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Marcel Proust / A l’ombre des jeunes filles en fleurs Chapitre 2

Commentaire de texte : Marcel Proust / A l’ombre des jeunes filles en fleurs Chapitre 2. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  3 083 Mots (13 Pages)  •  1 116 Vues

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Commentaire de texte - Nom de pays: le pays

Maylis Espenel

        Marcel Proust est un écrivain français du XXe siècle dont l'œuvre romanesque porte majoritairement une réflexion sur le temps et la mémoire affective. L’auteur nourrit donc ses œuvres de son propre passé et tente de déchiffrer avec vérité la complexité de ses sensations. Aussi, l’amour et la psychologie occupent une place capitale au sein de ses ouvrages. Ainsi, il débute en 1907, l’écriture de son œuvre A la recherche du temps perdu dont les sept tomes sont publiés entre 1913 et 1927. Nous étudierons donc un extrait du chapitre 2 du deuxième tome (A l’ombre des jeunes filles en fleurs) intitulé “Nom de pays : le pays”. Ce passage narre sa rencontre avec une femme : Albertine, lors d’un voyage à Balbec, après l’avoir longtemps imaginée et idéalisée. Proust va aussi réfléchir sur différents sujets tels que la perception de l’autre. Comment les fantasmes du narrateur mènent-ils à la déception après la métamorphose de l’être aimé ? Il semblerait alors pertinent d’analyser dans un premier temps les sentiments partagés de l’auteur. Puis d’étudier la rencontre de l’autre. Pour enfin se demander si la connaissance de l’autre est vraiment possible.

        Premièrement, cet extrait témoigne des sentiments partagés du narrateur sur cette rencontre.

        En effet, celui-ci nous évoque ses sentiments vis-à-vis d’une femme qu’il à longtemps désirée et fantasmée.

Tout d’abord, on relève le champ lexical des sentiments avec les termes “joie” (l.5) ; “crainte anxieuse” (l.6) ; “nous sentir” (l.2) et “je la ressentis” (l.2). Ce lexique des sensations confère une dimension plus réaliste au texte et permet de mieux comprendre ce que traverse le narrateur. On peut aussi relever le lexique du domaine cognitif avec “imagination” (l.18 et 23) ; “la pensée” (l.12) ; “repensé” (l.39 ; “rêvé” (l.48) ; “imaginer” (l.46) démontrant que l’imagination nourrit l’amour du narrateur tout comme son amour fait travailler son imagination. Celui-ci est en fait bercé d’illusions à cause de l’amour. On relève à la ligne 6, l’expression “mais aussi à l’existence d’un certain être (...) que notre crainte anxieuse de ne jamais pouvoir être connus de lui avait grandi”, comportant le groupe nominal “crainte anxieuse”. Celui-ci indique que la rencontre a longtemps été désirée. Cet “être” apparaît alors comme une figure surnaturelle, proche d’un dieu, qui est lui, inatteignable. Ainsi, comme le témoigne la locution verbale “met fin” à la ligne 4 ainsi que l’adjectif “pénibles”, la rencontre de l’autre est une sorte de soulagement pour le narrateur. On note une omniprésence du lexique religieux, du lexique de l’irréel avec “dénaturé” (l.6) ; “une féérie” (l.8) ; “miraculeusement” (l.13) ; “l’incarnation” (l.14) ; “sacramentel” l.8 ; “gratifiés” l.3 et “obtention” (l.4). Ce lexique prouve que notre imagination est capable de beaucoup, voire même d’imaginer ce qui n’existe pas.

        Cependant, le narrateur fait preuve d’un certain pessimisme avant la rencontre et est en effet déçu lorsqu’il voit pour la première fois cette femme qu’il a tant désirée.

Premièrement, on relève la locution adverbiale “en revanche” à la ligne 1, opposant deux propositions antithétiques “la connaissance du plaisir fut ainsi retardée pour moi de quelques heures” (l.1) et “la gravité de cette présentation, je la ressentis tout de suite” (l.1-2). Cette antithèse dévoile les sentiments du narrateur. En effet, il est à la fois pressé de rencontrer la femme qu’il a tant idéalisée et semble aussi prédire l’issue de cette rencontre : c’est-à-dire qu’elle ne soit pas à la hauteur de ses attentes. Le passé simple de premier plan utilisé comme à la ligne 2 “je ressentis” indique que cette crainte est omniprésente et gagne le narrateur avant la rencontre. On peut relever une énumération de termes péjoratifs et pessimistes “errants, mal réglés, désespérés, divergents” (l.11-12) ainsi que l’adverbe “jamais”. Ces termes traduisent une vision de l’amour pessimiste de la part du narrateur avant de rencontrer l’être désiré. Ensuite, on relève l’adjectif “inévitable” (l.45). Celui-ci indique que l’image d’une personne est tellement changeante que l’on sera forcément déçu en la rencontrant car son image ne correspondra pas à ce que l’on avait imaginé. On note aussi la question rhétorique “d’abord comment resterait-elle pareille à elle-même” (l.9-10). Celle-ci indique que le narrateur, bien qu’ayant idéalisé la femme désirée, avait, au fond de lui certaines craintes et celles-ci se confirment lors de la rencontre. Dans l’expression “au moment où notre nom résonne dans la bouche du présentateur (...) celle que nous avons désiré d’approcher s’évanouit” (l.6-7-9), la locution prépositionnelle “au moment où” révèle que dès lors que le narrateur rencontre la femme tant attendue, l’image qu’il s’était construit d’elle est complètement détruite, d’où le verbe “s’évanouit”. Ensuite, la conjonction de coordination “mais” à la ligne 6, met fin à l’idéalisation de la rencontre et établit un contraste entre espérances et réalité. Ainsi, tous les fantasmes du narrateur s’achèvent et il va rencontrer la personne qu’il a tant idéalisée telle qu’elle est et non pas comme il l’avait imaginée. On relève aussi l’adjectif “dénaturé” (l.6), indiquant que la rencontre met fin à tout ce que l’on avait pu imaginer d’une personne, elle met fin aux caractéristiques naturels altérés sur lesquels le narrateur avait fantasmé. On peut aussi noter le champ lexical du regard “les yeux” (l.11) ; “le regard” (l.12) ; “image peinte” (l.13) ; “miroir” (l.13) ; “aveuglant” (l.21) ; “point de vue” (l.35) ; “mire” (l.38) ; “voir” (l.39) ; “vue” (l.40) ; “optique” (l.41) ; “vision” (l.43) ; …En effet, au moment de la rencontre, un sens va prédominer : celui de la vue, car c’est la vue de l’autre qui marque le changement entre l’image idéalisée de celui-ci et la réalité. D’ailleurs, on peut relever l’expression “au fur et à mesure que je me rapprochais de la jeune fille, et la connaissais davantage, cette connaissance se faisait par soustraction” (l.22-23). Celle-ci témoigne de l’importance du visuel dans cette rencontre car c’est la vue qui va, dans un premier temps, anéantir les fantasmes et l’image qu’il s’était faite d’Albertine. Ensuite, les deux adverbes antithétiques “miraculeusement” et “simplement” (l.12-13) traduisent l’immédiateté du changement lors de la rencontre. On note aux lignes 17 et 18, l’adjectif “définitif” ainsi que le pluriel du nom “hypothèses”, ce qui traduit le désir du narrateur de rencontrer l’autre. Ainsi, la rencontre apparaît en quelque sorte comme une expérience qui va soit confirmer une “hypothèse” soit la réfuter. Or, ici, le narrateur fait une généralité et prévoit que la rencontre va complètement détruire ce qu’il avait imaginé. Ensuite, la locution adverbiale “sans doute”, l’adverbe “même” ainsi que la préposition “avant de” (l.18-19) confirment l’idée que même avant de rencontrer Albertine, le narrateur savait déjà que ses craintes seraient confirmées. On note l’expression “une notion qui valait infiniment moins” ainsi que le participe “remplacée” (l.23-24) qui marque le contraste entre les attentes du narrateur et la réalité. Ensuite, on peut relever une comparaison aux lignes 25 et 26, entre la réalité qui n’est pas la même que celle imaginée et un remboursement effectué dans le domaine financier. Encore une fois, cela traduit la déception du narrateur. Ainsi, la rencontre de l’autre fait l’objet d’une réflexion au préalable par le narrateur. Celui-ci est amené à fantasmer et à imaginer l’autre selon ses propres désirs. Cependant, la rencontre de l’autre peut s’avérer décevante car celle-ci marque une rupture entre l’image de l’être aimé imaginée par le narrateur et la réalité.

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