Mémoires d'Hadrien de Yourcenar, 1951, incipit
Commentaire de texte : Mémoires d'Hadrien de Yourcenar, 1951, incipit. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar M_bnz • 14 Mars 2022 • Commentaire de texte • 1 248 Mots (5 Pages) • 1 127 Vues
Texte 1 : Mémoires d’Hadrien, Yourcenar, 1951 (Animula vagula blandula).
Incipit, visite chez son médecin Hermogène.
Introduction.
Marguerite Yourcenar est une autrice du XXe siècle. Elle est initiée très tôt à la littérature, au théâtre, au grec ou encore au latin. Elle porte un intérêt particulier pour l’histoire de la Grèce. Cette fascination est née de ses voyages et, notamment, de sa visite de la villa Adriana, une villa antique bâtie par l’empereur Hadrien au IIe siècle. Dès lors, elle entreprendra un long travail de documentation sur ce personnage, qui aboutira à la rédaction de son roman historique, sous la forme d’une lettre fictive, Mémoires d’Hadrien, publié en 1951. L’extrait dont nous allons parler est l’incipit du roman. Il appartient au premier chapitre, « Petite âme errante, accueillante, petite âme vagabonde et câline ». C’est donc le début de la lettre qu’Hadrien adresse à son successeur Marc Aurèle et dans laquelle le lecteur découvre le personnage. Hadrien est mourant et fait un compte-rendu de sa visite chez son médecin Hermogène. [Lecture] On peut alors se demander comment Yourcenar parvient-elle à intéresser le lecteur au travers de cet incipit ? Nous verrons dans un premier temps comment nous est présentée la déchéance d’un homme puis, dans un second temps, de quelle manière a lieu le retour en force de l’Empereur. Pour cela, nous procèderons grâce à une analyse linéaire progressive de cet extrait.
I- La déchéance de l’homme.
La lettre commence avec la formule d’interpellation « Mon cher Marc ». La lettre n’étant pas adressée directement au lecteur, cela attise sa curiosité. De plus, il n’y a ni date ni lieu, cela apporte une notion d’universalité, le lecteur se sent concerné.
« Je suis descendu ce matin chez mon médecin Hermogène », dans cette première phrase, on retrouve le verbe d’action « descendre » : l’action est ainsi effectuée par l’empereur lui-même, il fait l’effort de se rendre chez son médecin et non l’inverse. C’est une preuve d’humilité, de son égalité face aux autres hommes, donc face au lecteur. Cela permet de nous rapprocher de lui en s’identifiant car le récit s’installe avec une situation simple que l’on a tous déjà vécu.
Dans la proposition indépendante « L’examen devait se faire à jeun », l’empereur se plie aux impératifs médicaux, il doit obéir aux mêmes lois que les autres. Cela désacralise l’empereur et crée une proximité avec le lecteur.
Cette idée est reprise avec « nous avions pris rendez-vous » : il s’efface derrière l’autorité médicale.
Ces deux propositions indépendantes sont juxtaposées, par « : », ce qui marque la volonté de neutralité, d’objectivité. Cette simplicité de la syntaxe traduit un
raisonnement clair, droit et concis. Cette froideur chez Hadrien peut surprendre le lecteur car il ne cherche pas à se valoriser mais bien à se montrer tel qu’il est vraiment.
Dans la phrase « après m’être dépouillé de mon manteau », le participe passé « dépouillé » évoque sa vulnérabilité.
Les expressions « Je suis descendu ce matin chez mon médecin », « Je me suis couché sur un lit » sont révélatrices de sa faiblesse en renforçant cette idée de déchéance.
L’énumération de verbes d’action « j’ai toussé, respiré et retenu mon souffle » mime son agonie.
La phrase simple « Il est difficile de rester empereur en présence d’un médecin » est à la tournure impersonnelle et est employée comme une généralité. Cela marque une progression vers le lecteur, Hadrien est d’abord un être humain. C’est également une rupture dans le récit avec cette réflexion à portée générale.
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