Question sur corpus - l'Altérité
Dissertation : Question sur corpus - l'Altérité. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ecojard • 3 Janvier 2019 • Dissertation • 647 Mots (3 Pages) • 744 Vues
Introduction
La littérature dispose de moyens très variés pour faire réfléchir le lecteur sur lui-même et l’Autre. Tantôt un écrivain part de son expérience vécue comme l’humaniste ethnologue Jean de Lery qui, au XVIe siècle, relate dans Histoire d’un voyage fait en terre de Brésil les rencontres uniques qu’il y a fait ; tantôt il invente des fictions qui suscitent la réflexion : Montesquieu, au siècle des Lumières, met en scène, dans son roman épistolaire les Lettres Persanes, les observations de deux Perses venus à Paris et Hergé, dans sa bande dessinée Tintin au Congo, relate dans les aventures de son jeune héros une vision dominante sur l’Afrique au moment de l’apogée de l’aventure colonialiste. Quels sont les enjeux du regard posé sur l‘Autre dans ces documents et que relate ce regard sur les hommes et la société ?
I. La confrontation de mondes et de personnages étrangers
Les trois auteurs confrontent deux mondes, le monde des Hommes occidentaux et un « autre » monde, étranger, au mode de vie différent, à l’occasion d’un voyage.
Tantôt c’est un humain (réél ou fictif) qui se rend dans un pays étranger : De Léry s’est envolé vers le Brésil, à la rencontre de la tribu indienne Tupinamba ; dans l’œuvre d’Hergé, Tintin est en mission au Congo où il rencontre des indigènes.
Tantôt au contraire, ce sont des étrangers qui voyagent dans l’Europe civilisée : dans les Lettres Persanes, ce sont deux amis Rica et Usbek– fictifs – qui visitent Paris et échangent leurs impressions entre eux et avec leurs amis restés en Perse.
Ce procédé permet de jeter un regard neuf, naïf et décapant qui souligne l’incohérence des comportements observés : l’influence de la mode, le respect inconditionnel dû au roi (Montesquieu) mais aussi les carcans idéologiques qui poussent à porter des jugements : la nudité dans la culture judéochrétienne (de Léry)… Il s’agit pour ces deux auteurs d’opérer un renversement des clichés et des certitudes, de manière critique chez Montesquieu et de manière humaniste chez de Léry.
En revanche, concernant Hergé, ce regard nous apparait moins critique et plus révélateur de la perception qu’ont de nombreux européens des Africains : dans l’extrait, ils apparaissent naïfs, puérils voire stupides, parlent « petit nègre ». Il s’agit d’un regard plutôt paternaliste sur l’Autre.
Ce décalage du regard incite à la réflexion.
II. Une argumentation plus ou moins directe
Les trois auteurs adoptent des formes de récits très différentes : Un journal par de Léry, récit plutôt argumentatif qui s’adresse directement à son lecteur, des lettres par Montesquieu, récit plutôt descriptif où il s’agit de se feindre étranger à la société où l’on vit pour mettre en exergue des incohérences et derrière se profile indirectemen l’opinion de l’auteur et un récit distrayant sous forme de fiction illustrée.
Mais tous mettent en scène des personnages et des paroles rapportées qui rendent la démonstration vive et efficace.
III. Registres divers et vocabulaires contrastés
De même les auteurs ne recourent pas aux mêmes registres.
Montesquieu et Hergé optent pour un registre plaisant: les descriptions des deux perses font parfois sourire de par leur incongruité (taille de la coiffure ou des talons qui placent les pieds ou le visage au même niveau) et Tintin qui se trouve dans une situation ubuesque. Ce registre tient également à l’exagération et à la tendance caricaturale des situations décrites : architectes obligés d’adapter les constructions à la mode, enfants qui ne reconnaissent plus leur mère (Montesquieu), langage et réactions des africains dans Tintin. Mais De Léry choisit un registre sérieux qui donne de l’authenticité et du poids à son récit.
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