Qu'est ce qu'un bon personnage de roman?

La perception des personnages de roman a connu des changements assez radicaux au cours des siècles : d’abord héroïques aux débuts du roman, ils se sont peu à peu individualisés et et l’auteur se concentre d’avantage sur leur psychologie. Nous remarquons ainsi que les premiers personnages étaient des « héros » (nom qui désigne maintenant les personnages principaux). Mais est-ce qu’un bon personnage doit émerveiller son lecteur?

Nous verrons en premier quels avantages apporte le caractère extraordinaire au roman, notamment dans la fascination qu’il exerce sur le lecteur, puis ce que le personnage banal représente dans un roman, avant de voir comment l’extraordinaire est avant tout une question de points de vue.

L’extraordinaire a toujours exercé une certaine fascination sur le lecteur : ainsi les contes de fées, avec leurs personnages merveilleux, sont considérés comme une richesse de la littérature et captivent immanquablement les enfants. Nous retrouvons ce caractère extraordinaire dans beaucoup de livres de notre époque, et ils sont parmi les ouvrages les plus vendus, notamment chez le public jeune. En effet, l’intrigue de ces livres évolue dans un monde merveilleux, mené par des personnages hors du commun. Ces derniers le sont en divers aspects : ils se distinguent par leurs qualités (courage, force, vertu, divers pouvoirs) et servent ainsi de modèle au lecteur. Nous retrouvons notamment ces personnages dans les livres de « fantasy » qui opposent généralement le bien et le mal : les personnages du « clan du bien » se mettent en devoir de sauver le monde ou simplement une personne aimée et sont généralement dotés de pouvoirs hors du commun. Nous retrouvons, par exemple, ces thèmes dans la fameuse trilogie du « Seigneur des anneaux » de Tolkien, ou encore dans « Narnia » de C.S. Lewis, ainsi que dans les livres de super-héros.

Outre cela, personnage extraordinaire rime souvent avec récit tout aussi extraordinaire. Bien loin d’un roman réaliste, que trop vraisemblable, l’intrigue s’attache généralement à des causes universelles. Souvent, on y retrouve le registre épique, qui étanche la soif d’héroïsme du lecteur, condamné à une vie mondaine et codifiée. Nous retrouvons cet héroïsme dans les épopées, telles « L’iliade » et « L’odyssée » d’Homère, qui mettent en scène des personnages extraordinaires, d’abord par leur nature, puis par leurs exploits. Enfin, créer un personnage extraordinaire laisse une grande liberté à l’auteur, la diversité de ces œuvres en est la preuve.

Ainsi, les personnages extraordinaires exercent une fascination sur le lecteur qui satisfait sa faim de merveilleux. Mais le personnage banal ne présente pas moins d’avantages.

Si l’idée d’un personnage « banal », qui vivrait la même vie de tous les jours que le lecteur peut d’abord sembler sans intérêt, elle présente néanmoins plusieurs avantages, le premier étant que le personnage est, effectivement, tout aussi humain que nous. Cette humanité rassemble donc tous les défauts, qualités et traits de personnalité dans les lesquels le lecteur se reconnaîtra. Plus encore, en voyant un personnage humain confronté aux mêmes soucis de tous les jours il est très probable que le lecteur développe une certaine complicité, rendant ainsi plus poignant tout ce qui arrive au personnage : l’on pense ainsi à la tristesse provoquée dans « L’assommoir » de Zola, ou le lecteur se prend à développer une sympathie pour le couple Coupeau, avant de les voir dégringoler au plus bas de la société.

Outre l’avantage de cette complicité, les personnages

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