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Phèdre, une héroïne tragique

Dissertation : Phèdre, une héroïne tragique. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Septembre 2019  •  Dissertation  •  1 666 Mots (7 Pages)  •  5 833 Vues

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        Le classicisme est un mouvement culturel, esthétique et  artistique apparut en France et dans le reste de l’Europe au cours du XVIIème siècle. Il regroupe toutes les formes d’art de la musique à la peinture en passant par la littérature. Dans cette dernière forme d’expression, les auteurs sont dans une recherche constante de sobriété, de beauté voir même de perfection. Pour arriver à ce résultat, ils s’inspirent de l’antiquité et en particulier des écrits des Anciens, introduisant de ce fait le principe placere et docere – plaire et instruire  dont le principe est de divertir le lecteur, tout en lui inculquant un enseignement, une morale. Ce siècle est également représenté comme „l’âge d’or“ du théâtre, car le roi Louis XIV aimant cet art, il accorde de nombreuses subventions et autres aides financières aux écrivains qu’il apprécie, tels que Molière, Corneille ou le dramaturge Racine. Ce dernier est connu pour ses tragédies, et en particulier pour sa pièce  Phèdre, créée en 1677. Cette œuvre dépeint le combat de l’héroïne et personnage éponyme  face à son destin et à la malédiction héréditaire lancée par Aphrodite à son ascendance. Cependant, dans cette lutte, Phèdre est-elle entièrement innocente de sa destinée, ou provoque-t-elle également une partie des évènements qu’elle subit ? Nous répondrons à cette question en un premier temps en montrant qu’elle „n‘est pas tout à fait coupable“, puis dans un second temps qu‘elle n‘est „ni tout à fait innocente“.

Phèdre est responsable de sa destinée, et elle peut-être considérée comme coupable de ce qui lui arrive.

        En effet, bien que Racine la défende dans sa préface et la décrive comme „un peu moins odieuse que dans les tragédies des Anciens“, Phèdre est un personnage, jaloux et manipulateur. Tout au long des actes elle fait preuve d‘habilité pour être la cible de moins de chefs d‘accusation possible. Ainsi, à la suite de la rumeur de la mort de son mari Thésée, elle convoque son beau fils Hippolyte pour discuter avec lui de succession au trône. Cependant, elle digresse et son discours de supplications se transforme en une logorrhée verbale dans laquelle elle avoue à son vis-à-vis son amour et sa passion pour lui, devant le regard effaré de ce dernier et de sa nourrice Œnone. De plus, lorsque Phèdre est mise au courant de la réapparition de son mari à Trézène, elle choisit comme issue à ses problèmes de mettre fin à ses jours. Cependant Œnone l‘en empêche et lui suggère d‘accuser Hippolyte d‘adultère à sa place. Phèdre accepte, et condamne une première fois celui qu‘elle aime. Puis, alors qu‘elle souhaite annoncer la vérité à Thésée, celui-ci lui apprend l‘amour entre Hippolyte et Aricie. Phèdre, folle de jalousie s’abandonne à cette dernière et décide finalement de se taire et condamne une seconde, et fatale fois son beau-fils.

         De plus, la princesse est coupable car, même si elle est soumise au destin, elle est tout de même maîtresse de ses actes. Effectivement, à plusieurs reprises elle commet des actions imprudentes qui précipitent, et accélèrent sa chute. C‘est ainsi elle qui déclenchera l‘unique péripétie de l’œuvre en convoquant son beau-fils, et en se laissant par la suite engloutir par ses passions lui annonçant de ce fait son amour. C‘est de cette scène d‘aveu que résulteront tous les mensonges et toutes tromperies visant à la protéger, mais également à tenter de conserver un peu de dignité suite à cette confession plus que honteuse et humiliante.

        Enfin, la pièce Phèdre est écrite sur une base de principes fortement inspirés du jansénisme, et dont la personnage éponyme est la parfaite incarnation d‘une des trois concupiscences condamnées par Saint-Augustin, la libido sentiendi. Cette „déviance“ représente la recherche des satisfactions sensuelles, et correspond ici à la passion amoureuse, à la Furor, qui dévore Phèdre. Racine dénonce également ce sentiment dans son avant-propos sous les mots : „les passions n'y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause ; et le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font connaître et haïr la difformité.“

En outre, nous pouvons également remarquer que dans la préface de son œuvre, Racine fait de nombreuse allusions à ses relations avec la communauté janséniste en évoquant „leur piété et  […] leur doctrine“, en leur reprochant d‘avoir condamner le genre tragique.

Ainsi cette représentation d‘une Phèdre n‘est composée presque uniquement que de caractéristiques considérées comme des défauts par la communauté janséniste, ce qui fait de l‘héroïne un personnage forcément immoral, responsable de sa destinée, et par conséquent, coupable.

        Nous avons montré dans la première partie que Phèdre avait effectivement une part de responsabilité dans les événements qui lui arrivent. Toutefois, elle n’est pas à l’origine de tous ses malheurs. Dans cette deuxième partie nous verrons donc de quelles manières Phèdre est également innocente, et non responsable des événements qu’elle subit.

Phèdre est donc également innocente, et n’a aucune influence sur sa destinée.

        Cette dernière est tout d‘abord victime, par son hérédité, d‘une malédiction issue de l’Olympe. En effet, Phèdre est d‘ascendance divine, sa mère Pasiphaé étant fille d‘Hélios, dieu du soleil, et son père Minos étant rattaché au monde des enfers. Elle doit donc à sa mère ce lourd héritage, qu‘est la malédiction lancé par Vénus à Hélios, et déclencheur de cette passion incestueuse chez elle. Héritage auquel elle fera plusieurs fois référence, comme par exemple dans la scène de son aveu à Oenone, mais également dans le troisième acte lors d‘un court monologue. Elle agit en mentionnant sa famille comme étant d’un sang déplorable, ou encore en évoquant directement Vénus, et sa colère envers elle, en maudissant sa malédiction. Phèdre est donc sous l‘influence de ce malheur et ne peut donc pas lutter contre son sang, et est obligée d‘aimer Hippolyte de manière passionnelle et destructrice contre son gré.

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