Marie de France, entre héritage et nouveauté
Dissertation : Marie de France, entre héritage et nouveauté. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lauranimylo • 30 Avril 2018 • Dissertation • 1 171 Mots (5 Pages) • 822 Vues
Vers la fin du XIIe siècle, sont écrits Les Lais de Marie de France, alors que l´écrivaine française vit en Angleterre, sous la cour du roi. Dans le prologue de son œuvre, écrit en ancien français (ou anglo-normand) sous forme de vers octosyllabiques, Marie présente les raisons qui l´ont poussée à écrire ses lais, ainsi que certaines des intentions qui s´y cachent derrière. On pourrait donc se demander si cette tâche est bien accomplie, en étudiant l´habilité et la rhétorique de Marie de France dans ce court prologue. Dans une société où le système du mécénat soutient les poètes et artistes, ayant besoin de cette protection, l´auteur est-elle assez persuasive pour nous faire lire son œuvre ? Il s´agit ainsi d´analyser les différentes techniques utilisées par la première écrivaine reconnue de langue française, afin de rendre la lecture de ses lais plus compréhensible et de déclencher une curiosité pour cette dernière, avant même d´avoir commencé.
Marie débute son prologue en annonçant le devoir, pour les écrivains, « conteur[s] » (v. 2), ou orateurs, de partager leur talent avec les autres, qu´elle présente comme divin (que « Dieu vous a donné » (v. 1)). Selon l´auteur, le poète a ainsi l´obligation de profiter de son don, et d´exploiter ses capacités à travers l´écriture : « il ne faut pas se taire ni se cacher » (v. 3). Cette maxime sert, pour Marie de France, comme justification première de la rédaction de ses lais. En effet, elle suggère déjà ici une certaine qualité d´écriture. Si elle n´avait aucun talent, elle n´écrirait simplement pas. Cette suggestion, quoique très implicite, est cependant très efficace ; il s´agit pour l´auteur de mettre en valeur ses qualités avec modestie et de donner envie de lire son œuvre, sans pour autant paraitre prétentieuse.
Cette utilisation de la modestie, et notamment de l´éloge, est aussi employée vers la fin du prologue, lorsque l´auteur s´adresse au roi d´Angleterre (probablement Henri II), en réalisant la dédicace de son œuvre. Marie de France utilise ainsi des qualificatifs tels que « noble » (v. 43), « preux et courtois » (v. 44), pour s´adresser au monarque el faciliter le contact entre deux figures d´importance très différente. Elle n´hésite pas à employer également de la flatterie pour atteindre son objectif (« vous dont le cœur donne naissance à toutes les vertus » (v. 46), « vous me remplirez de joie » (v. 52), etc).
La poétesse se focalise par la suite sur l´importance de la littérature (ou l´art d´écrire, puisque ce concept de littérature tel que nous l´entendons aujourd´hui, n´existe toujours pas à l´époque). En emphatisant l´importance des œuvres littéraires, et du partage de la connaissance, elle souligne ainsi la valeur et la nécessité de son œuvre même. Les savoirs que l´on transmet, dit-elle, se développent dans la pensée telle une graine qui pousse (ou des « fleurs [qui] s´épanouissent » (v. 8)).
Par la suite, Marie de France met en avant l´importance de l´exercice de réflexion et d´analyse, en introduisant les préceptes des « Anciens » (v. 9). Ainsi, ces sages de la littérature auraient eu tendance à écrire leurs textes « avec beaucoup d´obscurité » (v. 12), c´est-à-dire en laissant une grande partie à l´interprétation. De cette manière, l´obscurantisme des textes devient un exercice de déchiffrement, permettant aux lecteurs de développer la raison, l´analyse ou encore la critique. Les Anciens partagent également une deuxième hypothèse, qui justifie aussi leur pratique ; et il s´agit de l´idée d´amélioration de l´Homme avec le temps. L´être humain, selon les sages cités par Marie de France (tel que « Priscien » (v. 10), référence qui montre un certain niveau
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