en véritables héros, et correspond à la forme suprême du patriotisme, comme le dit Demokos «La lâcheté est de ne pas préférer à toute mort la mort pour son pays».
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