Monstre au théâtre
Commentaire de texte : Monstre au théâtre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar audreygrg • 9 Juin 2018 • Commentaire de texte • 4 751 Mots (20 Pages) • 900 Vues
LA N°1 : Médée
Introduction :
Le XVIIème siècle en France voit la réhabilitation du genre, né en Grèce antique, de la tragédie qui devient le genre majeur du « siècle classique ». Sous Louis XIV, les dramaturges considèrent, en effet, la tragédie comme le genre littéraire le plus noble, notamment parce qu’il amène le public à se distraire tout en observant un modèle héroïque, qui va l’amener à se comparer lui-même au héros, pour bénéficier de ses qualités, et se prémunir de ses défauts. Ainsi, dans le cas de Médée, Corneille offre au spectateur le spectacle d’une femme monstrueuse qui renie son rôle de mère, pour se laisser envahir par la haine qu’elle éprouve en tant que femme trompée. En mettant un tel personnage en scène, le dramaturge avertit son public contre toute attitude excessive qui, pourrait s’apparenter à celle de Médée. Dans l’extrait qui nous intéresse, la femme répudiée par Jason a appris qu’elle allait être condamnée à l’exil, et, comble du malheur, que ses enfants allaient lui être arrachés par son époux pour être confiés à sa rivale ! Médée a donc commencé à œuvrer pour sa vengeance, en offrant à Créon et Créuse une robe empoisonnée conçue pour les tuer. Dans la scène 25 de l’acte V, l’héroïne se trouve en plein dilemme et c’est grâce au monologue qu’elle prononce que son choix va pouvoir s’effectuer. Le lecteur peut donc s’interroger sur la manière dont ce monologue délibératif nous montre la transformation inéluctable d’une mère en monstre. Il s’agira en premier lieu de souligner les caractéristiques et les particularités de ce monologue délibératif, avant d’étudier l’ambivalence irréconciliable des sentiments de l’héroïne en proie à un doute extrême, et qui la pousse à la folie. Enfin, nous verrons que l’annonce d’une décision irrévocable donne le sentiment, à travers les paroles de Médée, que l’infanticide est tangible, si ce n’est déjà accompli et qu’elle a donc quitté l’humanité.
- les caractéristiques et les particularités de ce monologue délibératif
a) monologue introspectif
- seule Médée parle
- Longue réplique
- Parle à elle seul et à son sentiment → (l.1) personnification
- Pronom JE → (l.9-10)
- 2 sentiments → (.11-12) parallélisme
- Pronoms possessifs MON, MA → (l.27) personnification
- Elle se bat avec son âme → (l.4)
- Champ lexical des sentiments
b) vengeance
- Elle admet avoir un esprit de vengeance (l.1) → personnification
- Cherche des victimes (l.5-6)
- fait une hypothèse (l.1-7)
- Elle insiste sur la trahison
- Elle veut se venger de Jason car il l’a trahis et qu’il lui enlève ses enfants (l.25) → chiasme
- Esprit de vengeance et pas esprit de justice
- l’ambivalence irréconciliable des sentiments de l’héroïne en proie à un doute
- dilemme
- elle veut tuer ses enfants (l.19-20) → chiasme
- sentiments partagés (l.11-12) → antithèse
- change plusieurs fois d’avis (l.16-19-25-26-28)
- indécision (l.1-4) → anaphore
- diérèse sur passion
- impératif avec loisir (l.21)
- tragédie (l.23)
- réflexion
- elle prend un temps de réflexion (l.1-2)
- champ lexical de la réflexion (l.32)
- les arguments s’opposent en groupe de vers
- série de juxtapositions d’arguments plutôt qu’une confrontation d’arguments
- l’annonce d’une décision irrévocable donne le sentiment, à travers les paroles de Médée, que l’infanticide est tangible, si ce n’est déjà accompli et qu’elle a donc quitté l’humanité
- naissance d’un monstre
- elle se déshumanise et tue ses enfants (l.11-30-31)
- utilisation du futur
- elle pers son humanité (l.14) → parallélisme
- elle a de nombreux changements d’avis (l.29)
- elle veut se venger à tout prix même si pour cela elle doit faire des concessions (l.17)
- elle se pose beaucoup de questions et choisit la vengeance et tue ses enfants
- violence
- veut tuer (l.1)
- elle se destine à tuer (l.13-14) → anaphore
- elle parle au futur car elle sait qu’elle va tuer
- fureur (l.2)
- ses sentiments vont la dépasser
- elle concilie ce qui n’est pas conciliable (l.18) → oxymore
- elle est aveuglée par la colère (l.12)
- oscillation des sentiments violents (l.15-17)
- volonté de laisser parler les esprits (l.25)
Conclusion :
Ce monologue nous permet d’avoir accès aux pensées intérieures de Médée dont on voit qu’elles sont peu à peu guidées d’avantage par ses instincts que par sa raison. Trahis et désireuse de se venger, Médée choisit d’accomplir son destin qui est de tuer ses propres enfants. Ce faisant, elle bascule dans la monstruosité. Nous pouvons penser à Phèdre qui est fait tuer son beau-fils par pure vengeance.
LA N°2 : Rhinocéros
Introduction :
Sous les regards effarés de Béranger en plein désarroi, son ami Jean se métamorphose en rhinocéros ; la contagion commence à s’étendre à toute la société. Dans cette scène burlesque et fantastique, la mutation physique laisse apparaître sur scène un monstre, mi-homme, mi-animal. Cette transformation traduit alors symboliquement l’évaluation du personnage séduit par la morale « rhinocérique » : Jean rejette l’humanisme pour revenir à la loi de la jungle, en invoquant les arguments qui ouvrent la voie à toutes les dictatures. On notera l’importance des « éléments scéniques matériels » pour donner corps à cette transformation. Dans la dramaturgie de Ionesco, en effet, le théâtre est autant visuel qu’auditif : « Tout est permis au théâtre : incarner des personnage, mais aussi matérialiser des angoisses, des présences intérieures. Il est donc non seulement permis, mais recommandé de faire jouer les accessoires, faire vivre les objets, animer les décors, concrétiser les symboles ».
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