Madame Bovary de Flaubert,

Corrigé du DS

Madame Bovary, 1857, Flaubert, chapitre 7

« Elle songeait quelques fois » → « de longs cordons verts »

Le bovarysme

Le roman Madame Bovary a donné naissance à un type littéraire « le bovarysme » qui présente des individus enclins à rêver le monde qui les entoure et qui se construisent une image illusoire d’eux-mêmes. Ils sont donc voués à une perpétuelle frustration. Flaubert se moque donc allégrement de tous les codes romanesques et amoureux d’Emma qu’elle a tirés des lectures de romans précieux. Ceux-ci mettaient en avant des couples platoniques et idéalisés ne visant pas d’amour physique. Le langage devient pureté et la relation homme-femme codifiée par « la carte du tendre ».

Problématiques :

En quoi le portrait d’Emma Bovary permet à Flaubert de critiquer la vision romantique de l’écriture romanesque ?

Comment ce texte décrit-il le personnage de Mme Bovary comme un personnage réaliste complexe ?

Plan :
I-Un personnage sensible
   a) L’introspection
   b) Les rêveries d’Emma
II –La platitude du réel
   a)Un portrait négatif de Charles
   b)Le mariage bourgeois

I-Un personnage sensible

Le récit souligne le tempérament rêveur et romantique d’Emma, elle est le symbole pour Flaubert d’une éducation basée sur des lectures précieuses sui faussent la réalité du couple et du mariage. Son personnage rêve davantage sa vie plutôt que de la vivre pleinement → bovarysme

1. L’introspection

• Focalisation intérieure : « elle songeait quelquefois […] du bonheur même qu’elle lui donnait » → le lecteur pénètre dans les pensées intimes d’Emma grâce à l’emploi de cette focalisation qui permet d’appréhender ses tourments intérieurs.
• Discours indirect libre : « pour en goûter la douceur » jusqu’à « du bonheur même qu’elle lui donnait » → en supprimant les marques qui annoncent un propos rapporté, la voix du narrateur et celle d’Emma se fondent et permettent au lecteur de se plonger dans l’intériorité de l’héroïne.
• Champ lexical des sens :

• l’ouïe : « noms sonores », « la chanson du postillon », « les clochettes », « le bruit sourd de la cascade ».
• La vue : « stores de soie bleue », « le soleil », « on regarde les étoiles ».
• L’odorat : « on respire […] le parfum des citronniers ».
• Le goût : « pour en goûter la douceur »
• Le toucher : « douceur », « les doigts confondus ».

→ Dans sa rêverie, tous les sens sont sollicités pour rendre son fantasme complet.

Emma est une jeune femme rêveuse et romantique, son caractère a été forgé par ses lectures de jeunesse donnant une vision de l’amour idéalisé. Ses fantasmes englobent l’homme parfait mais également sa vie affective et intime.

1. Les rêveries d’Emma

Emma apparaît comme une femme sensuelle à l’imagination débordante. Dès le début de l’extrait, elle projette ses fantasmes de lune de miel.

• Périphrases vagues : « certains lieux sur la terre devaient produire du bonheur. » → pour Emma, le lieu de sa lune de miel est un endroit fantasmé qu’elle serait bien incapable de localiser. Elle utilise ainsi des expressions vagues et des clichés pour nommer ces lieux imaginaires.
• Juxtaposition : « les chalets suisses », « cottage écossais » → au fil de ses lectures, elle s’est créé une réserve d’images toutes faites à travers laquelle elle se représente désormais la réalité. Elle juxtapose ainsi des images sans lien ni cohérence.
• Evolution des pronoms personnels : le pronom personnel « on » répété tout au long du premier paragraphe : « on monte », « on respire », « on regarde », se mue en « elle » dans le deuxième paragraphe : « que ne pouvait-elle s’accouder ». Emma s’intègre à sa rêverie et s’imagine elle-même accoudée sur un balcon comme une héroïne de roman. Le pouvoir de ces illusions romanesques est tel qu’Emma finit par s’intégrer à sa rêverie. 

Cette pause dans la narration permet d'entrer dans les réflexions du personnage éponyme de madame Bovary. Les fantasmes d'Emma, nourris pas ses lectures enflammées, entraîne de manière logique sa déception dans cet extrait. Confondant les romans et la vie, Emma rêve sa vie au lieu de la vivre et se heurte douloureusement à la platitude du réel.

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