Lettres persanes
Dissertation : Lettres persanes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ikram27190 • 19 Mai 2020 • Dissertation • 1 262 Mots (6 Pages) • 803 Vues
Dissertation lettres persane
Depuis sa parution en 1721, les lettres Persanes connaissent toujours le même succès. Certains l’attribuent à la finesse de l’argumentation, d’autres au « bel esprit », à l’exotisme, à l’intrigue ou encore au procédé du regard éloigné. Pour expliquer la réussite de son œuvre, Montesquieu écrit dans quelques réflexions sur les lettres persanes : « L’auteur s’est donné l’avantage de pouvoir joindre de la philosophie, de la politique et de la morale, à un roman et de lier le tout par une chaine secrète, et en quelques façon inconnu » Et les lecteurs de s’interroger sur cette « chaîne secrète »…le regard éloigné serait-il un des constituants de cette recette « inconnue » qui fait le succès de l’œuvre depuis près de trois siècles ? Après avoir vu comment ce procédé se mettait au service de l’art romanesque pour atteindre le lecteur, nous allons alors étudier la façon dont il s’est servit de l’argumentation sous des angles moraux, politiques et philosophiques. Enfin, nous allons nous intéresser à cette « chaîne » qui, notamment par le biais du regard éloigné, entraine le lecteur dans le questionnement toujours actuel de l’œuvre.
Les propos tenus par les personnages étrangers à nos coutumes sont mis sur le compte de leur culture et l’auteur qui les fait parler ne saurait pas être responsable . Si Usbek dénonce les inconséquences de louis XIV (Lettres 37), son style exagéré sera attribué par les censeurs à l’exubérence persane et non à la satire conduite par l’auteur . Le roman est publié anonyment et le procédé du regard éloigné est un aspect de ce jeu cache-cache qui déroute la censure et réjouit le lecteur appelé à décoder le texte. Mais, les allusions précises , comme celle au dictionnaire de Furetière (lettre 72) sont rares. Montesquieu vise davantage des types, des institutions que des personnes particulières .
Voltaire publie (1759) sous le masque d’un certain Docteur Ralph décédé et la critique mordante est voilée par le regard naif du jeune habitant de Westphalie . Le chapitre 22 fourmille d’allusions à des personnalités parisiennes qe le lecteur contemporain de l’auteur peut reconnaitre. On pense aussi aux personnages éponyme de Zadig (1747) et de l’Ingénu (1767) qui permettent de contourner la censure et d’atteindre le lecteur .
La Perse est à la mode depuis le XVIIe siècle : le Mamamouchi (le bourgeois gentilhomme, 1670) de Molière, la tragédie Bajazet (1672) de Racine. En 1704, Antoine Galland traduit les milles et une nuit et répand la mode des récits orientaux. Les récits de voyage comme celui de Bougainville sont nombreux .
La façon de parler des épistoliers (les mois lunaires par exemple : « la lune de chalval », « de Rhamazan »…), leurs costumes, leurs coutumes (notamment le harem) sont étonnants et séduisants. Le lecteur peut s’exclamer avec les Parisiens « comment peut-on être Persan ? « (fin de la lettre 30) .
Voltaire, en rapportant l’étonnement de Zadig découvrant la cour de Moabar, emploie le même procédé que Montesquieu . On retrouvera cette veine exotique dans la ville royale du « bon pays d’Eldorado » dont Candide et Cacambo, éblouis, découvrent la splendeur orientale . Mais Voltaire se moque des récits exotiques à la mode alors que Montesquieu se contente d’emprunter cette forme séduisante .
Le personnage éloigné qui pose son regard sur notre quotidien ne manque pas d’exprimer une surprise qui va réjouir le lecteur : les mots employés ou les explications manifestent l’étonnement du personnage et provoquent notre propre surprise .
Notre ordinaire parait transformé par le regard des Persans : détails grossis, liaisons logique absentes, dénominations orientales , définitions . On peut citer la lettre 28 ou les loges de théâtres sont prises pour des « scènes muettes , la lettre 73 consacrée à l’académie française (« ce corps a quarante têtes toutes remplies de figures, de métaphores et d’antitèses »), la lettre 88 (« un grand seigneur est un homme)[…] qui a des ancetres, des dettes et des pensions . »)
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