Pensez-vous que la littérature puisse et doive avoir pour mission d’élever sa voix contre les injustices?
Dissertation : Pensez-vous que la littérature puisse et doive avoir pour mission d’élever sa voix contre les injustices?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ines6976 • 16 Janvier 2021 • Dissertation • 900 Mots (4 Pages) • 2 081 Vues
Pensez-vous que la littérature puisse et doive avoir pour mission d’élever sa voix contre les injustices?
La littérature présente le paradoxe inhérent au fait qu’elle soit à la fois art et langage, de s’inscrire dans une dimension universelle mais aussi actuelle. Nombre de polémiques ont eu lieu, sur la fonction qu’elle devait ounon adopter, d’être utile ou d’être seulement expression artistique, sans autre légitimité que d’exister. Théophile Gautier et les tenants de «l’art pourl’art» allaient jusqu’à refuser toute utilité à la littérature, proclamant que «tout ce qui est utile est laid», tandis que dans un cercle bien proche, un Victor Hugo multipliait les œuvres engagées; Jean-Paul Sartre ira jusqu’à tenir «Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu'ils n'ont pas écrit une ligne pour l'empêcher». C’est pourquoi il est légitime de se demander si la littérature peut et doit avoir pour mission d’élever sa voix contre les injustices.Nous verrons donc si la littérature engagée est efficace et nécessaire.Dans un premier temps, nous verrons qu’elle dispose de ressources qui lui donnent une efficacité toute particulière, avant d’envisager ce que sont aussi ses limites; enfin, nous verrons qu’elle peut avoir une manière propre de s’engager dans la condition humaine, avec un message qui, par son universalité, peut trouver place dans toute actualité.
Il a été souvent jugé nécessaire en littérature d’élever sa voix contre lesinjustices, et cela de manière efficace.En effet, la littérature touche un public particulièrement varié, non
seulement selon ses goûts, mais à travers les lieux et les époques.Lethéâtre, le roman, l’apologue, la poésie sont autant de formes littéraires quià la fois touchent un public très large et très varié, et permettent d’allier ledivertissement ou le plaisir à une réflexion instaurée par l’auteur. Au XVIIesiècle, La Fontaine, sous couvert de fables pour les enfants, critiquait demanière plaisante et piquante la cour ou la société et les comportementshumains en général; le siècle des Lumières a usé encore plus de la diversitédes formes littéraires: les contes philosophiques de Voltaire, aussi bien qued e s p i è c e s c o m m e l eMariage de Figaro de Beaumarchais, queL’Encyclopédie, dénoncèrent des injustices sociales, à chaque fois demanière tout à fait différentes, touchant ainsi des sensibilités différentes.Notons encore que leurs dénonciations de la guerre, du fanatisme, del’intolérance, trouvent un retentissement puissant encore à notre époque: lalittérature porte un message qu’elle peut rendre universel.De plus,la littérature offre une variété de formes qui, en permettant demanier l’implicite ou l’explicite, multiplie les stratégies argumentatives.Unemême idée peut être défendue de différentes manières, soit ostensiblementdans un texte purement argumentatif,comme dans un article deL’Encyclopédie, qui permet au message d’être clair et percutant,soit plusimplicitement, ce qui demande au lecteur une participation plus vive pourcomprendre le message.Candidede Voltaire aussi bien qu’une piècecommeTartuffe de Molière, montrent dans leurs structures même qu’unenseignement peut nécessiter un parcours personnel pour que sondestinataire trouve enfin à y adhérer. Candide est un personnage naïf prêt àcroire le premier enseignement théorique qu’on lui livre, et qui n’apprendravéritablement que de ses expériences; de même, le lecteur est invité àrecevoir le message de Voltaire non par un développement explicite, maisde manière implicite, en suivant le récit des aventures du personnage.Orgon, obnubilé par Tartuffe, ne comprendra jamais le message explicité desa famille, et ne découvrira l’hypocrisie de son hôte que lorsque les siensmettront en place un stratagème qui lui dévoilera implicitement lesmanigances du dévot; la pièce elle-même, sous couvert de divertissement,fait suivre le même chemin au spectateur, qui par l’implicite, apprend à seméfier des mensonges et des faux semblants.Cette variété de stratégiespermet ainsi de toucher le lecteur différemment: ou bien l’auteur peutchoisir de convaincre par des arguments qui font appel à la raison,commedans «Autorité politique» de Dumarsais,ou bien il peut vouloir toucher lelecteur dans sa sensibilité, en utilisant l’ironie ou le rire, qui établissent une
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