Lorenzaccio, Alfred de Musset, Acte I, scène 6
Commentaire de texte : Lorenzaccio, Alfred de Musset, Acte I, scène 6. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar palimpseste • 30 Janvier 2019 • Commentaire de texte • 3 209 Mots (13 Pages) • 4 050 Vues
Acte I scène 6
I. Le personnage de la foule et le caractère individuel dans la conception romantique du drame
1. Parallélisme et variété de la présentation
2. Les personnages féminins
3. Esquisse du personnage de Lorenzo à travers les deux visions: collective et individuelle
II. Émergence du personage de la ville- Florence
1. Sensibilité poétique et art de peindre chez Musset
2. La présence du rêve
3. l’intrigue politique dans la structure du drame, clôture de l’exposition qui "déborde".
Commentaire de texte
V Kolarova
INTRODUCTION
Lorenzaccio s’inscrit dans le genre du drame romantique, théorisé dès 1823 par Stendhal (Racine et Shakespeare), inauguré par Hugo ( avec Cromwell et sa célèbre préface en 1827, en attendant la bataille d’Hernani en 1830) et développé par Dumas père, Vigny et Musset. Ce dernier tient une place à part puisqu’il destinait ses pièces à la lecture et non à la scène, ce qui lui a donné une plus grande liberté dramaturgique.
Ce nouveau genre entend rompre avec le théâtre classique, en transgressant les règles d’unité et en mêlant les registres tragique et comique, le “sublime” et le “grotesque” comme le dit Victor Hugo. En puisant le sujet des intrigues dans l’histoire récente, le drame romantique met en scène un individu en conflit avec la société et souvent victime de ses propres contradictions. Ainsi, Lorenzaccio a lieu en 1537, à Florence où règne en tyran le duc Alexandre de Médicis, tandis que la famille Strozzi tente d’organiser une conspiration républicaine. Ce contexte n’est pas sans rappeler celui de la France des années 1830. Le héros, Lorenzo de Médicis, s’affiche comme le compagnon de débauche du duc mais prévoit secrètement de tuer celui-ci par fidélité à son idéal originel de pureté.
I. Le personnage de la foule et le caractère individuel dans la conception romantique du drame
1. Parallélisme et variété de la présentation
L’action de la pièce est extrêmement complexe imprégnée des couleurs locales florentines, ayant pu fortement impressionner Musset et ainsi faire baigner l’ensemble du drame dans une rêverie inhabituelle et fabuleuse.
L’exposition dont fait partie la scène 6 est commune à deux intrigues principales – Lorenzaccio et l’engagement total et celle des républicains Philippe et Pierre Strozzi, la pensée ou l’action. Les autres intrigues concernant l’impuissance du peuple de Florence à travers le portrait des partisans bannis de la liberté et la sensibilité de la marquise ne font que s’esquisser. La scène six fait écho à la précédente qui de son côté est le pendant de la scène 2.C’est comme la scène 5, après un prélude de discussion sur le plan politique et personnel entre deux femmes au pouvoir. La première partie de la scène 5 se mire de façon symétrique dans la deuxième partie de la scène 6. La scène 5 est consacrée à ces grands mouvements de foule qu’affectionne Musset, brosse le tableau de Florence divisée, comme le montrent les conversations des pélerins devant l’église de Saint-Miniato, entre les soutiens du pouvoir et des républicains. Cette variété de la construction à tous les niveaux est conforme à la conception romantique du drame et au caractère mélancolique de Musset valable pour chaque vrai poète. La scène 6 élargit le cadre du mécontentement républicain. Là encore, Musset lie situation individuelle et situation collective: d’une part il met en scène une conversation entre la mère de Lorenzo, Marie Soderini, et sa tante, Catherine, qui déplorent sa lâcheté et sa conduite ambiguë envers les républicains; parallèlement, il brosse une description d’ensemble, et présente en train de quitter Florence ceux qui ont peut-être été bannis sur dénonciation de Lorenzo.
2. Les personnages féminins
Le portrait de la femme et sa nature profonde est présent dans toute sa variété très riche. Ici Musset peint l’être, reste plein de générosité et de fraîcheur, attaché aux vraies valeurs humaines Son cœur n’est peut-être pas celui d’un Médicis; mais, hélas! C’est encore moins celui d’un honnête homme, regrette Catherine, à propos de Lorenzaccio. La tante de Lorenzaccio, Catherine Ginori, c’est l’innocence intacte. Elle ne peut accepter de voir son neveu sombrer dans la déchéance. Elle espère encore une rédemption. Elle a une haute idée de l’être humain et s’étonne de la perversion des sentiments lorsque Marie lui apprend que le cardinal n’aime plus la marquise Cibo.
3. Esquisse du personnage de Lorenzo à travers les deux visions: collective et individuelle
On entend la vieille dame qui déplore dans un langage métaphorisé à plusieurs reprises un rêve évanoui pour son fils: Lorenzo est comparé à une fumée malfaisante. Les comparaisons abondent Le sourire, ce doux épanouissement qui rend la jeunesse semblable aux fleurs pour évoluer en métaphores de plus en plus signifiantes: s’est enfui de ses joues couleur de soufre, pour y laisser grommeler une ironie ignoble, et le mépris de tout ; la souillure de son cœur lui est montée au visage. La mère, c’est l’image de la souffrance résignée. Elle ne cesse d’établir des comparaisons entre l’être pur et idéaliste dont son fils offrait déjà l’exemple, et le débauche qu’il est devenu. La vieille dame dont le personnage représente la mère en pleurs se dédouble est fait fusion avec celui du people, de Florence, sombrant dans la désolation totale: Ah ! ne puis-je voir une fille sans pudeur, un malheureux privé de sa famille, sans que tout cela ne me crie : Tu es la mère de nos malheurs !; Cela est trop cruel d’avoir vécu dans un palais de fées, où murmuraient les cantiques des anges, de s’y être endormie, bercée par son fils, et de se réveiller dans une masure ensanglantée, pleine de débris d’orgie et de restes humains, dans les bras d’un spectre hideux qui vous tue en vous appelant encore du nom de mère.
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